Israël en guerre - Jour 346

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L’Etat envisage la réouverture du procès de Roman Zadorov

Le ministère public pourrait procéder à des tests sur 50 cheveux retrouvés sur la victime, pour déterminer s'ils appartenaient à l'ex-petit-ami d'une autre femme impliquée

Tair Rada. (Capture d'écran YouTube)
Tair Rada. (Capture d'écran YouTube)

Le ministère public israélien a déclaré dimanche qu’il envisageait « un examen détaillé des résultats » de l’affaire du meurtre d’une jeune fille de 13 ans, tuée il y a plus de 10 ans, après qu’il s’est avéré qu’un cheveu trouvé sur le corps de la victime n’appartenait pas à l’homme inculpé pour le meurtre.

Le procureur d’Etat Shai Nitzan a reçu dans son bureau les représentants du département des affaires criminelles du ministère de la Justice, de la police israélienne et de la branche chargée des Enquêtes et du Renseignement, pour discuter des récentes découvertes, qui pourraient potentiellement innocenter l’inculpé.

Roman Zadorov, Israélien originaire d’Ukraine, avait été condamné à la prison à vie pour le meurtre brutal en 2006 de Tair Rada, retrouvée morte dans les toilettes de son école de Katzrin, sur le plateau du Golan. Elle présentait des entailles à la nuque, des blessures à l’arme blanche sur tout le corps et des marques de coups à la tête.

Mais ses avocats, aux côtés de milliers de personnes en Israël, insistent sur le fait que Zadorov a été emprisonné pour un acte qu’il n’a pas commis, et que le véritable assassin est une femme dont le nom a été placé sous embargo par le tribunal, une femme qui souffre d’une pathologie mentale.

Suite à une analyse ADN réalisée par les enquêteurs, l’institut médico-légal Abu Kabir a annoncé jeudi que le cheveu appartenait à l’ex-petit ami de la femme, relançant les spéculations sur l’identité de l’assassin et sur l’éventuelle nécessité d’un nouveau procès pour Zadorov.

L’ex-petit ami, dont le nom est également sous embargo, a été désigné dans les reportages des médias israéliens par les initiales A.H., tandis que la femme a été identifiée sous les initiales O.K.

« Il y a des preuves décisives qui doivent déboucher sur un nouveau procès et l’acquittement de Zadorov », a commenté son avocat, Yoram Halevi, lors d’une conférence de presse diffusée en direct dans les journaux d’informations israéliens.

Les procureurs affirment désormais qu’ils attendront des tests supplémentaires pour décider de la réouverture du procès et « décideront des mesures à prendre si nécessaire ».

La chaîne Hadashot a indiqué samedi soir que cette réunion avait été organisée après que 50 cheveux supplémentaires ont été trouvés, et que les avocats de Zadorov souhaitent le soumettre à des tests.

Ce développement survient quelques jours après que le quotidien Yedioth Ahronoth a fait savoir qu’un témoin a remis sa déposition dimanche dans un commissariat de Nazareth Illit, assurant qu’O.K avait reconnu être à l’origine de la mort de Rada.

O.K. aurait confié à trois personnes avoir assassiné l’adolescente.

Le reportage a également cité un document écrit par un psychiatre qui s’était entretenu en 2014 avec O.K., dans lequel elle affirmait ressentir de fortes pulsions de meurtre. Elle avait indiqué qu’elle parvenait à contenir cette pulsion, mais avec difficulté, et qu’elle avait acheté un couteau et des gants avec l’intention de tuer son voisin.

L’avocat de Roman Zadorov, Yoram Halevi, lors d’une conférence de presse à Tel Aviv, le 25 octobre 2018 (Crédit : Flash90)

Le psychiatre l’avait immédiatement envoyée, contre son gré, à l’hôpital psychiatrique pour une évaluation.

Peu après le meurtre, Zadorov, qui travaillait comme homme d’entretien à l’école à cette époque, avait été arrêté et accusé d’homicide.

Deux semaines après son arrestation, la police avait annoncé que Zadorov avait avoué avoir tué Rada et avait raconté le crime. Mais le lendemain, l’avocat de Zadorov avait indiqué que son client s’était rétracté. Il avait alors déclaré que les aveux et la reconstitution des événements avaient été obtenus sous la contrainte et qu’ils montraient des inexactitudes.

En 2010, près de quatre ans après son arrestation, le parquet de Nazareth l’a condamné à la prison à perpétuité.

En 2015, un panel de trois juges de la Cour suprême avait confirmé la condamnation de Zadorov dans une décision à deux contre un. L’opinion divergente venait du juge Yoram Danziger, pour qui il y avait un doute raisonnablement suffisant pour innocenter Zadorov.

Les appels de Zadorov avaient été rejetés, et la présidente de la Cour suprême de l’époque Miriam Naor avait déclaré que malgré l’intérêt porté par le public à ce dossier, il n’y avait aucune « justification légale » susceptible d’entraîner un nouveau procès.

Une synagogue de Katzrin nommée en mémoire de Tair Rada, tuée en 2006. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

Le bureau du procureur de l’Etat et le ministère de la Justice avaient expliqué dans un communiqué que toutes les preuves contre O.K avaient été minutieusement examinées et qu’elles s’étaient avérées non fiables.

« La véracité de sa version sur son implication dans le meurtre a été écartée, mais il a été décidé qu’il n’y a aucun moyen d’écarter la possibilité qu’elle ait dit à d’autres personnes qu’elle était la meurtrière en raison de la pathologie mentale dont elle souffre. À ce jour, il n’y a aucune nouvelle preuve étayant ses propos », indiquait le communiqué.

Les avocats de la suspecte, Daniel Haklai et Tomer Schwartz, avaient déclaré que la police avait « soigneusement étudié » et réfuté les accusations dont elle faisait l’objet et qu’elle souffrait de schizophrénie.

Une grande partie du débat sur la culpabilité de Zadorov a porté sur le type de couteau utilisé – l’arme du meurtre n’a jamais été retrouvée – et une empreinte de chaussure ensanglantée trouvée sur le jeans de Rada.

Dans ses aveux, Zadorov avait dit qu’il avait lacéré Tada avec un cutter – qui a une lame lisse – alors qu’un expert médico-légal a affirmé que les blessures sur le menton de la victime ont été causées par un couteau dentelé.

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