Le soutien américain à Israël « serait complètement différent » sous Trump – Ben Gvir
Le président américain "est occupé à fournir de l'aide humanitaire et du carburant qui vont au Hamas", a déclaré le ministre d'extrême droite au Wall Street Journal
Le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré dimanche au Wall Street Journal qu’Israël aurait reçu davantage de soutien de la part des États-Unis si l’ancien président Donald Trump avait été réélu.
« Au lieu de nous apporter tout son soutien, [le président américain Joe] Biden est affairé à donner de l’aide humanitaire et du carburant [à Gaza], qui vont au Hamas », a affirmé Ben Gvir, ajoutant que « si Trump était au pouvoir, la conduite des États-Unis serait complètement différente ».
Les propos du ministre d’extrême-droite – qui ont ensuite été désavoués par le Premier ministre Benjamin Netanyahu – sont intervenus juste après que le ministre de la Défense Yoav Gallant a publiquement remercié le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et l’administration Biden « pour leurs efforts dans la recherche d’un accord pour le retour des otages, pour leur engagement en faveur de la sécurité d’Israël et pour leur leadership dans le renforcement de la sécurité dans la région du Proche-Orient ».
Depuis l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre, l’administration Biden a accéléré la vente de centaines de millions de dollars de munitions à Israël, en contournant l’examen du Congrès.
Tout en fournissant à Israël des armes et un soutien diplomatique dans sa guerre contre le Hamas, la Maison Blanche a également fait pression sur Jérusalem pour que davantage d’aide parvienne aux habitants de Gaza et envisagerait d’utiliser les livraisons d’armes pour faire pression sur Israël afin qu’il réduise l’intensité de ses opérations dans la bande de Gaza.
Cette approche, associée aux critiques de l’administration à l’égard des appels répétés de Ben Gvir pour qu’Israël encourage « l’émigration volontaire » de la population de la bande de Gaza, a suscité l’ire du ministre, qui a récemment déclaré qu’Israël n’était « pas une étoile de plus dans le drapeau américain ».
Dans son entretien avec le Wall Street Journal, Ben Gvir a déclaré qu’il souhaitait « encourager les habitants de Gaza à émigrer volontairement dans le monde entier » au moyen d’incitations financières. Un certain nombre de députés, dont des membres du cabinet, ont fait pression en faveur de la « réinstallation » des Palestiniens de Gaza, une idée qui a été catégoriquement rejetée par la communauté internationale, qui a averti Israël que le transfert forcé de populations constituait une violation du droit international.
La dernière critique adressée par Ben Gvir à Biden – qui, l’année dernière, avait critiqué les membres du gouvernement israélien comme étant « parmi les plus extrémistes » qu’il ait vus au cours de sa carrière politique – est survenue quelques jours seulement après qu’il a critiqué l’administration pour un décret mettant en œuvre des sanctions contre les résidents d’implantations violents.
« Il est temps pour l’Amérique de repenser sa politique en Judée et en Samarie [la Cisjordanie]. Le président Biden se trompe sur les citoyens de l’État d’Israël et les colons héroïques », a écrit Ben Gvir sur X.
Qualifiant Biden de « pire président que nous ayons eu dans l’histoire du pays », Trump, le candidat républicain présumé à la présidence, a affirmé lors d’un événement de campagne le mois dernier que s’il était encore président des États-Unis, « la Russie n’aurait pas attaqué [l’Ukraine], Israël n’aurait jamais été attaqué. »
« La situation en Ukraine est tellement horrible, la situation en Israël est tellement horrible, ce qui s’est passé. Nous allons les résoudre, nous allons les résoudre très vite », a-t-il promis.
Outre ses commentaires sur Biden, Ben Gvir a également indiqué au quotidien que le Premier ministre Benjamin Netanyahu « est à la croisée des chemins » et qu’il « doit choisir dans quelle direction il ira », précisant toutefois qu’il n’avait pas l’intention de se retirer du gouvernement actuel, en dépit de ses menaces répétées.
S’adressant au cabinet au début de sa réunion hebdomadaire dimanche, Netanyahu a déclaré qu’il n’avait pas « besoin d’aide pour savoir comment naviguer dans nos relations avec les États-Unis et la communauté internationale, tout en tenant prêt pour nos intérêts nationaux ».
Le Premier ministre s’est longuement exprimé sur les liens entre les États-Unis et Israël lors de la réunion du cabinet à Tel Aviv, semblant réagir aux propos du ministre de Ben Gvir sans toutefois le nommer.
« Je tiens à dire, sur la base de ma propre expérience, que l’essentiel est de savoir comment naviguer. Il y a ceux qui disent ‘oui’ à tout, là où il faut dire ‘non’. Ils sont applaudis par la communauté internationale, mais mettent en danger notre sécurité nationale. Et il y a ceux qui disent ‘non’ à tout, qui sont applaudis chez eux, mais qui mettent aussi en danger des intérêts vitaux », a-t-il déclaré, en remerciant l’administration Biden pour son aide.
« En tant qu’État souverain luttant pour son existence et son avenir », a-t-il poursuivi.
« Nous prendrons nos décisions par nous-mêmes, même dans les cas où il n’y a pas d’accord avec nos amis américains. »
Les commentaires du Premier ministre sont survenus après que Ben Gvir a été critiqué par les dirigeants de l’opposition, ainsi que par un proche de Netanyahu.
Le chef de l’opposition Yaïr Lapid et le ministre Benny Gantz ont fustigé le ministre de la Sécurité nationale Ben Gvir pour ses déclarations à l’encontre du président américain.
Gantz a écrit sur X que « les désaccords sont permis, même avec notre plus grand et plus important allié, mais cela devrait intervenir dans les forums pertinents et non dans des déclarations irresponsables dans les médias, qui nuisent aux intérêts stratégiques de l’État d’Israël, à la sécurité du pays et aux efforts de guerre en ce moment ».
Le ministre du cabinet de guerre a ajouté que « le Premier ministre devrait rappeler à l’ordre le ministre de la Sécurité nationale qui, au lieu de s’occuper des questions de sécurité intérieure, cause d’énormes préjudices aux relations étrangères d’Israël ».
Dans une critique implicite de Ben Gvir, le président du Shas, Aryeh Deri – un proche de Netanyahu – a remercié Biden pour sa volonté de payer « un prix personnel et politique pour nous aider ».
« Le peuple d’Israël se souviendra toujours de vous pour vous être tenu prêt avec Israël pendant certaines de nos heures les plus difficiles. Vous et l’Amérique êtes des royaumes de bonté. Même entre amis et alliés, il y a des différences d’opinion », a-t-il écrit en anglais sur X.
« L’interview que Ben Gvir a donnée au Wall Street Journal est un dommage direct à la position internationale d’Israël, un dommage direct à l’effort de guerre, qui nuit à la sécurité d’Israël et qui prouve surtout qu’il ne comprend rien à la diplomatie étrangère », a écrit Lapid sur X.
« Je demanderais [volontiers] au Premier ministre de le retenir, mais Netanyahu n’a aucun contrôle sur les extrémistes de son gouvernement », a ajouté Lapid.
La cheffe sortante du parti Avoda, Merav Michaeli, a également réagi. « Ce que Netanyahu a fait contre Obama et contre Biden sous couvert de leadership, Ben Gvir le fait sous couvert d’être un ‘sale gosse' », a-t-elle écrit sur X.
« Les deux font partie de la ruine que Netanyahu a apportée et continue d’apporter à Israël depuis que lui et Ben Gvir ont incité [à la haine] contre Rabin, et même maintenant ils incitent [à la haine] contre Biden », a-t-elle poursuivi.
Netanyahu a été accusé au fil des ans d’avoir encouragé l’incitation à la haine qui a conduit à l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, tandis que Ben Gvir, qui était adolescent à l’époque de la mort de Rabin, avait été filmé en train de menacer le Premier ministre tout en tenant l’insigne pris sur la voiture de ce dernier.
L’équipe du Times of Israel et Lazar Berman ont contribué à cet article.