Smotrich : « Les implantations à Gaza ne font pas partie des objectifs de la guerre »
Le ministre des Finances répond, suite au tollé suscité par la conférence qui a appelé au rétablissement de peuplements juifs à Gaza, et critique Ben Gvir qui menace de démissionner

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, a déclaré jeudi que le rétablissement des implantations juives dans la bande de Gaza n’était pas l’un des objectifs de la guerre menée actuellement par Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, contredisant ainsi un objectif explicite de son camp politique.
« L’objectif de la guerre n’est pas de renforcer les implantations, mais plutôt de ramener les otages et de détruire le Hamas », a déclaré Smotrich lors d’une interview à la radio de l’armée.
« Nous pensions que ce n’était pas une bonne idée de parler du ‘jour d’après’ parce que c’est un sujet controversé, mais on nous a poussés à le faire. Il n’est pas possible qu’une partie travaille selon ses souhaits sans nous laisser exprimer notre position », a-t-il ajouté, faisant référence à un événement très controversé qui s’est tenu dimanche à Jérusalem, auquel ont participé 12 ministres et 15 membres de la coalition, dont Smotrich, et qui a appelé à la construction d’implantations israéliennes dans la bande de Gaza.
Les images de la conférence ont suscité des réactions négatives sur les réseaux sociaux, les critiques soulignant que les ministres du gouvernement et de la coalition dansaient allègrement alors que la guerre fait toujours rage, que des dizaines de milliers d’Israéliens sont déplacés, que des soldats sont tués de façon presque quotidienne et que 136 otages sont toujours retenus par des terroristes à Gaza.
Elle a également suscité des protestations de la part de la communauté internationale, y compris des États-Unis.
Lors de l’événement, Smotrich a signé ce que l’on a appelé le « Pacte de victoire et de renouvellement de l’implantation », dans lequel les signataires s’engagent à « faire croître des implantations juives pleines de vie » dans la bande de Gaza.

Toutefois, contrairement à d’autres orateurs, Smotrich n’a pas été tout à fait explicite dans son discours concernant la construction des implantations dans la bande de Gaza, se contentant de laisser entendre qu’il soutenait l’idée.
Il a déclaré qu’Israël pouvait soit « fuir une fois de plus le terrorisme », soit « s’installer dans la terre, la contrôler, lutter contre le terrorisme et apporter la sécurité à l’ensemble de l’État d’Israël ».
« Sans implantations, il n’y a pas de sécurité. Et sans sécurité aux frontières d’Israël, il n’y a pas de sécurité dans aucune partie d’Israël. »
« Si Dieu le veut, ensemble nous serons victorieux ; si Dieu le veut, ensemble nous réglerons la question et nous serons victorieux », a conclu le ministre des Finances.
Toujours lors de la conférence, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, chef du parti ultra-nationaliste Otzma Yehudit, a fait valoir que l’évacuation des implantations juives dans la bande de Gaza ne pouvait se faire qu’au prix d’un effort considérable de la part de l’État d’Israël.
« Une partie de la correction de l’erreur, de la reconnaissance du péché de la conception qui nous a conduits au 7 octobre et à l’expulsion [des résidents d’implantations de Gaza en 2005], est le retour à la maison (…). [Nous] retournons à la maison, au Gush Katif et au nord de la Samarie », a déclaré Ben Gvir, faisant également référence à quatre implantations dans le nord de la Cisjordanie qui ont également été évacuées en 2005 dans le cadre du désengagement.
Israël avait démantelé les 21 implantations de Gaza et contraint leurs 8 000 habitants à partir lorsqu’il s’était retiré unilatéralement de la bande de Gaza en 2005, revenant ainsi aux lignes d’avant 1967.
Depuis le début de la guerre, Ben Gvir, qui n’est pas membre du cabinet de guerre, a adopté une ligne dure à l’égard des politiques de guerre du gouvernement. Le ministre a souvent menacé de retirer son parti de la coalition gouvernementale si un accord sur les otages était conclu avec le Hamas, accord qui, selon lui, mettrait en péril la sécurité d’Israël.
Smotrich a également semblé prendre ses distances avec l’approche de Ben Gvir mercredi lors d’une conversation Zoom avec des candidats du parti HaTzionout HaDatit pour les élections municipales, en déclarant qu’il n’aimait pas « les ultimatums et les menaces ».
« Il y a un beau dicton qui dit : ‘Si vous voulez tirer, tirez. Ne parlez pas.’ Sans menaces et sans se comporter comme de petits enfants. Nous devons travailler ensemble. Plus d’actions, moins de paroles. »
« Le Premier ministre connaît les lignes rouges », a-t-il ajouté, faisant référence à un éventuel accord sur les otages. « Nous ne participerons pas à une reddition, ni à un cessez-le-feu ni à des risques importants pour l’État d’Israël. »
Jeremy Sharon a contribué à cet article.