Malgré le BDS, Israël profite d’une hausse des investissements étrangers
Alors que les arguments pro-boycott n’arrivent pas à produire d’impact, les conditions fertiles apportent un flux de capital record
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
La semaine dernière, le bureau du contrôleur de l’Etat d’Israël a publié un rapport cinglant fustigeant le ministère des Affaires étrangères pour son absence de stratégie cohérente pour combattre le mouvement de Boycott, Désinvestissements et Sanctions (BDS), qui cible Israël pour son mauvais traitement perçu des Palestiniens.
Mais malgré les nombreux « échecs » détaillés dans le rapport, qui souligne une incapacité à présenter des réussites politiques significatives dans la lutte contre le BDS, le mouvement semble avoir peu d’impact économique, selon un rapport de Bloomberg examinant les flux de capitaux étrangers dans le pays.
Alors que le BDS a eu quelques victoires dues à ses efforts pour empêcher les artistes internationaux de se produire en Israël et pour encourager les entreprises à se retirer des compagnies israéliennes, l’investissement étranger total en Israël a en fait augmenté, atteignant un niveau record en 2015 de 285,12 milliards de dollars, selon le rapport de jeudi.
C’est une augmentation d’un facteur 3 depuis 2005, quand la première campagne du BDS a été lancée.
« Nous n’avons pas de problème avec les investissements étrangers en Israël, au contraire », a déclaré à Bloomberg Yoel Naveh, chef économiste du ministère israélien des Finances.
Le rapport a montré que même les entreprises installées en Cisjordanie, particulièrement ciblées par le BDS, ont connu une hausse des investissements. Il a étudié neuf compagnies israéliennes importantes avec des liens variés aux implantations, qui ont toutes enregistré une hausse des participations non israéliennes ces trois dernières années.
Sur les compagnies étudiées, les deux qui ont vu le plus grand pourcentage de hausse des participations étrangères étaient des banques : la banque Leumi, la plus grande d’Israël par le nombre d’actifs, est passé de 33 % à 50 % ; et la banque Israël Discount a plus que quadruplé ce pourcentage, de 13 % à 55 %.
Un certain nombre de raisons sont citées pour expliquer cette hausse substantielle des investissements étrangers.
« Les gestionnaires de fonds, les économistes et les gouvernements disent que les avoirs d’Israël sont une alternative attractive aux faibles performances ailleurs. L’économie du pays ralentit, mais elle croit plus vite que celles des Etats-Unis et de l’Europe, et ses taux d’intérêt sont plus élevés », est-il écrit dans le rapport.
Une prévision de 2,8 % de croissance pour l’économie israélienne en 2016, comparée à seulement 1,8 % aux Etats-Unis et en Europe, couplée à un shekel apprécié, créent des conditions parfaites pour élever la confiance des investisseurs étrangers.
De plus, les arguments moraux présentés par le BDS semblent avoir peu d’impact sur les investisseurs potentiels.
D’après le mouvement BDS, il cible Israël principalement pour son traitement des Palestiniens via sa présence militaire continue en Cisjordanie et le blocus de la bande de Gaza.
Pourtant, selon le rapport, beaucoup d’investisseurs rejettent l’idée « qu’investir dans l’innovation israélienne et dans le gaz naturel violent les droits des Palestiniens, et les crimes d’Israël sont si exceptionnels qu’ils ne justifient simplement pas de l’isoler pour les sanctionner. »
Pourtant, certaines compagnies ont été influencées par le mouvement BDS et ont choisi de retirer leurs fonds d’entreprises et de projets israéliens.
En janvier 2014, GM des Pays-Bas, l’un des 20 plus grands gestionnaires d’actifs de pension du monde, avait décidé de se retirer de cinq banques israéliennes en raison de leur implication dans le financement de construction d’implantations juives en Cisjordanie.
L’année dernière, l’Eglise méthodiste unifiée des Etats-Unis a fait de même, ajoutant les banques à sa liste des entreprises dans lesquelles elle n’investit pas. Plus récemment, le fonds souverain de Norvège de 860 milliards de dollars a exclu Africa Israel Investments de son portefeuille.
Mais selon les autorités israéliennes, cela ne représente qu’une goutte d’eau dans un vaste océan d’investissements étrangers.
Oui, « certains investisseurs institutionnels ont déclaré qu’ils retiraient leurs investissements », a déclaré Naveh, l’économiste du ministère des Finances, mais sur la base de la hausse continue des investissements étrangers, « nous n’en avons pas besoin ».