Libération d’un Américain détenu par les talibans en Afghanistan
Cette libération, qualifiée de "geste de bonne volonté" par le gouvernement taliban, s'inscrit dans un contexte diplomatique marqué par les négociations entre les États-Unis et les talibans, avec le Qatar en médiateur

Un Américain détenu par les talibans pendant plus de deux ans a été libéré jeudi, au terme d’une rare visite de responsables américains auprès du gouvernement taliban à Kaboul.
George Glezmann, ancien mécanicien aéronautique, « est sur le chemin du retour auprès de son épouse Aleksandra », a annoncé dans un communiqué le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, saluant le rôle du Qatar dans cette affaire.
Une source qatarie proche du dossier a indiqué à l’AFP que M. Glezmann passerait d’abord par le pays du Golfe et qu’il était accompagné à bord de l’avion par Adam Boehler, émissaire américain pour les détenus.
Celui-ci a rencontré à Kaboul, plus tôt jeudi, le ministre taliban des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, en compagnie de l’ex-émissaire pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad.
« Aujourd’hui est un grand jour », s’est félicité M. Khalilzad sur X. « Le gouvernement taliban a accepté de libérer (M. Glezmann) dans un geste de bonne volonté envers le président et le peuple américains », a-t-il souligné.
Kaboul a affirmé que la libération de M. Glezmann avait été décidée pour des « motifs humanitaires ».

Il s’agit d’ « un geste de bonne volonté, reflétant la volonté de l’Afghanistan de véritablement engager (le dialogue) avec toutes les parties, en particulier les Etats-Unis d’Amérique, sur la base du respect et des intérêts mutuels », a affirmé le ministère des Affaires étrangères sur X.
En janvier, deux autres Américains qui étaient détenus en Afghanistan, Ryan Corbett et William McKenty, avaient été libérés en échange d’un combattant afghan, Khan Mohammed, condamné pour narco-terrorisme aux Etats-Unis.
Deux semaines plus tard, un ancien soldat canadien, David Lavery, était libéré après plus de deux mois de captivité, lui aussi dans le cadre d’un accord négocié par le Qatar.
Au moins deux Américains détenus
En juillet 2024, Kaboul avait annoncé être en discussion avec Washington pour un « échange » de prisonniers.
Ces discussions avaient eu lieu avec des représentants américains pendant une conférence internationale au Qatar qui réunissait des représentants de l’ONU, les autorités talibanes et des envoyés spéciaux pour l’Afghanistan.
Considérant la libération de M. Glezmann comme une « étape positive et constructive », le secrétaire d’Etat américain a rappelé jeudi que « d’autres Américains » restaient emprisonnés en Afghanistan, sans les identifier.

Fin février, les autorités afghanes ont annoncé détenir une Sino-américaine arrêtée le 1er février dans la province de Bamiyan, haut lieu touristique à l’ouest de Kaboul connu notamment pour ses bouddhas géants dynamités en 2001 par les talibans. Elles refusent toutefois de divulguer les raisons de son arrestation et les conditions de sa détention.
Au moins un autre citoyen américain, Mahmood Habibi, est également détenu.
« Nouveau chapitre »
Après la réélection de Donald Trump, le gouvernement à Kaboul avait dit espérer « un nouveau chapitre » dans les relations bilatérales.
Le président américain avait signé sous son premier mandat un accord de paix avec les talibans.
La visite, jeudi, de responsables américains à Kaboul est la première de représentants de l’administration Trump dans la capitale afghane depuis l’investiture du président en janvier, a précisé à l’AFP le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Hafiz Zia Ahmad.
« Les relations bilatérales, la libération de prisonniers et les services consulaires pour les Afghans aux Etats-Unis ont été abordés », a indiqué le ministère sur X.

L’Afghanistan et les Etats-Unis « doivent sortir des effets de la guerre de 20 ans et avoir des relations politiques et économiques », a affirmé le chef de la diplomatie afghane, appelant au « dialogue pour résoudre les problèmes ».
D’après le ministère afghan, Adam Boehler, actif notamment sur le dossier des otages retenus dans la bande de Gaza, avait fait état de « progrès » au sujet des prisonniers et salué « une étape positive pour construire la confiance ».
Washington n’a pas commenté cette visite dans l’immédiat.
Aucun pays au monde n’a reconnu officiellement le gouvernement des talibans, mais plusieurs pays, dont le Pakistan, la Russie, la Chine, la Turquie, les Emirats arabes unis et l’Iran, ont gardé leurs ambassades ouvertes à Kaboul après leur retour au pouvoir en 2021.
Des délégations de ces pays, diplomatiques mais surtout économiques, effectuent des visites fréquentes dans la capitale afghane.
Le gouvernement taliban rapporte également, à intervalles moins réguliers, des visites à Kaboul de responsables occidentaux – norvégiens et britanniques notamment.