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Le roi saoudien et trois autres dirigeants du Golfe absents du sommet USA-CCG

Le pouvoir de convocation du président américain semble s'être affaibli

Le président américain Barack Obama dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 14 avril 2015 à Washington . (Crédit photo: AFP / MANDEL NGAN)
Le président américain Barack Obama dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 14 avril 2015 à Washington . (Crédit photo: AFP / MANDEL NGAN)

Le roi d’Arabie saoudite et trois autres monarques du Golfe ne participeront pas au sommet entre les États-Unis et le Conseil de coopération du Golfe (CCG), organisé par Barack Obama les 13 et 14 mai pour resserrer les liens avec ces Etats troublés par les négociations USA-Iran.

En l’absence du roi Salmane, la délégation saoudienne sera dirigée par le prince héritier Mohammed ben Nayef et comprendra également le fils du roi et ministre de la Défense, le prince Mohammed ben Salmane, a annoncé le ministre des Affaires étrangères saoudien, Adel al-Jubeir, dans un communiqué publié dimanche par l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington.

Washington et les États du Golfe doivent mettre au point un nouvel ensemble de mesures de sécurité au Proche-Orient.

Six dirigeants du CCG avaient été invités à la Maison Blanche mercredi et devaient participer le lendemain au sommet à la résidence présidentielle de Camp David.

Malgré cette invitation prestigieuse de Barack Obama, seuls deux dirigeants, représentant le Qatar et le Koweït, feront le déplacement à Washington.

L’émir de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, manquera le sommet, et sera remplacé par son héritier, ont annoncé dimanche des sources officielles.

Malade, le sultan d’Oman sera représenté par son vice-Premier ministre. Quant aux Emirats arabes unis, ils seront représentés par le prince héritier d’Abou Dhabi, le cheikh Khalifa étant également souffrant.

Les États-Unis tiennent à rassurer les États du Golfe, inquiets du désengagement croissant de Washington de la région et de l’éventualité que les accords en cours de finalisation avec l’Iran ne permettent à ce pays de se doter de la bombe atomique, des accords décrits par les pays du Golfe comme un pacte avec le diable.

Certains diplomates du Golfe s’inquiètent également en privé de l’influence grandissante de la diplomatie iranienne dans la région.

Les responsables du Golfe pressent les Etats-Unis de leur fournir des armes sophistiquées comme le chasseur F-35, ainsi qu’une clause de sécurité mutuelle face à la menace iranienne.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères a précisé que le roi Salmane serait absent « en raison de la date du sommet, du calendrier du cessez-le-feu au Yémen et de l’inauguration du Centre Roi Salmane pour l’aide humanitaire », selon le communiqué de l’ambassade d’Arabie saoudite.

Adel al-Jubeir « a réaffirmé l’engagement du roi Salmane à rétablir la paix et la sécurité au Yémen et sa volonté de livrer rapidement une aide humanitaire au peuple frère du Yémen », souligne le texte.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a rencontré la semaine dernière à Paris les ministres des Affaires étrangères des Etats du Golfe pour préparer ce sommet, auquel participeront Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.

Ce sommet était « attendu de longue date » selon un diplomate du Golfe. Un responsable américain a confié qu’un des objectifs majeurs de cette rencontre derait la création d’une structure de défense commune dans le Golfe, concernant « l’antiterrorisme, la sécurité maritime, la cybersécurité et les systèmes de défense anti-missiles balistiques ».

Washington et les Etats du Golfe devraient également aborder les conflits en cours en Irak, en Libye et en Syrie.

Le Yémen se rapproche d’une trêve ?

Après plus de six semaines de frappes aériennes saoudiennes destinées à les empêcher de conquérir l’ensemble du Yémen, les insurgés chiites Houthis, soutenus par l’Iran, ont déclaré qu’ils réagiraient « positivement » aux efforts de cessez-le-feu. Des militaires, partisans de l’ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh et alliés aux Houthis, ont quant à eux accepté le cessez-le-feu.

Ryad a proposé une trêve humanitaire de cinq jours, à partir de mardi à 20h00 GMT, mais l’artillerie saoudienne continuait de pilonner des positions des Houthis après que de nouvelles roquettes eurent blessé quatre civils dimanche sur son territoire, a indiqué la coalition arabe.

L’Arabie saoudite a annoncé que ce cessez-le-feu était soumis à une condition de réciprocité et à ce qu’il ne soit pas exploité par les rebelles pour prendre un avantage militaire.

Le souverain saoudien a longuement justifié la campagne déclenchée le 26 mars au Yémen dans une adresse lue en son nom à La Mecque par son conseiller, le prince Khaled al-Fayçal.

L’opération a empêché « un complot visant à ébranler la sécurité des pays de la région », agissant pour que le Yémen ne devienne pas « un théâtre pour le terrorisme, la discorde et les luttes internes », a-t-il déclaré.

L’Iran est fermement opposé à l’intervention militaire au Yémen de la coalition rassemblée par Ryad contre la rébellion chiite houthie, à qui Téhéran apporte un soutien logistique et militaire.

Des organisations humanitaires ont indiqué que 70 000 personnes dont 28 000 enfants ont fui dimanche la province de Saada, le fief rebelle des Houthis, dans le nord-ouest du Yémen, sous le feu des bombardements aériens. Dix-sept ONG ont signé un communiqué appelant à un cessez-le-feu immédiat.

La perspective d’un cessez-le-feu prenait corps dimanche au Yémen après des réactions plutôt positives des rebelles Houthis et de leurs alliés à une offre de trêve de l’Arabie saoudite destinée à faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire vitale pour les civils.

La situation devient en effet de plus en plus alarmante dans le pays, notamment à Saada (nord), fief des rebelles chiites, où la coalition menée par Ryad multiplie les raids aériens. Quelque 70.000 personnes, dont 28.000 enfants, fuyaient cette région, selon un communiqué de 17 organisations humanitaires, qui appellent à un cessez-le-feu immédiat et durable.

« De nombreux civils sont pris au piège à Saada car ils sont incapables d’accéder à des moyens de transport en raison de la pénurie de carburant » liée au blocus mis en place par la coalition, a souligné le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU pour le Yémen, Johannes van der Klauuw.

Alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé le 30 avril que la pénurie de carburant l’obligeait à arrêter progressivement ses distributions de nourriture, une première cargaison de fuel -300.000 litres de carburant et d’équipements- a pu accoster samedi au port de Hodeida (ouest) et une deuxième devait arriver dimanche.

L’arrivée de nouveaux navires « va nous permettre d’atteindre des centaines de milliers de personnes ayant un besoin urgent d’aide alimentaire », a annoncé Purnima Kashyap, le directeur du PAM pour le Yémen. « Une plus grande quantité de nourriture et de carburant est attendue dans les prochains jours ».

L’Unicef avait récemment prévenu que si les restrictions continuaient, « elles feraient plus de morts que les balles et les bombes dans les prochains mois » dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.

Plus de 1.400 personnes, dont de nombreux civils, ont été déjà tuées dans le conflit, et au moins 300.000 déplacées, selon l’ONU.

– Une trêve se dessine –

Réagissant à la proposition de trêve humanitaire faite vendredi par l’Arabie saoudite, le bureau politique des rebelles chiites a indiqué dimanche « être prêt à réagir positivement à tout effort, appel ou mesure qui aiderait à mettre fin aux souffrances » de la population.

Des militaires alliés aux Houthis ont quant à eux accepté le cessez-le-feu, après six semaines de raids aériens quotidiens de la coalition destinés à empêcher les rebelles de conquérir l’ensemble du Yémen.

L’appui de ces soldats, partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, a permis aux Houthis, venus du nord du pays, de prendre le contrôle de la capitale Sanaa en janvier, puis de se rapprocher de la grande ville du Sud, Aden, poussant à l’exil le président Abd Rabbo Mansour Hadi le 26 mars.

Ces militaires ont donné leur aval à l’offre de trêve quelques heures après qu’un raid de la coalition arabe a frappé la résidence de l’ex-président Saleh.

Ryad a proposé que le cessez-le-feu prenne effet mardi soir pour cinq jours renouvelables à condition que les rebelles s’engagent à le respecter.

– Tirs de représailles –

Les Houthis comme leurs alliés ont remercié sans les citer des pays « amis » pour leurs efforts de médiation en vue de la trêve. Vendredi, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait « encouragé » l’Iran et la Russie, « pays qui ont le plus d’influence » sur les rebelles à les « pousser » à l’accepter.

Le porte-parole de la coalition, le général saoudien Ahmed al-Assiri, s’est néanmoins montré prudent: « de telles milices ne devraient être jugées que sur leurs actes, pas sur ce qu’elles disent aux médias. Attendons mardi 23h00 », a-t-il dit à l’AFP.

La coalition a mené ces derniers jours un nombre record de raids –plus de 130 de vendredi à samedi– après avoir affirmé que les rebelles avaient franchi « une ligne rouge » avec leurs bombardements qui ont coûté la vie à dix civils en Arabie saoudite la semaine passée.

Dimanche, l’artillerie saoudienne a renouvelé ses tirs contre des positions rebelles dans le nord du Yémen après de nouveaux tirs de roquettes ayant blessé quatre femmes sur son territoire. Les tirs de représailles continueront jusqu’au cessez-le-feu mardi, si les Houthis « poursuivent leurs tirs de roquettes contre nos villes, notre population », a averti le général Assiri.

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