Maintien d’un seul état ? Des associations juives expriment leur consternation
Les organisations rappellent leur soutien à deux états alors que la Maison Blanche signale qu’une autre solution est tout aussi possible
Les associations juives américaines centristes et libérales ont exprimé leur consternation après les propos du président américain Donald Trump, qui a déclaré qu’il « peut vivre avec » une solution à un état au conflit israélo-palestinien.
Mercredi, pendant une conférence de presse conjointe organisée à la Maison Blanche avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu avant leur rencontre à huis-clos, un journaliste a demandé à Trump s’il « s’éloignait » de la solution à deux états, pilier de la politique américaine depuis au moins les trois derniers présidents.
« Je regarde [la solution à] deux états et [la solution à] un état et j’aime celle que les deux parties aiment, a répondu Trump. Je suis très heureux avec celle que les deux parties aiment. Je veux vivre avec l’une des deux. J’ai pensé pendant un moment que [la solution à] deux états était la plus facile des deux, mais honnêtement, si Bibi [le surnom de Netanyahu] et si les Palestiniens, si Israël et les Palestiniens sont heureux, je suis heureux avec celles qu’ils aiment le plus. »
Le mouvement réformé a déclaré que la réponse de Trump était « potentiellement dévastatrice pour les perspectives de paix et le futur d’un Israël juif et démocratique. »
« La question est : Israéliens et Palestiniens peuvent-ils vivre d’une manière qui permet un Etat d’Israël juif et démocratique et la réalisation des droits et des aspirations légitimes des Palestiniens », a déclaré dans un communiqué le rabbin Rick Jacobs, le président de l’Union pour un judaïsme réformé. « Seule une solution à deux états peut réaliser les objectifs des Israéliens et des Palestiniens. »
L’American Jewish Committee (AJC), tout en accueillant « l’esprit de coopération et d’amitié exprimé pendant la conférence de presse », a également réaffirmé son soutien pour une solution à deux états. Sa déclaration citait une directive publiée en décembre par le National Board of Governors de l’AJC réaffirmant qu’ « une solution à deux états est la seule résolution réaliste du conflit israélo-palestinien, établie par des négociations bilatérales directes entre les parties elles-mêmes. »
La veille de la conférence de presse entre Netanyahu et Trump, un responsable de la Maison Blanche avait déclaré qu’une solution à deux états n’était pas la seule issue possible des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Si elle est officialisée, cette politique représentera un retrait officiel de la politique américaine depuis 2002, quand le président George W. Bush avait déclaré qu’un état était l’objectif des négociations de paix. La solution à deux états était également l’objectif du prédécesseur de Bush, le président Bill Clinton.
« Le seule alternative à cette solution [à deux états] est un état binationale et une violence accrue, avec des conséquences tragiques, similaires à la guerre en Syrie », ont déclaré mardi Ami Ayalon, Gilaed Sher et Orni Petruschka dans un éditorial publié par USA Today. Les auteurs appartiennent à l’organisation israélienne non partisane Blue White Future.
La représentante démocrate de New York Nita M. Lowey, qui détient le poste démocrate le plus important de la commission d’Appropriations de la Chambre des représentants, a également appelé le président à réaffirmer une politique qui « garantit deux états pour deux peuples, un état juif et démocratique d’Israël et un état palestinien démocratique. »
« Aujourd’hui, le président Trump a refusé d’apporter son soutien à cet objectif. Non seulement ses propos étaient honteux, mais ils représentent une opinion de court terme, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Une solution à deux états pour Israéliens et Palestiniens est le seul moyen d’assurer la sécurité à long terme d’Israël et de permettre la réalisation des aspirations palestiniennes pour leur propre état. C’est pourquoi les présidents des deux partis, la grande majorité de la Chambre et du Sénat, et le peuple américain ont constamment soutenu cet objectif, et c’est pourquoi le président Trump devrait le faire aussi. »
Dans son communiqué sur la réunion de mercredi, la Coalition juive républicaine n’a pas mentionné les propos du président sur une solution à un ou deux états.
Elle a salué la conférence de presse menée par Trump et Netanyahu, et l’a décrite comme « un signe qu’une nouvelle ère [qui] est arrivée pour les relations entre les États-Unis et Israël ».
« Qu’il s’agisse d’empêcher un accord sur le nucléaire iranien, ou de la responsabilité des Palestiniens à revenir à la table des négociations afin d’arriver à un accord de paix, nous n’atteindrons nos objectifs que si nous sommes unis durant le processus. Heureusement, Il est clair que désormais, plus rien se tiendra entre les États-Unis et notre plus proche allié au Moyen-Orient », a affirmé la Coalition dans un communiqué.
Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial, a salué la rencontre entre les deux dirigeants, « extrêmement positive », et a déclaré qu’elle était « un signe encourageant que l’alliance historique entre Israël et les Etats-Unis est à nouveau stable. »
Il a ajouté dans son communiqué que Trump et Netanyahu partagent « une vision mutuelle du futur d’Israël et de la région. Grâce à leur coopération et leur amitié, nous pourrions réellement parvenir à la paix. »
L’association B’nai Brith International a elle aussi salué la rencontre entre Netanyahu et Trump, et s’est déclarée « ravie que le président reconnaisse le préjugé des Nations unies contre l’Etat juif », tout en espérant que les Etats-Unis « feront du retour sur la discrimination anti-Israël une priorité » de leur politique au sein de l’institution internationale.
B’nai Brith a également rappelé son soutien de longue date à une solution à deux états, « qui ne peut résulter que de négociations directes » entre les parties, sans commenter les propos de Trump sur ce sujet.