Israël en guerre - Jour 588

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Les olims français devront « comme les autres » abandonner la nationalité israélienne

La chef de l’extrême-droite a annoncé que la bi-nationalité avec un pays hors de l’Europe sera interdite dans le cadre de son programme d’immigration, à l’exception de la Russie

Ricky Ben-David est journaliste au Times of Israël

Marine Le Pen à l'émission 'L'émission politique' sur France 2, le 9 février 2017 (Crédit : capture d'écran France TVInfo)
Marine Le Pen à l'émission 'L'émission politique' sur France 2, le 9 février 2017 (Crédit : capture d'écran France TVInfo)

La chef de l’extrême-droite et candidate à la présidentielle Marine Le Pen s’est exprimée jeudi sur la double-nationalité avec des pays non-européens dans le cadre de son programme sur l’immigration, et a annoncé que les juifs franco-israéliens seront eux aussi contraints de renoncer à leur nationalité israélienne, s’ils veulent garder leur nationalité française.

Dans un entretien de deux heures, Le Pen s’est montrée plutôt vague sur son programme qui ne fait pas état de chiffres ou de mesures concrètes. Ses détracteurs lui reprochent son manque de cohérence, de sens des réalités et de rester toujours vague quand on lui demande de donner des .

La chef du Front National et candidate à la présidentielle de ce printemps, a entre autres été interrogée sur la question de la bi-nationalité à laquelle elle s’oppose, et a déclaré sur France 2 : « Israël n’est pas un pays européen. Je crois d’ailleurs que même Israël accepte de le dire et de le penser ».

Puis elle a haussé le ton, et a ajouté « pardonnez-moi […] mais eux et les autres. C’est aux Israéliens que je demande de choisir leur nationalité. Ça ne veut pas dire d’ailleurs que s’ils ne choisissent pas la nationalité française, ils devront partir de France. La France a parfaitement la possibilité d’accueillir sur son sol d’ailleurs y compris pour un temps long des gens qui sont étrangers, qui gardent la nationalité étrangère, pour peu, bien sur, et ça je parle pour l’ensemble, pour peu qu’ils respectent les lois françaises, qu’ils respectent les valeurs françaises car c’est bien souvent l’un des problèmes en matière d’immigration. C’est pas vraiment un problème avec Israël sur ce sujet. »

Natan Sharansky (gauche) et Ariel Kandel à Paris (Crédit : JTA/Alain Azria)
Natan Sharansky (gauche) et Ariel Kandel à Paris (Crédit : JTA/Alain Azria)

« Ce sont des propos inacceptables pour les juifs de France. Ils marquent une étape supplémentaire dans la volonté de Marine Le Pen de détruire l’identité des juifs de France qui est liée à la fois au judaïsme et à leurs relations avec Israël », a déclaré à l’AFP, Ariel Kandel, dirigeant de Qualita qui chapeaute une vingtaine d’organisations francophones en Israël.

« La perspective que les juifs ne puissent plus à l’avenir jouir de manière apaisée de leur identité à la fois juive et sioniste est de plus inquiétante », a-t-il déploré.

Contactés par l’AFP, les porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères et de l’Agence juive (organisme paragouvernemental chargé de l’immigration en Israël) n’avaient pas réagi vendredi après-midi aux déclarations de Mme Le Pen.

Le Pen a toujours défendu un programme très strict au regard de l’immigration, dont elle juge les lois actuelles « trop généreuses ».

On estime que des milliers de juifs français détiennent la nationalité israélienne, étant donné l’augmentation radicale de l’immigration de juifs de France, dans le contexte d’un antisémitisme croissant, d’une vague d’attaques terroristes par des groupes islamiques, et notamment par l’État islamique.

Durant les années 2000, Israël a accueilli près de 2 000 juifs français par an. Mais dès 2013, l’immigration du pays – qui compte 500 000 juifs – a grimpé à 3 000, puis à 5 000 l’année suivante, suivi de 8 000 en 2015 et 5 000 l’an dernier.

Le lien avec la Russie

Dans son interview sur France 2, Le Pen a fait état d’une exception dans son programme sur l’immigration au sujet de la double nationalité extra-européenne, elle a affirmé : « Je veux l’Europe des nations et que dans le cadre de cette Europe des nations, je pense que la Russie a sa place. Donc vous voyez, je ne veux pas d’une Europe recroquevillée. Je veux une grande, précisément, Europe des nations libres et souveraines. »

Ces propos ont fait sourciller en France et dans le monde entier. Des responsables du renseignent français ont évoqué leur inquiétude, concernant une éventuelle tentative de trucage de la part de la Russie pour l’aider à remporter cette élection.

Selon les sondages, Marine Le Pen pourrait remporter le premier tour des élections d’avril, mais ces sondages indiquent qu’elle se ferait battre par l’ancien banquier centriste Emmanuel Macron au second tour du 7 mai.

« C’est sans doute face à lui que je serais au second tour » avait déclaré Marine Le Pen sur LCP au micro de Frédéric Haziza, le 1er février dernier.

« Emmanuel macron c’est le plus caricatural ! a-t-elle continué. Il est soutenu de manière massive par des gens à qui il a fait des fleurs quand il était ministre, explique la présidente du Front National. Et je pense évidemment à M. Drahi qui est patron d’un groupe de presse très important ». Et d’énumérer les titres, L’Express, Libération, BFM, RMC que son groupe Altice possède et qui « soutiennent »,selon elle, Macron, qualifié de candidat « sous influence » des « grandes puissances financières ».

Pour conclure Marine Le Pen a attrapé à pleine mains la perche que lui tendait Frédéric Haziza, « et de la finance internationale ? ».

« De la finance internationale évidemment ! » a affirmé Marine Le Pen.

Ce dernier a bénéficié des accusations dont fait l’objet le candidat conservateur François Fillion, qui aurait créé des emplois d’assistants parlementaires pour sa femme et ses enfants, avec une rémunération démesurée.

Le Pen avait déjà manifesté son soutien à Poutine et à sa politique. Dans de récentes interviews, elle a décrit l’invasion de la Russie et l’annexion de la Crimée qui s’en est ensuivi comme légitime, en dépit du refus du monde occidental de reconnaitre cette mesure et de la soumettre à des sanctions.

Son parti, le Front National a également reçu un prêt de près de 10 millions d’euros de la part d’une banque russe liée au Kremlin. Le Pen a nié que ce soutien financier n’ait influé sur son soutien à l’égard de la Russie. Elle affirme que le respect qu’elle témoigne à Poutine est bien antérieur à l’octroi de ces fonds.

Les agences du renseignement américain ont évoqué une interférence de la part de la Russie dans les présidentielles américaines de 2016, en faveur du candidat républicain et actuel président, Donald Trump. Ces informations ont donc éveillé des soupçons sur une éventuelle interférence de la Russie dans la présidentielle française.

Le Pen est également une fervente admiratrice de Trump, qu’elle a qualifié de « patriote » dans le cadre de son décret très controversé qui interdit l’accès au territoire américain aux réfugiés et aux ressortissants de 7 pays majoritairement musulmans.

Comme Trump, elle mène une campagne « anti-establishment », dans l’espoir de faire l’objet du même rejet qui a aidé le camp du Brexit à gagner et qui a amené Trump jusqu’à la présidentielle.

Les Juifs français toujours méfiants à l’égard de Le Pen

Au fil des ans, Le Pen a œuvré pour débarrasser le Front National de sa frange antisémite la plus extrémiste, depuis que son père, Jean Marie Le Pen, avait, a plusieurs reprise, qualifié les chambres à gaz de « détail de l’histoire ».

Mais la communauté juive de France reste extrêmement méfiante de Le Pen, et ce malgré les tendances bellicistes qui la caractérisent.

Elle a exprimé son souhait de promouvoir une législation qui interdirait le vêtement religieux dans la sphère publique. Cette initiative est principalement orientée vers la burqa islamique et le niqab, mais elle interdirait également aux juifs le port de la kippa en public.

« Je réclame l’interdiction du voile, et de fait, parce qu’en France tout le monde doit être traité au même niveau, l’interdiction dans l’espace du public de la kippa », avait affirmé Le Pen la semaine dernière dans une interview accordée à la Deuxième chaîne israélienne.

« La situation de danger dans laquelle nos compatriotes juifs vivent aujourd’hui est telle que ceux qui mettent aujourd’hui la kippa sont aujourd’hui une ultra-minorité parce qu’ils ont peur d’être agressés », a-t-elle ajouté.

« Mais je pense que la lutte contre le fondamentalisme islamiste doit être un projet commun », et « je sais que je leur demande un sacrifice ».

Fortement engagée pour la laïcité, Le Pen est également opposée à l’abbattage rituel casher et halal.

L’équipe du Times of Israel et l’AFP ont contribué à cet article.

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