Israël en guerre - Jour 431

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Le transfert de données militaires sensibles volées « à des personnels du bureau du Premier ministre » aurait été « systématique »

Un reportage de Bild qui était consacré à l'un de ces documents constitue encore une menace pour les soldats et pour les otages à Gaza, ayant révélé des sources ; 4 suspects appartiendraient à l'unité de Tsahal chargée d'empêcher les fuites d'informations

Des centaines de milliers d'Israéliens manifestant contre le gouvernement, appelant à la libération immédiate des otages qui sont toujours détenus par le Hamas à Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 septembre 2024. (Crédit : Gili Yaari /Flash90)
Des centaines de milliers d'Israéliens manifestant contre le gouvernement, appelant à la libération immédiate des otages qui sont toujours détenus par le Hamas à Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 septembre 2024. (Crédit : Gili Yaari /Flash90)

Selon les enquêteurs, le vol de renseignements classifiés qui étaient intégrés dans les bases de données de Tsahal et le transfert de ces précieux fichiers à des personnels du bureau du Premier ministre auraient été « systématiques, » a fait savoir un reportage qui a été diffusé lundi. Il a ajouté que la publication de l’un de ces documents dans les médias étrangers avait laissé planer un danger « constant » sur la vie des soldats et sur celle des otages retenus à Gaza.

Citant une source impliquée dans l’enquête qui a témoigné sous couvert d’anonymat, la chaîne d’information N12 a fait savoir qu’un article qui avait été publié dans le journal allemand Bild, au mois de septembre, avait porté atteinte aux capacités de renseignement d’Israël, notamment en « exposant des sources ».

« Ce document qui a été publié et utilisé par le journal a entraîné une atteinte réelle et continue à la sécurité – une atteinte qui met dorénavant quotidiennement en danger la sécurité des soldats de l’armée israélienne dans le cadre de la guerre, et qui nuit à la protection de la vie des otages dans le contexte des négociations consacrées à leur libération », a déclaré la source citée par N12.

La chaîne a indiqué que si le vol de documents sensibles enregistrés dans les bases de données de l’armée israélienne était déjà un fait d’une grande gravité, leur publication avait révélé certaines sources d’information aux ennemis d’Israël. Ces documents auraient été interdits de publication en Israël par la censure militaire, a fait remarquer le reportage.

Le document qui avait été, semble-t-il, remis au journal allemand Bild, qui en avait fait état au mois de septembre, « n’a pas été le seul document » à avoir été pris et transmis « à des membres du personnel du bureau de Netanyahu », a dit la chaîne qui a précisé qu’il y avait « apparemment d’autres documents classifiés » qui avaient été consultés et transférés de la même manière.

Un juge a fait savoir, dimanche, que le principal suspect dans cette affaire était un porte-parole de Netanyahu, Eli Feldstein. Netanyahu ne figure pas sur la liste des personnes soupçonnées.

L’enquête qui est actuellement en cours porte sur « de graves fuites d’informations classifiées relevant de l’Administration des renseignements de Tsahal, des informations qui ont été partagées avec des destinataires non-autorisés », selon N12.

De son côté, le Shin Bet soupçonne qu’une « infrastructure » capable d’accéder à « tous les documents classifiés détenus par les services de renseignement militaire » a été mise en place. Elle aurait « fait sortir – et elle pourrait bien avoir eu l’intention de continuer à le faire – des documents classifiés susceptibles de révéler au grand jour toutes les capacités de l’ensemble de la communauté du renseignement » – c’est-à-dire de l’armée israélienne, du Shin Bet et du Mossad.

La révélation publique de ces documents, en échappant à la censure militaire – comme cela s’est produit avec l’article de Bild – met en danger la vie des soldats de Tsahal de manière constante et elle nuit aux initiatives prises en faveur de la libération des otages, a noté la chaîne N12, ajoutant qu’il s’agissait là des inquiétudes qui avaient été partagées par l’establishment de la Défense et par les enquêteurs impliqués dans cette affaire.

Ce danger permanent pour les soldats et pour les efforts déployés en faveur de la libération des otages « sont au cœur de l’affaire », a noté le reportage. Les investigations, a-t-il ajouté, portent sur certaines interrogations : Que voulaient faire les suspects avec ces documents ? Qui d’autre était au courant de ces transferts ? Qui avait donné les instructions initiales sur ce vol ?

Les investigations avancent, a fait savoir N12.

Un soldat de Tsahal opérant dans la bande de Gaza, dans une image publiée le 1er novembre 2024. (Crédit : armée israélienne)

Ce reportage qui a été diffusé à la télévision a suivi l’arrestation d’un officier de Tsahal, lundi, dans le cadre de l’enquête. Il y a dorénavant cinq suspects dans ce dossier, quatre militaires et Feldstein.

Selon les médias israéliens, les quatre soldats appartiennent tous à une unité de renseignement chargée d’empêcher justement les fuites d’information. L’un d’entre eux a été remis en liberté dimanche, a annoncé Haaretz.

Cette même unité avait été initialement chargée d’enquêter sur les fuites dans les médias étrangers, selon Haaretz, mais l’enquête a finalement été confiée au Shin Bet.

Le document cité par Bild n’avait pas été trouvé par des soldats de l’armée israélienne à Gaza comme on l’avait cru jusqu’à présent, a rapporté lundi la chaîne publique Kann, qui a annoncé qu’il avait été découvert grâce à « un autre genre de renseignement ».

Feldstein a été arrêté au petit matin, dimanche dernier, lors d’un raid de la police. Il est soupçonné d’avoir divulgué à des médias européens, dont Bild, des informations secrètes ayant des implications en matière de sécurité nationale. Sa détention provisoire a encore été prolongée de quarante-huit heures par un juge, dimanche.

Eli Feldstein, porte-parole du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Capture d’écran Kann/used in accordance with clause 27a of the copyright law)

Les médias israéliens ont signalé lundi que Feldstein et un autre suspect dans cette affaire avaient été autorisés à rencontrer leurs avocats pour la toute première fois depuis leur arrestation. Ils ne les ont pas encore rencontrés à l’heure de publication de cet article. Soupçonnés d’avoir commis une atteinte à la sûreté de l’État, les services d’un avocat leur avaient été défendus jusqu’à présent. Les noms des autres suspects, pour leur part, ont été placés sous embargo.

Le document du Hamas qui avait fuité et sur lequel l’article de Bild s’était appuyé semblait montrer que le groupe terroriste palestinien utilisait les négociations portant sur la libération des otages pour mener une sorte de guerre psychologique contre Israël, notamment en exerçant des pressions sur les familles des captifs.

Selon des sources qui ont été citées dans les médias israéliens, le document avait été rédigé par les services de renseignement militaire du Hamas et non par le chef du groupe à l’époque, Yahya Sinwar, qui a depuis été tué par les troupes israéliennes à Gaza. Le reportage qui a été diffusé lundi a indiqué que le document avait été présenté de manière inexacte à la fois dans l’article de Bild et lorsque Netanyahu avait été amené à faire référence à son contenu, y compris au cours d’une réunion du cabinet qui avait eu lieu le 8 septembre.

Un second article paru dans le Jewish Chronicle au début du mois de septembre également – il avait été largement décrié et supprimé par la suite – avait affirmé qu’un document qui avait été découvert par l’armée israélienne à Gaza révélait que Sinwar avait prévu de faire sortir des otages de Gaza en passant par l’Égypte. À l’époque, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, avait officiellement soutenu que Tsahal n’avait jamais eu connaissance de ces informations présumées, qui avaient été à la base de l’article paru dans Chronicle. Pour leur part, les responsables de la Défense avaient déclaré que ces renseignements étaient probablement sans aucun fondement.

Les deux articles avaient été publiés quelques jours après la découverte des corps sans vie de six otages dans un tunnel à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Selon l’armée israélienne, les six otages avaient été retrouvés avec des traces de violences qui semblaient indiquer qu’ils avaient été exécutés un ou deux jours auparavant, au moment où les militaires se rapprochaient de l’endroit où ils étaient conservés en captivité.

Cette découverte des six dépouilles avait mis sérieusement en doute le bien-fondé de la conviction nourrie par certains politiciens qui comptaient sur de telles opérations de sauvetage pour obtenir la libération des otages. Elle avait aussi donné un nouveau coup de fouet aux manifestations qui pressent le gouvernement de finaliser un accord qui permettrait aux captifs encore en vie de recouvrer la liberté – même au prix de l’arrêt de l’offensive militaire en cours dans la bande.

Des Israéliens portant des cercueils symbolisant les otages assassinés par le groupe terroriste du Hamas à Gaza, alors qu’ils manifestent, à Tel Aviv pour la libération des captifs restants, le 5 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le reportage de N12 a cité les propos d’une autre source apportant des précisions : « Ce n’est pas une affaire qui se résume à des fuites. Cette enquête a été ouverte après que des fuites de documents secrets, classifiés, ont été décelées ; des fuites qui sont susceptibles d’avoir grillé des sources. Il s’agit d’un matériel issu des services de renseignement, de contenus sensibles qui ont été volés à l’armée israélienne, transférés de manière illicite et qui ont été utilisés de manière dangereuse, dans un esprit de manipulation ».

Le tribunal de première instance de Rishon Lezion a déclaré dans une décision rendue dimanche que les fuites dans cette affaire risquaient de compromettre les efforts livrés pour obtenir la libération des 97 otages qui avaient été kidnappés par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, et qui se trouvent toujours dans la bande de Gaza. Tous ne sont plus en vie.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant une carte lors d’une conférence de presse dans les bureaux du service de presse du gouvernement à Jérusalem, le 4 septembre 2024. (Crédit : Abir Sultan/Pool via AP)

Les critiques ont fait remarquer que les reportages parus dans le Bild et dans le Jewish Chronicle correspondaient parfaitement aux points de vue défendus par Netanyahu à ce moment-là – le Premier ministre s’efforçait alors de mettre en exergue l’importance d’une des exigences soumises par l’État juif dans le cadre de la négociation d’un accord de cessez-le-feu ouvrant la porte à la remise en liberté des otages : l’impératif, pour les soldats israéliens, de rester déployés à l’intérieur de l’enclave côtière. Netanyahu dénonçait avec force, à cette époque, l’absence d’avancées dans les pourparlers, attribuant la responsabilité de l’impasse au Hamas.

Le Bureau du Premier ministre a dorénavant pris ses distances avec Feldstein qui avait été engagé par le Bureau pour assurer la liaison avec les journalistes militaires après le pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre, et le début de la campagne militaire à Gaza, ont noté les médias israéliens. Il avait été aperçu aux côtés de Netanyahu sur diverses photographies au cours des douze derniers mois.

Feldstein avait travaillé, dans le passé, comme porte-parole du bureau du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, après avoir été officier au sein de l’unité des porte-parole de Tsahal. Selon certains médias, Feldstein avait échoué à un test au détecteur de mensonge et, en conséquence, il n’avait pas pu bénéficier d’une habilitation de sécurité.

Le porte-parole Eli Feldstein lors d’un événement avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la guerre entre Israël et le Hamas (Armée israélienne)

Le média Ynet a signalé, dimanche que les enquêteurs examinaient actuellement quatre points distincts dans ce dossier : la fuite de documents top secrets ; l’autorisation donnée à un conseiller sans habilitation de sécurité d’accéder à des réunions et à des locaux qui auraient dû lui être interdits ; la négligence dans la gestion de documents classifiés et l’utilisation de documents susceptibles d’influencer l’opinion publique au sujet des otages.

Certains suspects, dans le cadre de cette enquête, pourraient écoper d’une peine maximale de quinze ans de prison.

Netanyahu demande à la procureure-générale d’enquêter sur des fuites distinctes au sein du cabinet

Parallèlement, Netanyahu a envoyé lundi une lettre à la procureure générale Gali Baharav-Miara, lui demandant d’enquêter sur des fuites d’information survenues suite à des réunions du cabinet tout au long de la guerre.

« Depuis le début de la guerre », a-t-il écrit dans sa missive, « nous avons assisté à un déversement ininterrompu de fuites graves et de révélations portant sur des secrets d’État ».

Netanyahu a ajouté que les fuites provenaient de réunions du cabinet, des rencontres du cabinet de sécurité nationale, des entretiens avec les négociateurs chargés de la question des otages et autres – parfois alors qu’aucun membre du gouvernement n’était présent.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) lors du Conseil des ministres à Jérusalem, le 1er novembre 2024. (Amos Ben Gershom/GPO) ; La procureure générale Gali Baharav-Miara lors de la cérémonie d’adieu au président par intérim de la Cour suprême, Uzi Vogelman, à la Cour suprême de Jérusalem, le 1er octobre 2024. (Crédit : Oren Ben Hakoon/POOL)

« Jusqu’à présent », a-t-il continué dans son courrier, « et malgré mes demandes répétées en faveur de l’ouverture d’une enquête sur ces fuites de manière à ce qu’elles cessent, rien n’a été fait ».

Il a affirmé que le chef du Shin Bet, Ronen Bar, lui avait dit samedi qu’il devait y avoir une demande officielle d’enquête, et il a joint une annexe énumérant les fuites qui, selon lui, n’ont pas fait l’objet d’investigations.

Le cabinet du Premier ministre s’est partiellement défendu dans le cadre de l’enquête en cours en déplorant que si certaines fuites n’avaient pas fait l’objet d’une enquête, celles qui étaient susceptibles de nuire au Premier ministre avaient donné lieu à des investigations s’apparentant à de l’acharnement.

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