Les sages-femmes israéliennes retrouvent l’espoir en mettant les enfants au monde
Elles évoquent, avec les médecins, l'aide à apporter aux femmes qui donnent la vie au lendemain de l'assaut du 7 octobre - indépendamment de la race, de la nationalité ou de la religion
Les sages-femmes sont habituées à jongler avec toute une gamme d’émotions lorsqu’elles aident une nouvelle vie à venir au monde. Mais rien ne les avait préparées à ce brassage de joie – celle que connaissent les futures ou les nouvelles mamans – et ce sentiment d’horreur profonde et de chagrin qu’elles ont ressenti, le 7 octobre et dans les jours qui ont suivi l’invasion meurtrière du Hamas en Israël. Elles font le même constat chez les femmes qu’elles accompagnent jusqu’à la naissance de leur bébé.
« Quand les sirènes d’alerte aux missiles ont été activées dans notre secteur, nous étions confus, sous le choc. Nous ne savions pas ce qui était en train de se passer », raconte Smadar Buzaglo, sage-femme à l’hôpital Shamir (Assaf Harofeh), dans le centre d’Israël.
Au sein de l’État juif, ce sont des sages-femmes professionnelles qui prennent en charge les naissances quand les grossesses ne présentent pas de complication particulière. Les gynécologues-obstétriciens surveillent le travail de la future maman, interviennent pour une césarienne ou assistent les femmes dont l’accouchement est considéré comme à risque.
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Et ces personnels ont, eux aussi, fait leur travail dans des circonstances sans précédent quand, dans une matinée de Shabbat, le 7 octobre – c’était le jour de la fête de Simhat Torah — des milliers de terroristes sont parvenus à franchir la frontière de la bande de Gaza par voie aérienne, terrestre et maritime. Les hommes armés ont attaqué et détruit plus de 20 villes, kibboutzim et bases militaires sur le sol israélien sous couvert de milliers de tirs de roquette qui ont pris pour cible les villes et les villages de tout le pays.
Les terroristes ont torturé, violé et tué 1 200 Israéliens – ne faisant aucune distinction entre hommes et femmes, nouveau-nés ou nonagénaires – dans leurs habitations, sur les routes et sur le site où se déroulait une rave-party. Jamais une journée n’avait été aussi meurtrière pour la communauté juive mondiale depuis la Shoah.
Des dizaines de personnes sont encore portées-disparues et 240 Israéliens et ressortissants étrangers ont été enlevés et ils sont actuellement retenus en otage dans la bande de Gaza.
Deux sages-femmes et une jeune gynécologue-obstétricienne confient, lors d’un entretien avec le Times of Israel, qu’il a été difficile de maintenir le cap et de calmer les patientes dans le sillage direct du massacre.
« Je ne parvenais pas à retenir mes larmes dans la salle d’accouchement. Une nouvelle vie venait au monde et nous entendions aux informations que des soldats étaient morts, qu’un nombre toujours croissant de personnes avaient été prises en otage. La joie de la naissance se combinait à une douleur immense », raconte Buzaglo qui ne peut retenir ses larmes à l’évocation de ce souvenir.
La docteure Rachel Rappaport et deux sages-femmes, Galit Nachmias et Smadar Buzaglo, nous ont aussi raconté ce qu’elles ont vécu depuis l’assaut barbare du Hamas qui a traumatisé toute la nation.
La docteure Rachel Rappaport : « Des couloirs remplis de lits et de bébés »
Interne en première année en gynécologie obstétrique à l’hôpital Soroka de Beer Sheva, la docteure Rachel Rappaport était chez elle, avec sa famille, dans cette matinée du samedi 7 octobre quand les sirènes d’alerte à la roquette avaient brusquement brisé le calme du Shabbat. Il était évident que quelque chose d’inhabituel était en train de se produire mais, Juive pratiquante, la jeune femme n’avait pas souhaité se tourner vers les médias avant la soirée. C’est là qu’elle avait appris que l’inimaginable s’était produit.
La matinée suivante, elle avait pris le train depuis son domicile de Kiryat Gat – direction Beer Sheva, où elle devait prendre un tour de garde de 26 heures. Étrangement, elle était la seule voyageuse dans son wagon.
Lorsqu’elle était arrivée pour la réunion habituelle qui rassemble les équipes du soir et celles du matin, une réunion qui permet d’assurer la transition entre les personnels ainsi que le suivi des dossiers, elle avait immédiatement remarqué qu’il manquait du monde à l’appel.
« L’atmosphère, dans l’ensemble, était très lourde, sinistre. Les gens pleuraient. Ce climat, on le ressentait dans tout l’hôpital. Il y avait un chagrin palpable », se souvient-elle.
La maternité de l’hôpital Soroka est l’une des plus actives dans le pays avec parfois 50 naissances par jour. En plus des résidents juifs du sud d’Israël, elle est également au service de la population bédouine de la région du Neguev. Alors que de très nombreux patients et employés de l’hôpital vivent dans le sud du pays – notamment aux abords de Gaza – il est difficile, dans ce contexte, de rencontrer quelqu’un qui n’ait pas connu directement ou indirectement une victime des terroristes du Hamas, qu’elle ait été tuée, blessée ou kidnappée.
Rappaport était chargée de s’occuper des femmes hospitalisées dans l’unité prenant en charge les grossesses à risque, dans la nuit de 8 au 9 octobre. Une unité dont les fenêtres surplombent l’héliport de l’établissement hospitalier.
« Les hélicoptères transportant les blessés atterrissaient et repartaient non-stop. On entendait le sifflement des pales des hélicoptères en permanence », dit-elle.
L’atmosphère qui régnait à l’hôpital – c’est le plus grand établissement hospitalier du sud du pays et c’est un centre de traumatologie de niveau 1 – était agitée, confuse, alors que les personnels s’affairaient, inquiets à l’idée de s’occuper au mieux des victimes d’un événement d’une ampleur sans précédent.
La maternité était de la même manière « dans un chaos total », alors que les femmes sur le point d’accoucher, les mères et leurs nouveau-nés étaient relogés dans deux départements contre cinq habituellement.
« Seuls deux départements sont protégés. On essaie de voir si les mères qui viennent d’accoucher vont bien mais les pièces sont surchargées et les couloirs sont remplis de lits et de bébés », explique Rappaport.
Rappaport indique que lorsque les sirènes ont été activées, elle a dû rapidement interrompre les examens médicaux qu’elle était en train d’effectuer et détacher les femmes des moniteurs et divers appareils auxquels elles étaient reliées de manière à pouvoir, avec elles, se mettre en sécurité – car elles n’avaient que 45 secondes pour se mettre à l’abri, ajoute la jeune gynécologue.
« Il y avait évidemment beaucoup de stress qui flottait dans l’air. Ce que je veux dire, c’est que ces femmes étaient sur le point d’avoir un bébé. C’est un moment qui est censé être le plus excitant de toute leur vie mais elles sont également très anxieuses », note-t-elle.
Elle fait aussi remarquer qu’un grand nombre de ces futures mères avaient déjà des enfants chez elles et qu’elles ont dû trouver, en toute hâte, des solutions pour les faire garder en période de guerre. Certaines femmes étaient alitées ; d’autres accouchaient en l’absence de leur époux, rappelé pour le devoir de réserve.
« Ce qui reste formidable quand on travaille ici, c’est qu’à chaque fois qu’on assiste à une naissance, cela offre une petite lueur d’espoir », dit Rappaport.
Galit Nachmias : « La mort de mon fils ne sera pas vaine »
La nuit du 6 au 7 octobre avait été relativement calme pour Galit Nachmias, sage-femme à l’hôpital Soroka. Elle n’avait pas eu besoin de se presser pour faire ses visites, d’une chambre à l’autre, et elle avait pu passer du temps avec chaque patiente.
Parmi ces dernières, deux Palestiniennes – l’une était originaire de Naplouse et l’autre de Bethléem.
« Ces femmes étaient seules, sans leur mari. Je parle un peu arabe et j’ai pu parler avec elles. L’accouchement s’est bien passé pour toutes les deux », raconte Nachmias.
« Je me souviens avoir pensé que des gens comme nous avions le pouvoir de changer le monde. Ce que je veux dire, c’est que je vais bien m’occuper d’elles et qu’elles me le rendront – comme elles le rendront aux autres Israéliens. Je me disais avec beaucoup d’optimisme que de cette manière, le monde deviendrait meilleur », s’exclame-t-elle.
A 6 heures 30, le 7 octobre, Nachmias avait terminé son service. Elle avait amené le dernier bébé à avoir vu le jour, ce matin-là, à la pouponnière. Employée de longue date de l’hôpital Soroka, résidente du moshav Yesha, situé aux abords de Gaza, depuis 15 ans, elle ne s’était pas tout de suite inquiétée du retentissement strident des sirènes d’alerte à la roquette.
« J’ai simplement rapidement amené le bébé dans une zone protégée », dit-elle.
Alors que Nachmias quittait l’hôpital pour rejoindre le parking où sa voiture était stationnée, elle avait eu un appel téléphonique de son mari, l’implorant de ne pas prendre la route. Il lui avait confié que la situation était inhabituelle et qu’il y avait des coups de feu qui se faisaient entendre dans la rue.
« Si je n’avais pas répondu au téléphone, je ne serais jamais arrivée chez moi parce que les terroristes ont tué toutes les personnes qui ont emprunté la route que je prends pour aller et rentrer du travail », explique-t-elle.
Ne comprenant pas encore clairement l’ampleur et la nature des événements qui étaient en train de se dérouler, Nachmias était restée à Beer Sheva, à son dispensaire privé, où elle donne des cours aux futurs parents et où elle prépare les couples désireux de faire naître leur enfant à domicile. Elle était entrée en contact avec l’hôpital, offrant de travailler encore quelques heures, mais il lui avait été répondu de rester là où elle était de manière à pouvoir ultérieurement venir en cas de nécessité.
Elle ignorait alors que son fils de 20 ans, Itai, soldat au sein de l’Unité multidisciplinaire de Tsahal, était en train de combattre les terroristes qui s’étaient infiltrés dans une communauté voisine.
« Itai était revenu à la maison le mercredi précédent, pendant la fête de Souccot. Il avait amené avec lui tout son équipement et son arme personnelle parce qu’il devait prendre part à une formation spéciale de six semaines à partir du dimanche », indique Nachmias.
« Quand il a reçu un message, aux environs de 8 heures du matin, qui demandait à tous ceux qui avaient une arme de venir aider à défendre le moshav contre des terroristes qui s’étaient infiltrés dans la communauté, il a rapidement mis son uniforme, il a pris son arme et il est allé attendre les membres de l’équipe de sécurité civile qu’il devait retrouver au portail du moshav », ajoute-t-elle.
Le mari de Nachmias avait tenté de convaincre son fils de ne pas y aller, lui disant qu’il n’était pas membre de l’équipe de sécurité, qu’il ne connaissait pas les procédures mises en œuvre et qu’il ne relevait pas de sa responsabilité de répondre à l’appel.
« Mais ça a été totalement inutile. Itai a rejoint deux hommes de l’équipe de sécurité de Yesha et ensuite ils ont retrouvé, tous les trois, deux types qui appartenaient au moshav voisin, Mivtachim, », continue Nachmias.
Malheureusement, 20 terroristes les attendaient au centre de Mivtachim, à côté de la synagogue.
« Il y a eu un combat terriblement violent et les quatre membres de l’équipe de sécurité ont été tués. Itai aussi. Les terroristes sont entrés dans l’habitation du coordinateur de la sécurité à Mivtachim ; ils ont volé les clés de son camion, ils ont embarqué tous les morts et les blessés à l’intérieur et ils sont retournés à Gaza à toute vitesse », dit Nachmias.
Une retraite qui a empêché les hommes armés d’attaquer les maisons et les résidents de Yesha et de Mivtachim. Il a fallu néanmoins 24 heures à l’armée pour venir et pour informer les résidents qu’ils pouvaient quitter leur pièce blindée.
L’époux de Nachmias avait fait savoir à sa femme, à 14 heures, qu’Itai était parti se battre contre les terroristes. Il avait finalement été informé que son fils avait été tué. Choisissant d’ignorer tous les dangers, il était sorti pour tenter de retrouver le corps sans vie de son enfant.
« Ensuite il m’a appelé, il était en pleurs. Mon fils aîné et son épouse, qui vivent à Beer Sheva, sont venus me chercher et nous sommes partis pour nous rendre là où avait eu lieu la bataille, pour voir le corps d’Itai », se souvient Nachmias.
Ses funérailles ont eu lieu le 11 octobre, le mercredi suivant. Après la shiva, la période de deuil d’une semaine, Nachmias a repris le travail. Elle parle ouvertement de ce qu’elle a traversé et ses collègues sont là pour l’écouter et pour la soutenir.
« C’est important pour moi de parler, c’est important pour moi de me souvenir de mon fils de manière à ce que lui, à ce que tous les autres qui ont perdu la vie en défendant notre foyer ne soient pas morts en vain », déclare Nachmias.
Les femmes venues accoucher à Soroka savent l’épreuve vécue par la sage-femme. Elle dit avoir été inquiète à l’idée que dans ce contexte particulier, certaines d’entre elles aient plus ne plus souhaiter qu’elle s’occupe d’elles, gênées par ce chagrin indicible d’une mère ayant perdu son fils. Au contraire, les femmes lui ont confié qu’elle leur apportait de la force.
« Je ressens une tristesse immense à chaque heure du jour mais mon travail, c’est de donner la vie. Si je permets au mal de l’emporter, que nous restera-t-il ? », interroge-t-elle.
Smadar Buzaglo : « Des femmes en plein travail ont refusé d’accoucher le 7 octobre »
Les sirènes d’alerte à la roquette qui se sont faites entendre dans la nuit du 27 au 28 octobre ont ramené Smadar Buzaglo à la nuit du 6 au 7 octobre, une nuit qu’elle avait passé à l’hôpital Shamir (Assaf Harofeh) de Beer Yaakov, dans le centre d’Israël.
« Il y avait un sentiment si fort de déjà vu, quelque chose qui me rappelait tellement cette journée maudite, que je me suis sentie dans l’obligation d’écrire une publication à ce sujet sur les réseau sociaux. Et j’ai eu une réponse incroyablement forte de la part des gens, en particulier de la part d’autres sages-femmes – qui se sont particulièrement retrouvées dans mon message », explique-t-elle.
Buzaglo se rappelle que la nuit qui avait précédé le 7 octobre avait été calme et que l’une des femmes venues accoucher était originaire de Lod.
« Elle et son mari étaient de jeunes Arabes et c’était leur premier enfant ; nous avons beaucoup bavardé. Nous avons parlé de Lod, dont je suis moi aussi originaire et qui, quand j’étais petite, était une ville marquée par une réelle coexistence« , déclare-t-elle.
Buzaglo avait fini sa garde à 7 heures du matin – mais elle ressentait une certaine nervosité à l’idée de quitter l’hôpital, avec les sirènes qui ne cessaient de retentir et les informations confuses faisant état d’infiltrations de terroristes. Toutefois, dans la matinée, elle avait finalement décidé de retourner chez elle, à proximité de Modiin.
« Quand je suis arrivée, on m’a avertie qu’une réunion de préparation en direction de tous les professionnels de la médecine et de la santé de ma communauté avait été organisée en urgence. Je m’y suis rendue, même si j’avais travaillé toute la nuit. Je fonctionnais à l’adrénaline », raconte-t-elle.
Le jour suivant, Buzaglo était retournée à l’hôpital. Les femmes enceintes arrivaient « effrayées, troublées et tristes ».
« Elles étaient beaucoup plus stressées et anxieuses que ce n’est le cas habituellement et elles venaient même si elles n’avaient pas de contraction. Certaines se présentaient au département des admissions de la maternité de manière répétée et au lieu de les renvoyer jusqu’à ce que leur travail soit plus avancé, nous leur avons permis de rester de manière à ce qu’elles se sentent en sécurité dans l’établissement, avec nous », dit-elle.
Buzaglo fait remarquer que les femmes suivaient frénétiquement l’effroyable actualité à la télévision – et que leur travail n’avançait pas.
« Elles étaient comme bloquées. Ces informations atroces entraînaient une énergie mauvaise. J’ai dit aux femmes d’éteindre la télévision. Quand elles l’ont fait, elles sont parvenues à garder le cap et le travail a avancé », déclare-t-elle.
Buzaglo dit avoir noté qu’après le 7 octobre, certaines sages-femmes juives sont devenues plus réticentes à l’idée de travailler avec des femmes arabes. En ce qui la concerne, elle déclare rester professionnelle et ne faire aucune discrimination sur la base de la religion, de la nationalité, de la race ou du sexe.
Quand ce sont généralement les bébés qui décident du moment où ils viendront au monde, Buzaglo raconte avoir rencontré des femmes arrivées à Shamir, le week-end du 6 et du 7 octobre, qui ont refusé d’accoucher avant le 8.
« Elles considéraient le 7 octobre comme une journée maudite. Rien que le fait que la période juive de deuil, la shiva, soit liée au chiffre 7, les gêne », déclare-t-elle.
Buzaglo — comme tous les Israéliens – ne savait pas que les sirènes d’alerte qui avaient retenti le 7 octobre allaient changer aussi radicalement sa vie. Elle déclare toutefois qu’aujourd’hui, plus que jamais, les femmes comptent sur les sages-femmes pour les aider à donner la vie dans les meilleures conditions de sécurité et d’harmonie possibles.
« Je leur dis que je suis là pour elle et, en échange, cela me donne la force nécessaire pour continuer à faire mon travail », explique-t-elle.
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