Conscription : Lors d’une réunion du cabinet, Netanyahu et d’autres ministres critiquent Gallant
Le ministre de la Défense "donne à Gantz une ouverture pour renverser le gouvernement", accuse Karhi ; les critiques se concentrent sur la politique au lieu de parvenir à des accords, contredit Gallant
Lors d’un débat controversé au sein du cabinet sur l’augmentation des effectifs de l’armée israélienne en temps de guerre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les membres de son gouvernement ont sévèrement critiqué le ministre de la Défense Yoav Gallant, l’accusant de faire de la politique en refusant de soutenir un projet de loi concernant les ultra-orthodoxes – ou Haredim – à moins qu’il ne fasse l’objet d’un large consensus.
Alors que le cabinet discutait d’une proposition de l’establishment de la Défense visant à étendre à trois ans le service obligatoire pour les hommes, le ministre des Communications Shlomo Karhi (Likud) a attaqué Gallant, lui demandant pourquoi il était prêt à soutenir cette mesure sans l’appui de l’opposition tout en ne faisant pas preuve de la même ouverture s’agissant du projet de loi sur l’enrôlement des Haredim qui fait actuellement son chemin au sein de la Knesset.
Selon des fuites diffusées par la chaîne publique Kann, Karhi a affirmé que le fait de ne pas adopter la loi sur la conscription des Haredim « conduira au renversement du gouvernement, ce qui nuira à la sécurité du pays et donnera une victoire au [chef du groupe terroriste palestinien du Hamas Yahya] Sinwar ».
Parler de la recherche d’un large accord sur la question est « un moyen pour donner à Gantz une ouverture pour renverser le gouvernement », a-t-il insisté – semblant doubler son allégation précédente selon laquelle Gallant servait de « mandataire » pour le député de l’opposition Benny Gantz (HaMahane HaMamlahti).
Netanyahu aurait acquiescé, qualifiant la position de Gallant sur le projet de loi de « summum du cynisme et de la politisation ».
La loi sur l’enrôlement des Haredim « augmente de manière significative la conscription des ultra-orthodoxes », aurait déclaré Netanyahu. « La nécessité de donner à Gantz le droit de veto est politique. Ils [l’opposition] ne veulent pas de la conscription des ultra-orthodoxes, ils veulent une crise. »
La commission des Affaires étrangères et de la Défense travaille actuellement sur un projet de loi relatif à l’enrôlement des ultra-orthodoxes, dont le président Yuli Edelstein (Likud) a également déclaré qu’il n’avancerait que s’il y avait un « large accord », ce qui suscite l’ire de Netanyahu et des Haredim, qui considèrent qu’il s’agit du seul moyen d’empêcher une mobilisation massive des étudiants en yeshiva.
Si elle est adoptée, la loi fixera à 21 ans l’âge d’exemption du service obligatoire pour les Haredim étudiant en yeshiva et augmentera « très lentement » le taux d’enrôlement des ultra-orthodoxes.
Gallant, qui avait déclaré qu’il ne soutiendrait une législation sur ce sujet que si elle bénéficiait d’un large soutien, a été le seul membre de la coalition à voter contre la relance du projet de loi, qui avait été adopté en première lecture sous le gouvernement précédent.
Gallant était venu à la réunion avec l’intention de discuter de la nécessité d’accroître le réservoir de main-d’œuvre d’Israël, arguant que l’extension du service obligatoire tout en augmentant l’âge de la retraite pour les réservistes diminuerait en réalité le nombre de jours passés en service de réserve dans l’ensemble.
Cependant, la conversation a rapidement dérapé, le Premier ministre l’accusant de vouloir renverser le gouvernement et de lier le projet des ultra-orthodoxes à la question de l’accord pour la libération des otages, selon une source au fait de l’affaire.
Bien que les membres du gouvernement actuel aient demandé à maintes reprises à Netanyahu de limoger le ministre de la Défense, le niveau des critiques adressées à Gallant au cours de la réunion du cabinet a choqué, le haut responsable politique du Likud exprimant sa consternation devant le fait que les attaques coïncidaient avec le neuvième mois du pogrom du 7 octobre.
Selon Kann, la ministre de l’Environnement, Idit Silman (Likud) s’est également opposée à Gallant en déclarant que « dans le gouvernement précédent auquel j’appartenais, personne n’avait cherché à obtenir un large consensus. Pas même le ministre de la Défense Gantz ».
La défection de Silman, alors cheffe de la coalition, avait laissé le gouvernement précédent sans majorité et avait contribué à ouvrir la voie à sa fin deux mois et demi plus tard.
Au moment où la législation sur l’enrôlement avait été introduite par Gantz au sein du gouvernement précédent, on s’attendait à ce qu’elle soit accompagnée d’un cadre qui étendrait l’obligation de service national aux Haredim et aux Arabes israéliens, deux groupes qui en sont actuellement largement exemptés. Gantz s’était vigoureusement opposé à la relance de la législation, arguant qu’elle ne pouvait pas être appliquée seule et qu’elle ne répondait pas aux besoins de l’Israël de l’après-7 octobre.
Répondant à ses détracteurs, Gallant a répliqué en disant que le gouvernement avait refusé d’augmenter la durée du service régulier et de relever l’âge de l’exemption des réservistes. « Face à l’agression iranienne, ils font de la politique au lieu de conclure des accords », a-t-il déclaré.
« Il y a une différence entre la nécessité de recruter des soldats et la nécessité d’exempter des gens du service », a ajouté Gallant, expliquant pourquoi il a adopté deux approches différentes à l’égard des projets de loi, l’une visant à prolonger la durée du service militaire obligatoire et l’autre à recruter des ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva.
Les relations entre Gallant et Netanyahu sont tendues – des tensions entraînées par le fait que le Premier ministre avait annoncé son intention de licencier Gallant, en mars 2023, pour avoir critiqué la refonte du système judiciaire du gouvernement, avant de revenir sur sa décision deux semaines plus tard sous la pression de l’opinion publique.
Répondant aux critiques de Netanyahu dans un communiqué publié dimanche soir, Gallant a déclaré : « C’est un moment délicat, nous devons conclure un accord pour le retour des otages [mais] la tentative politique de lier la libération des otages à une exemption de la conscription pour les ultra-orthodoxes est dangereuse et irresponsable. »
Au cours de la même réunion, Silman aurait également appelé à la nomination de Haredim à des postes à responsabilité dans l’armée et affirmé que la ministre d’extrême droite chargée des implantations et des projets nationaux, Orit Strouk (HaTzionout HaDatit), aurait été en mesure d’empêcher le pogrom du 7 octobre si elle avait été à la tête de Tsahal.
Au cours du débat sur l’allongement de la durée du service des soldats, Silman a déclaré que si Strouk « était le chef d’état-major de Tsahal, il n’y aurait pas eu de 7 octobre », selon une information du site d’information Walla.
S’adressant aux représentants des partis ultra-orthodoxes, Silman leur a demandé « d’apporter la sainteté à Tsahal ». « Vous devez occuper des postes de haut niveau, y compris au sein de l’état-major général », selon le quotidien Maariv.
Dans un communiqué publié à la suite de la réunion du cabinet, Gantz a qualifié le recrutement de troupes supplémentaires de « besoin national urgent ».
« Une loi qui accorde des exemptions en temps de guerre [aux Haredim] est un besoin urgent de la coalition, et c’est de la petite politique aux dépens de ceux qui servent et de la sécurité nationale », a déclaré l’ancien ministre du cabinet guerre dans un communiqué.