L’un des soldats qui a tiré par erreur sur des otages rencontre la mère de l’un d’eux
La mère de Yotam Haïm a redonné des forces aux troupes ; le frère d'Alon Shamriz, a eu un appel tendu avec Yoav Gallant ; les soldats ont enfin reçu les photos des otages restants
Un soldat israélien du bataillon qui a tué par erreur trois otages israéliens vendredi dernier à Gaza a rendu visite à la mère de l’un d’eux après que celle-ci a envoyé aux troupes un message disant qu’elle ne blâme pas l’armée pour cet incident tragique.
La chaîne publique israélienne Kan a rapporté jeudi que le soldat anonyme, du 17e bataillon de la brigade Bislamach, a rendu visite à Iris Haïm, dont le fils Yotam Haïm, 28 ans, a été abattu avec deux autres otages, Alon Shamriz et Samar Talalka, par des soldats qui les avaient identifiés par erreur comme une menace le 15 décembre. Le drame fait toujours l’objet d’une enquête de l’armée israélienne.
Yotam a été enlevé par des terroristes du Hamas au kibboutz Kfar Aza le 7 octobre, lors de l’attaque salnglante du groupe terroriste palestinien dans le sud d’Israël, qui a fait 1 200 morts, pour la plupart des civils, et plus de 240 otages.
La visite du soldat jeudi est intervenue après qu’Iris a enregistré un jour plus tôt un message à l’intention des soldats qui ont abattu son fils, leur disant qu’elle et sa famille les aimaient et ne les tenaient pas pour responsables de sa mort.
« Nous avons reçu votre message et, depuis, nous sommes en mesure de travailler à nouveau », a déclaré le soldat à Iris, selon Kan.
« Avant cela, nous nous étions éteints. »
« C’est incroyable, c’est ce que je voulais », a-t-elle répondu, selon le reportage, offrant un soutien moral supplémentaire si nécessaire.
Dans le message qu’elle a enregistré mercredi à l’intention des soldats, Iris déclare : « Je suis Iris Haïm. Je suis la mère de Yotam. Je voulais vous dire que je vous aime beaucoup, et je vous embrasse de loin. Je sais que tout ce qui s’est passé n’est absolument pas de votre faute, et de personne d’autre sauf celle du Hamas, que leur nom soit effacé et leur mémoire effacée de la Terre. »
« Je veux que vous preniez soin de vous et que vous n’oubliiez jamais que vous faites ce qu’il y a de mieux au monde, ce qui pourrait arriver de mieux, ce qui peut nous aider. Parce que tout le peuple d’Israël et nous tous avons besoin de vous en bonne santé », a insisté Iris.
« Et n’hésitez pas une seconde si vous voyez un terroriste », a-t-elle exhorté.
« Ne pensez pas que vous avez délibérément tué un otage. Vous devez prendre soin de vous car c’est ainsi que vous pouvez prendre soin de nous. »
« À la première occasion, vous êtes invités à venir chez nous, ceux qui le souhaitent. Et nous voulons vous voir de nos propres yeux, vous embrasser et vous dire que ce que vous avez fait – aussi difficile et triste que cela puisse être à dire – c’était manifestement la bonne chose à ce moment-là. »
« Et personne ne vous jugera ou ne sera en colère. Ni moi, ni mon mari Raviv. Ni ma fille Noya. Et pas Yotam, que sa mémoire soit bénie. Et pas Tuval, le frère de Yotam. Nous vous aimons tant. Point final. »
Une enquête militaire sur le meurtre accidentel des trois otages en fuite a révélé que l’un d’entre eux avait été enregistré quelques jours auparavant en train de crier à l’aide lors d’un échange de coups de feu entre les troupes et les terroristes du Hamas sur le site où ils étaient détenus.
Les nouveaux détails de l’enquête, publiés par Tsahal mercredi, sont la dernière indication en date de la mesure dans laquelle les otages Shamriz, Haïm et Talalka se sont avancés pour signaler leur identité à l’armée après avoir réussi à s’échapper. Ils s’étaient approchés d’un groupe de soldats, cherchant à être secourus dans le quartier Shejaiya de la ville de Gaza, mais les soldats ont tiré à leur approche, les tuant tous les trois.
Afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise, les soldats de Tsahal ont reçu des photos des otages restés à Gaza, dans l’espoir qu’ils puissent les identifier plus facilement en cas de besoin, selon un reportage de la Treizième chaine diffusé jeudi.
Il resterait 128 otages à Gaza – dont certains ne sont plus en vie. après que 105 civils ont été libérés des geôles du Hamas au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre.
Le frère d’Alon, Yonatan Shamriz, a participé à l’émission d’investigation Uvda sur la Douzième chaîne jeudi et a évoqué une conversation difficile avec le ministre de la Défense Yoav Gallant après que la famille a été informée de l’assassinat par erreur.
« Je lui ai dit que je le poursuivrais jusqu’à ce qu’il soit enterré – lui et tous ceux qui sont assis là-bas. Qu’ils n’auraient aucun répit. Je lui ai dit qu’ils étaient responsables de ce qui s’était passé. Je lui ai dit que je n’aurais pas de repos et que je le hanterais dans son sommeil, que lorsqu’il s’endormira, il verra l’image de mon frère », a déclaré Yonatan dans l’interview.
« J’étais sûr que [l’agence de sécurité intérieure du] Shin Bet allait venir m’arrêter dans la demi-heure qui a suivi », a-t-il ajouté.
Yonatan a déclaré que la conversation s’est terminée par un juron adressé à Gallant, qu’il a remercié d’avoir écouté et de ne pas avoir répondu.
Lorsqu’on lui a demandé s’il craignait que sa colère ne le consume, Yonatan a répondu : « Il ne reste plus rien à consumer. »
« Ma famille a été anéantie. Il y a tant de choses que nous avions prévu de faire ensemble et que nous ne pourrons plus faire, et j’ai un frère héroïque qui est maintenant … sous terre. »
« Et je dois m’assurer que ça n’aura pas été en vain. Ni le 7 octobre, ni sa mort. »
« Ceux qui étaient responsables et qui nous ont abandonnés ne peuvent plus faire partie du pays. J’ai une mission maintenant (…) me débarrasser de tous les responsables et repartir sur de nouvelles bases », a conclu Yonatan.