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Les Israéliens manifestent pour et contre un accord de libération progressive des otages

Des milliers de personnes ont attendu la réponse du Hamas à Tel Aviv ; des centaines d'autres à Jérusalem s'indignaient de la "capitulation" du gouvernement face aux terroristes

  • Des manifestants réclamant la libération d'otages détenus dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 14 janvier 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)
    Des manifestants réclamant la libération d'otages détenus dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 14 janvier 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)
  • Des manifestants protestant contre un éventuel accord pour les otages avec le Hamas, à Jérusalem, le 14 janvier 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
    Des manifestants protestant contre un éventuel accord pour les otages avec le Hamas, à Jérusalem, le 14 janvier 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Les Israéliens sont descendus dans la rue mardi soir pour faire entendre leur voix concernant le nouvel accord de « trêve contre libération d’otages » en cours de négociation avec le groupe terroriste palestinien du Hamas. Des milliers d’entre eux se sont rassemblés pour le soutenir, tandis que des centaines d’autres l’ont dénoncé, estimant qu’il créait de graves dangers pour l’avenir.

Cette semaine, de nombreux responsables ont déclaré qu’un accord visant à mettre fin à quinze mois de guerre était sur le point d’être conclu. Trente-trois otages devraient être libérés au cours de la première phase de 42 jours, en échange d’un retrait partiel d’Israël et de la libération de plusieurs centaines de prisonniers de sécurité palestiniens, dont plus de 150 terroristes purgeant de lourdes peines d’emprisonnement pour avoir assassiné des Israéliens.

L’accord en trois phases devrait permettre de libérer les 98 otages, de mettre fin à la guerre et de reconstruire la bande de Gaza en mettant en place des mécanismes de sécurité pour Israël.

Alors qu’Israël semble approuver le projet d’accord final des médiateurs, des milliers de militants en faveur des otages se sont rassemblés sur la Place des Otages à Tel Aviv mardi soir, dans l’attente pressante de la réponse du Hamas.

La place accueille en effet régulièrement, le mardi, un rassemblement de prières et de chants intitulé « Chanter pour leur retour », auquel participent des musiciens israéliens et qui attire généralement quelques dizaines de personnes.

Cette semaine, la foule était nettement plus nombreuse que les mardis précédents. Des artistes de renom se sont produits et l’ancienne otage Moran Stela Yanaï ainsi que le père de l’otage actuel Yarden Bibas et d’autres membres de sa famille ont participé à l’événement.

Les chanteurs Omer Adam (à droite) et Aviv Geffen se produisant lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 14 janvier 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

La tante de l’otage assassiné Omer Neutra a demandé à l’assistance de réciter ensemble la prière juive « Shema Yisrael », avec un « Amen » retentissant à la fin. Elle a déclaré qu’elle envoyait de la force aux négociateurs, dans l’espoir qu’ils ramènent tous les otages restants à la maison.

Le chanteur de soul Evyatar Banai a ensuite interprété sa chanson de 1997 « I’ve got a chance », en insistant sur le vers : « J’ai une chance d’être sauvé ».

Les chanteurs populaires Aviv Geffen – associé à la gauche – et Omer Adam – associé à la droite – se sont produits ensemble.

« Omer et moi sommes ici ce soir pour dire qu’il n’y a pas de différences entre nous, pas d’Israéliens religieux ou laïcs, pas d’Ashkénazes ou de Séfaradim, il n’y a que la nation d’Israël, la nation juive, qui prie pour que les otages rentrent chez eux. C’est notre prière », a déclaré Geffen.

Yanaï, qui a survécu à la captivité, a décrit sa libération dans le cadre de l’accord de trêve de novembre 2023, 54 jours après avoir été enlevée au festival de musique Nova, dans la région de Reïm, lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre.

« Le 49ᵉ jour, après des semaines d’obscurité, ils m’ont fait porter un costume. Il y avait deux filles avec moi », a-t-elle déclaré.

« Ils nous ont emmenées au point d’échange, où le Hamas a remis les otages à la Croix-Rouge. »

« Juste là, à un pas de la liberté, ils m’ont ramenée en arrière », a-t-elle poursuivi.

L’otage libérée Moran Stela Yanaï s’exprimant lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 14 janvier 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Les deux filles ont continué, et j’ai été laissée derrière… en enfer. »

« Cette nuit-là a été la plus longue de ma vie », a-t-elle déclaré.

« Je les imaginais en train de toucher le monde extérieur, de manger un bon fruit, de boire de l’eau fraîche, de faire ce qu’elles voulaient. C’était ma lumière dans l’obscurité. »

« Mais quel espoir peut avoir une personne après 466 jours ? », a-t-elle demandé.

« J’ai vu l’horreur, la peur, et j’ai compris quelque chose de simple : personne ne devrait être entraîné dans les ténèbres un instant avant la lumière. »

« Aucun d’entre eux ne peut rester là-bas. Ce n’est pas une question de stratégie ou d’idéologie. C’est une question d’humanité et chacun d’entre eux doit revenir, jusqu’au dernier otage », a-t-elle déclaré.

Elle s’est également exprimée en anglais, à l’adresse de la communauté internationale pour qu’elle aide à ramener les otages chez eux.

« Il s’agit de nos enfants, de nos parents, de nos frères et sœurs, de personnes qui ont des rêves, des espoirs et des proches qui attendent leur retour avec impatience », a-t-elle déclaré.

Des manifestants bloquant l’entrée de Jérusalem, lors d’une protestation contre le projet d’accord pour les otages avec le Hamas, le 14 janvier 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« Prouvez que la compassion peut l’emporter sur le désespoir. »

Parallèlement, à Jérusalem, des centaines de manifestants de droite ont marché jusqu’au bureau du Premier ministre. Ils ont ensuite bloqué plusieurs intersections principales, en signe d’opposition à la proposition d’accord pour les otages qui est actuellement sur la table.

La « manifestation d’urgence » a été organisée par le Forum Gvura (Héroïsme), un groupe de droite composé de familles de soldats tués, dans le sillage des pourparlers entre Israël et le Hamas, qui progressent rapidement.

Les familles et leurs sympathisants ont exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à faire marche arrière et à poursuivre l’offensive militaire en cours.

« Nous demandons au Premier ministre de ne pas céder à cet accord… un accord qui libérera des milliers de terroristes ayant du sang sur les mains », a déclaré un organisateur par mégaphone.

« Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas. Vous n’avez pas de mandat pour vous rendre au Hamas. »

Les familles ont pris la tête de la marche aux côtés du député Amit Halevi (Likud).

« Nous marchons pour donner à notre Premier ministre la force de réussir », a déclaré l’un des organisateurs.

Avant que le cortège ne se mette en route pour le bureau du Premier ministre, le rabbin Shlomo Yosef Weitzen, un père endeuillé de l’implantation de Psagot en Cisjordanie, a rappelé l’éloge funèbre qu’il avait prononcé pour son fils, tombé au combat le 7 octobre.

« Quatre jours après Simchat Torah, nous avons eu le privilège d’enterrer Amichaï dans la forêt des martyrs sur le mont Herzl, et sur la tombe d’Amichaï, j’ai dit ‘nous prenons sur nous de ne pas mener de négociations avec les terroristes’ », a-t-il raconté.

Il a ensuite décrit la guerre actuelle d’Israël contre le Hamas comme une « lutte entre le bien et le mal ».

« Lorsque vous avez un ennemi qui vous fait du mal, vous l’assiégez. Vous ne devez rien faire d’autre que cela. Alors, peut-être que l’ennemi comprendra, se mettra à genoux et nous suppliera de nous rendre nos otages », a-t-il déclaré sous des applaudissements nourris.

Un manifestant de droite brandissant une pancarte sur laquelle on peut lire : « Vous n’avez pas le mandat de vous rendre au Hamas », lors d’une manifestation contre l’accord pour les otages, à Jérusalem, le 14 janvier 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Près du bureau du Premier ministre, des membres des familles des soldats tués ont pris la parole devant la foule. Amitaï, le frère du soldat tué Elkanah Wiesel, s’est adressé à Netanyahu.

« Je me souviens, comme si c’était hier, de l’une de vos premières [conférences de presse] au début de la guerre. Vous aviez qualifié cette guerre de guerre entre les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres », a-t-il rappelé.

« Je vous demande aujourd’hui, Monsieur le Premier ministre, ce qu’il est advenu des enfants de la lumière et des enfants des ténèbres. Quelque chose a-t-il changé pour que vous commenciez à parler avec les enfants des ténèbres ? »

Plus tard dans la soirée, des centaines de manifestants ont bloqué un carrefour dans le centre-ville de Jérusalem pour protester contre les négociations en cours. La circulation a été temporairement bloquée dans les deux sens, avant que la police ne libère la route sans trop de difficultés.

« Un terroriste libéré sera le meurtrier de demain », ont scandé les manifestants, dont certains étaient assis sur le trottoir. La plupart des participants sont issus de la communauté religieuse sioniste d’Israël, les hommes portant des kippot et les femmes des couvre-chefs.

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