Mandelblit défend les manifestations “démocratiques” contre Netanyahu devant son domicile
Après les critiques du Likud sur ces manifestations réclamant l'inculpation du Premier ministre dans des affaires de corruption, le procureur général affirme que le droit à manifester est essentiel dans une démocratie
Le procureur général Avichai Mandelblit a défendu mardi le droit des manifestants à se réunir aux abords de son logement contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affirmant que les mouvements de protestation hebdomadaires réclamant l’inculpation de ce dernier dans deux affaires de corruption sont tout à fait légitimes et protégés par la liberté d’expression.
« La liberté d’expression et le droit à manifester sont des droits fondamentaux dans un état démocratique », a expliqué Mandelblit lors de la conférence de l’Association du barreau israélien à Tel Aviv.
« Il est particulièrement important de maintenir le droit à la liberté d’expression dans des domaines où les avis peuvent être divergents », a dit Mandelblit, qui a ajouté qu’étant personnellement concerné par ces rassemblements, il ne ferait pas davantage de commentaires.
Répondant à une affirmation des manifestants qui lui reprochent de « traîner les pieds », Mandelblit a déclaré qu’il n’y avait pas de « raccourci » dans ce type d’investigation, et que l’enquête était menée de manière appropriée et avec sérieux.
La semaine dernière, la Haute cour de Justice a autorisé la reprise des manifestations hebdomadaires aux abords de l’habitation de Mandelblit à Petah Tikva. Le tribunal a estimé qu’il ne pourrait y avoir plus de 500 manifestants lors de ces rassemblements tandis que le suivant, quelques jours après, a finalement réuni 1 500 à 2000 personnes. La police avait bloqué un mouvement de protestation similaire la semaine précédente et arrêté deux de ses organisateurs.
Ces manifestations ont été condamnées par le Likud, qui a affirmé qu’il s’agissait d’une tentative non-démocratique de destituer le Premier ministre.
Evoquant les enquêtes criminelles qui impliquent Netanyahu, Mandelblit a indiqué que toute décision prise d’inculper le Premier ministre dans les deux dossiers de corruption se basera uniquement sur la force des preuves, sans aucune soumission à une quelconque pression politique.
« Nous continuerons à agir avec responsabilité et nous prendrons nos décisions à la lumière des preuves apportées, a-t-il dit. Notre travail ne se base que là-dessus. Les bruits politiques en arrière-plan ne nous influenceront pas. »
« Il est impossible de renoncer à rassembler toutes les preuves et à analyser tous les documents que nous avons. C’est notre obligation envers l’opinion publique, l’intérêt public et les suspects – c’est le précepte de l’état de droit », a-t-il ajouté.
« La seule question qui se posera, c’est de savoir s’il y a suffisamment de preuves pour décider d’une inculpation. Si cette base est suffisante alors il y aura une inculpation. Si ce n’est pas le cas, l’affaire sera mise en suspens. »
Alors que les dossiers de corruption en cours impliquant Netanyahu se sont développés, les critiques ont éreinté Mandelblit pour sa gestion des enquêtes, soulignant que, dans le passé, le procureur général a été l’ancien secrétaire de cabinet de Netanyahu. Le procureur général a été accusé par ailleurs de ralentir les enquêtes.
Shai Nitzan, procureur de l’Etat, a également pris la parole lors de la conférence. Il a expliqué que, même s’il comprenait le désir des Israéliens d’en savoir davantage sur les enquêtes de corruption impliquant leur Premier ministre, la publication des détails de l’enquête pourrait compromettre les investigations.
« La réussite des enquêtes est plus importante que la réalisation du droit à savoir de l’opinion publique », a-t-il estimé.
Se faisant l’écho de Mandelblit, Nitzan a également déclaré que les influences extérieures n’interviendraient pas dans l’investigation, notamment celles des manifestations organisées devant le domicile de Mandelblit.