A la Haute Cour, un plaignant accuse Netanyahu de vouloir transformer le Shin Bet en « Stasi »
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Le chef du Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, l’avocat Eliad Shraga, a accusé le Premier ministre et le gouvernement d’essayer de transformer l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet en « Stasi » – la force de police secrète qui était très redoutée au sein de l’Allemagne de l’Est communiste.
S’exprimant devant la Haute Cour de justice dans le cadre de l’audience consacrée au licenciement par le gouvernement du chef du Shin Bet, Ronen Bar, Shraga a affirmé également que le Premier ministre Benjamin Netanyahu cherchait à mettre en place un nouveau chef qui lui serait spécifiquement loyal au sein de l’agence.
« Il n’est pas possible que quelqu’un qui fait l’objet d’une enquête puisse se réveiller un matin et renvoyer son enquêteur », a affirmé Shraga en référence au scandale du « Qatargate » – même si ce sont les proches collaborateurs de Netanyahu, et non le Premier ministre lui-même, qui sont soupçonnés dans cette affaire.
Shraga a aussi fait référence à une déclaration envoyée par Bar au tribunal avant l’audience, dans laquelle il déclarait que Netanyahu lui avait demandé de dire au tribunal de district de Jérusalem – qui préside son procès pénal – que des problèmes de sécurité l’empêchaient de témoigner régulièrement.
Il a souligné les propos tenus par le représentant de Netanyahu au tribunal, Zion Amir, au sujet de « l’échec », selon ce dernier, de Bar à s’attaquer aux réservistes qui menaçaient de refuser de servir au sein de Tsahal pendant les manifestations des opposants au projet de refonte radicale du système judiciaire israélien dans les mois qui avaient précédé l’attaque du 7 octobre.
« Ils voulaient que le chef du Shin Bet utilise ses outils contre les personnes qui avaient cessé leur service volontaire et qui protestaient. N’est-ce pas la Stasi ? C’est ce que le Shin Bet doit faire, utiliser des outils invasifs contre les soldats de Tsahal ? », a interrogé Shraga.
Il a également dénoncé les scènes chaotiques qui se sont déroulées dans la matinée au tribunal, lorsqu’un tumulte a éclaté dans la salle d’audience, forçant les juges à interrompre la procédure pendant plus d’une heure. Il a évoqué « une journée dont on se souviendra comme d’une honte éternelle », disant que les perturbations étaient comparables à « l’introduction d’une idole dans le sanctuaire ».
L’avocat Boaz Arad, qui représente le Mouvement pour l’intégrité dans le gouvernement, a lu dans son exposé une liste de ce qu’il a qualifié de violations de procédure de la part du gouvernement lors du licenciement de Bar.
Arad a indiqué que le gouvernement avait ignoré les instructions du bureau de la procureure-générale sur la manière de procéder au licenciement de Bar, tout en omettant de détailler spécifiquement les raisons pour lesquelles le gouvernement disait avoir perdu confiance en lui, afin de permettre à Bar de se défendre lors d’une audience du cabinet.
« L’incapacité à démontrer un seul exemple de manque de confiance témoigne du comportement irréfléchi qui a précédé le licenciement [de Bar]… et reflète la colère du Premier ministre à l’égard du chef du Shin Bet, qui a poursuivi les enquêtes sur ses conseillers et violé ce qu’il considère comme l’obligation de confiance personnelle que le chef du Shin Bet doit au Premier ministre », a dit Arad.
« Le Premier ministre ne veut pas de confiance dans le chef du Shin Bet, mais une loyauté sans limite », a-t-il ajouté.