L’Iran annonce un projet de production d’explosifs pour des têtes de missiles
Le ministre de la Défense dit que le pays veut produire de l’octogène pour améliorer la “puissance destructrice” ; le matériel est aussi utilisé dans les détonateurs nucléaires
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

L’Iran compte produire de l’octogène, un puissant explosif, pour l’utiliser dans les têtes de ses missiles afin d’améliorer leur « puissance de destruction et de pénétration », a déclaré mercredi le ministre iranien de la Défense, Hossein Dehqan.
L’octogène est utilisé comme explosif dans les têtes de missiles pénétrants et comme carburant solide de roquettes, mais est aussi utilisé dans les détonateurs des bombes nucléaires.
Pendant une cérémonie d’inauguration d’une usine d’octogène, Dehqan a souligné que le but de l’Iran était d’acquérir le savoir-faire pour fabriquer du matériel explosif afin d’éviter de dépendre de sources extérieures.
« Simultanément à ses efforts pour améliorer le pouvoir de précision de ses systèmes d’armement, le ministère de la Défense a aussi pris soin d’augmenter le pouvoir de destruction et de pénétration de ses différentes têtes d’armes et a mis au programme l’acquisition de savoir-faire techniques pour produire du matériel explosif octogène et des armes basées sur l’octogène », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse semi-officielle FARS.
Les puissances occidentales ont appelé l’ONU à prendre des mesures contre l’Iran pour ses tests de missiles balistiques menés le 9 mars, soulignant qu’ils menaçaient Israël.
Dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU votée en même temps que l’accord historique sur le nucléaire conclu l’été dernier, l’Iran n’a pas le droit de développer d’armes capables de transporter des têtes nucléaires.
Ceci semblerait inclure les missiles balistiques, y compris les deux qui ont été testés le mois dernier, avec les mots « Israël doit être effacé de la Terre » inscrits sur l’un, selon les Etats-Unis et d’autres puissances occidentales.

Dehqan s’est plaint que l’Occident empêche les pays d’aider l’Iran sur les sujets techniques et a déclaré que « nous devons tenter de revigorer nos infrastructures d’industries de défense, de réduire la dépendance et d’utiliser des industries intérieures ».
Les remarques du ministre sont intervenues alors que le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, accusait mercredi les Etats-Unis et les nations occidentales d’être indignes de confiance devant des membres du cabinet et des figures importantes du Parlement et de la Justice à Téhéran, a annoncé FARS.
« Les Américains ne peuvent pas être crus et, en plus des Américains, certains autres États occidentaux sont les mêmes ; par conséquent, nous devrions placer notre confiance dans nos propres capacités et les positions et performances des officiels américains sont aussi une confirmation du même fait », a déclaré Khamenei.
Khamenei a dans le passé accusé à plusieurs reprises l’Occident de manquer à ses propres engagements dans l’accord nucléaire, affirmant que beaucoup de compagnies internationales continuent à éviter de travailler avec l’Iran par peur des Etats-Unis.
L’accord nucléaire, signé en juillet 2015 et mis en place en janvier dernier, a levé les sanctions économiques et a permis à l’Iran de forger de nouvelles relations économiques et diplomatiques avec l’Occident. En retour, l’Iran a accepté de démanteler les aspects militaires de son programme nucléaire.
Fin mars, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et trois alliés ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à formuler une « réponse appropriée » aux récents tests de missiles balistiques de l’Iran, dont ils disent qu’ils ont été menés au mépris de la résolution de l’ONU.
La lettre appelait les lancements « déstabilisateurs et provocateurs » et disait que les missiles balistiques de moyenne portée Shahab-3 et de courte portée Qiam-1 qui ont été tirés sont « intrinsèquement capables de porter des armes nucléaires ».
Israël a également appelé à une action punitive contre l’Iran à la suite des tests.
L’Iran affirme que comme il ne développe pas d’armes nucléaires dans le cadre de l’accord, aucun missile n’est capable de porter une arme nucléaire.