L’enseignante de Ramle tuée avait préparé des ballons pour ses élèves
Quelques heures avant sa mort, Sharifa Abou Muammar avait souhaité à ses collègues une année "heureuse et bénie"

L’enseignante tuée par une balle perdue lundi, apparemment tirée lors d’un affrontement entre des familles criminelles rivales, venait de terminer ses préparatifs pour l’année scolaire à venir, notamment de décorer sa classe et d’emballer des cadeaux personnalisés pour ses élèves, selon les médias israéliens.
Sharifa Abou Muammar, 30 ans, mère de quatre enfants, a été abattue alors qu’elle étendait du linge, au cours d’une fusillade entre des bandes dans la ville centrale de Ramle.
Elle a été transportée d’urgence dans un état critique au centre médical Yitzhak Shamir, situé à proximité, où les médecins ont prononcé son décès.

Deux heures avant sa mort, Muammar a écrit dans un groupe WhatsApp du personnel de l’école où elle enseignait : « Nouvelle année heureuse et bénie à tous, je vous aime et je vous apprécie.” Auparavant, elle avait préparé une série de ballons dans la salle de classe où elle devait enseigner et avait disposé des paquets adressés à chacun de ses élèves.
Abou Muammar enseignait l’arabe au lycée Dror, un établissement pour jeunes à risque. L’école fusionne l’enseignement conventionnel et la formation technique. La plupart de ses élèves sont des bédouins musulmans issus de communautés défavorisées.
Le réseau scolaire a déclaré dans un communiqué : « Sharifa était coordinatrice sociale à l’école et une éducatrice aimée et chérie pendant les sept dernières années.”
« Sharifa était une enseignante dévouée à son travail, à ses élèves et au personnel, pleine de vie, de créativité et d’initiative », pouvait-on lire dans la déclaration, qui précise qu’elle devait commencer à enseigner à une classe de Première dès la rentrée mardi.
La police a arrêté trois individus mardi matin suite à cet incident, qui ont été placés en détention provisoire au tribunal de première instance de Rishon Letsion.
Les trois individus sont des résidents de Ramle et de la ville adjacente de Lod, âgés de 25, 26 et 30 ans, selon la police israélienne.
Le jeune homme de 26 ans est soupçonné d’avoir tiré le coup de feu tandis que les deux autres sont soupçonnés de l’avoir aidé à s’enfuir par la suite, a rapporté le bulletin d’information de la Douzième chaîne.
L’enquête de police est en cours. Les officiers pensent que l’incident est lié à un triple meurtre commis il y a trois mois près de Lod et à une dispute entre des familles de criminels dans le quartier Jawarish de Ramle.
שריפה אבו מעמר, אם ל-3 ומורה, נורתה למוות בזמן שהכינה הפתעות לתלמידים לשנה החדשה. מזעזע ומצמרר.
החברה הערבית הפכה זירה מדממת, הממשלה ממשיכה עם הסחבת וההתעלמות, ואנו סופרים עוד ועוד גופות.
מה עוד צריך לקרות כדי שתגובש ותתוקצב תכנית מקיפה וממשית למיגור האלימות והפשיעה בחברה הערבית? pic.twitter.com/89Yo4YgMGJ— Yousef Jabareen (@DrJabareen) September 1, 2020
Le député Youssef Jabareen, du parti à majorité arabe Liste arabe unie, a tweeté que la société arabe était devenue « une arène sanglante, le gouvernement continue à tergiverser et à ignorer, et nous comptons de plus en plus de cadavres ».
Il a appelé au financement d’un programme pour contrer la violence et le crime dans la société arabe.
Abou Muammar est la 56e victime de meurtre parmi les Arabes israéliens cette année. Alors qu’en 2019 violence a atteint des records dans les villes et villages arabes, 2020 semble être encore plus sanglante.
Les députés et les activistes arabes affirment que la violence découle d’une négligence délibérée de la police face à la propagation du crime organisé dans leurs communautés.
« La police dit aujourd’hui qu’elle va réagir en envoyant plus de patrouilles dans la région. Mais il n’y a pas que cela. Il s’agit de la collecte d’armes illégales. Il s’agit de la façon dont même les maires et les membres du conseil municipal arabes se font tirer dessus et menacer par le crime organisé alors que la police ne fait rien », a déclaré Ibrahim Badawiyeh, membre du conseil municipal de Ramle, au Times of Israel.