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Mélenchon prend la défense de Sanders face à des accusations d’antisémitisme

"Après la campagne contre Jeremy Corbyn et les lourdes insinuations contre moi, c’est au tour de Bernie Sanders d’être accusé d’être antisémite", a écrit le député de gauche

Le sénateur Bernie Sanders, candidat démocrate à la présidence des États-Unis, un indépendant du Vermont, s'exprime lors d'une collecte de fonds pour le Parti démocrate du Nevada, à Las Vegas, le 17 novembre 2019. (John Locher/AP)
Le sénateur Bernie Sanders, candidat démocrate à la présidence des États-Unis, un indépendant du Vermont, s'exprime lors d'une collecte de fonds pour le Parti démocrate du Nevada, à Las Vegas, le 17 novembre 2019. (John Locher/AP)

Vendredi, Jean-Luc Mélenchon, récemment accusé d’antisémitisme suite à des propos critiquant le Crif, a publié une tribune en soutien au candidat démocrate Bernie Sanders, au cœur d’une polémique après de vives critiques contre Israël.

« Après la campagne harcelante contre Jeremy Corbyn et les lourdes insinuations contre moi, c’est au tour de Bernie Sanders d’être accusé d’être antisémite, a écrit le député de gauche. La méthode est partout la même. L’accusation d’antisémitisme est utilisée à des fins politiciennes comme méthode de combat pour salir un adversaire. »

Le 19 décembre dernier, le sénateur Bernie Sanders, favori démocrate à la présidentielle, a déclaré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu était « raciste » et a appelé à la mise en place d’une politique américaine qui accorde de l’espace à la fois à la sécurité israélienne et à une « perspective pro-palestinienne ».

S’exprimant au cours du cinquième débat organisé entre les candidats susceptibles de faire face au président Donald Trump lors des élections du mois de novembre 2020, Sanders a expliqué qu’Israël « a – et je le dis en tant que personne ayant vécu en Israël lorsque j’étais enfant, en tant que Juif et fier de l’être – Israël a le droit d’exister, et pas seulement d’exister, d’ailleurs – mais d’exister dans la paix et la sécurité. Mais ce que doit être la politique américaine, ce n’est pas seulement être pro-Israël. Nous devons être également pro-palestiniens ».

« Nous devons bien comprendre qu’actuellement en Israël, nous avons un pays dirigé par Netanyahu qui a récemment, comme vous le savez, été inculpé pour corruption et qui, selon moi, est raciste. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une situation équitable en ce qui concerne le Moyen-Orient, qui puisse s’attaquer à la crise terrible à Gaza où 60 % ou 70 % des jeunes sont au chômage », a-t-il continué.

Sanders, qui serait le premier président juif s’il remportait la nomination démocrate en 2020 et qu’il l’emportait sur Trump, a appelé un certain nombre de fois les Etats-Unis à réfléchir à conditionner les aides à Israël à l’engagement, de la part du gouvernement israélien, à ne plus élargir les implantations en Cisjordanie, et autres initiatives qui ont entravé les relations israélo-palestiniennes.

« Un Juif, kibutzin, partisan de l’existence d’un État d’Israël vivant en paix et sécurité serait donc antisémite ?, a questionné Jean-Luc Mélenchon. C’est ce qu’ont aussitôt rabâché les réseaux médiatiques conservateurs. Même modèle qu’au Royaume uni et en France. La charge a tapé fort. Sanders a été lourdement accusé de mener la campagne ‘la plus antisémite de la décennie’ par Tiana Lowe, journaliste du magazine Washington Examiner. »

« Il va de soi que ce type de dénigrement est exclusivement réservé à notre famille politique, a-t-il ajouté. Car dans le même débat, le démocrate social-libéral Joe Biden, adversaire de Sanders dans cette primaire a également sévèrement critiqué Netanyahu. Il a l’a accusé d’aller à ‘l’extrême-droite’ et il a recommandé qu’une pression constante soit exercée sur Israël en faveur d’une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien. De leur côté Elizabeth Warren et Pete Buttigieg deux autres candidats démocrates à la primaire ont rejoint le point de vue de Sanders (…) Mais seul Sanders est devenu une cible à propos d’antisémitisme. On comprend alors que l’antisémitisme n’est pas le vrai souci de ses accusateurs. Le problème pour eux c’est le programme social de Sanders et son contenu anti-capitaliste. »

Ainsi, selon le député, ces accusations sont « dangereuses » et vont à l’encontre de la lutte contre l’antisémitisme. « Son principal résultat est d’abaisser le seuil de vigilance des anti-racistes sincères, ajoute-t-il. En effet, à force d’accuser tout le monde et n’importe qui, à force d’inventer des antisémites là où ils ne sont pas, la banalisation de l’attaque vérifie le vieil adage tiré d’une fable d’Esope : ’à force de crier au loup…’ C’est-à-dire qu’à force de lancer de fausses alertes, une vraie alerte ne sera pas prise au sérieux. »

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