Michigan : Lors de la journée al-Quds, les manifestants scandent « Mort à Israël » et « Mort à l’Amérique »
Les intervenants ont appelé à renverser "le système tout entier des États-Unis" en raison du soutien apporté à Israël, qualifiant l'État juif de "Nazi", de "fasciste" et de "raciste" ; le maire de Dearborn dénonce "une rhétorique haineuse"
Des manifestants anti-israéliens et pro-palestiniens ont scandé « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël » alors qu’un activiste évoquait le renversement « du système des États-Unis tout entier » lors d’un rassemblement organisé vendredi dernier, à l’occasion de la Journée al-Quds (Jérusalem) à Dearborn, dans le Michigan.
Deux intervenants, Tarek Bazzi et l’Imam du Michigan, Usama Abdulghani – tous deux des proches de l’Hadi Institute, un centre communautaire musulman de la ville – ont comparé Israël aux « nazis » et à l’État islamique dans leurs allocutions. Ils ont aussi rendu hommage à l’ancien guide suprême iranien qui avait été à la tête de la révolution islamique de 1979, Ruhollah Khomeini. La Journée al-Quds est traditionnellement marquée par des marches en soutien aux Palestiniens qui sont organisées par Téhéran et ses alliés.
Dearborn, qui compte la population arabe américaine la plus importante per-capita de tous les États-Unis, a été le théâtre de nombreuses manifestations pro-palestiniennes depuis le début de la guerre qui oppose Israël au Hamas, une guerre qui avait été entraînée par le massacre commis par le groupe terroriste, le 7 octobre. La ville est représentée, au Capitole, par Rashida Tlaib, la première palestino-américaine à avoir été élue au Congrès, qui a été la première voix parmi les membres de l’aile progressiste du parti démocrate à réclamer un cessez-le-feu.
Dans son discours qui a été rendu public par MEMRI, un groupe de veille des médias arabes, Bazzi a expliqué que les rassemblements ayant lieu dans le cadre de la Journée al-Quds interpellaient tout particulièrement les États-Unis à cause du financement apporté par les Américains « à toutes les atrocités dont nous entendons parler en ce moment » dans la bande de Gaza.
« C’est la raison pour laquelle l’imam Khomenei, qui avait déclaré la Journée al-Quds… C’est la raison pour laquelle il disait de consacrer tous vos chants, tous vos cris à la tête de l’Amérique », a dit Bazzi. « Malcolm X avait dit, et je le cite : ‘Nous vivons dans l’un des pays les plus pourris à avoir existé sur cette Terre’, » a-t-il ajouté, citant feu le leader de la lutte pour la défense des droits civils.
« Ce n’est pas seulement Genocide Joe qui doit partir, c’est le système tout entier qui doit disparaître. Tout système qui permet que de telles atrocités, de telles malfaisances surviennent et qui les soutient – un tel système ne mérite pas d’exister sur la terre de Dieu, » a-t-il poursuivi, en référence au président américain Joe Biden qui a été surnommé ainsi par les activistes propalestiniens pour le soutien qu’il a apporté à l’État juif après l’assaut commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, et la guerre qui a suivi.
Il a déclaré que le slogan « Mort à Israël… est le slogan plus logique à être aujourd’hui entonné dans le monde entier » en raison de la guerre.
Israël dément avec force se livrer à un génocide dans le cadre de sa campagne militaire et maintient que le Hamas, qui gouverne la bande, a installé à dessein ses structures militaires dans les zones résidentielles, ce qui explique le niveau élevé des destructions et le nombre de pertes humaines enregistrées dans l’enclave surpeuplée.
Dans son discours, Abdulghani a fait l’éloge de Khomeini qui était parvenu à reconnaître « qu’Israël est un projet colonialiste. Il a bien compris qu’Israël était un cancer et il a ainsi établi » la Journée al-Quds.
« Avant cela, frères et sœurs, Israël était une vache sacrée. Personne ne pouvait critiquer Israël. Tout le monde était terrifié à l’idée d’être qualifié d’antisémite. Tout le monde avait peur d’eux mais aujourd’hui, les personnes dotées de conscience peuvent ouvertement critiquer Israël. Elles reconnaissent Israël pour ce qu’il est. Israël, c’est l’État islamique, c’est les nazis, c’est le fascisme, c’est le racisme. Les peuples du monde le savent dorénavant », a-t-il poursuivi.
A la fin du clip, Bazzi encourage un enfant à entonner, avant toutes les personnes présentes, le slogan « Libérez la Palestine » et « Du fleuve jusqu’à la mer, la Palestine sera libre » – des slogans considérés par un grand nombre comme un appel à l’élimination de l’État juif et à son remplacement par un État palestinien.
Over the weekend, video emerged of a rally in Dearborn where some attendees were chanting statements that were unacceptable and contrary to the heart of this city. We reject all inflammatory and violent statements made at the gathering.
Dearborn is a city of proud Americans; the…
— Abdullah H. Hammoud (@AHammoudMI) April 8, 2024
De son côté, le maire de Dearborn, Abdullah Hammoud, a critiqué « les déclarations incendiaires et violentes qui ont été faites lors du rassemblement » dans un post qui est paru sur X dans la journée de lundi.
« Au cours du week-end, une vidéo a fait son apparition, montrant un rassemblement à Dearborn où certaines personnes présentes ont tenu des propos qui sont inacceptables et contraires à ce qu’est le cœur de cette ville », a-t-il écrit.
« Dearborn est une ville de fiers Américains ; la rhétorique haineuse qui a été entendue vendredi ne reflète pas l’opinion des membres de la communauté. La communauté de Dearborn défend la paix et la justice pour tous. Nous sommes fiers d’appeler cette ville et ce pays notre foyer », a-t-il ajouté.
Hammoud s’est récemment retrouvé aux prises avec le MEMRI après que le directeur de l’institut a publié une tribune dans le Wall Street Journal qui estimait que que Dearborn était « la capitale du Jihad » de l’Amérique en raison de la prévalence d’une rhétorique violente, ce qui avait amené le maire à renforcer la sécurité dans la ville et ce qui avait aussi entraîné les condamnations de Biden.
Une rhétorique antisémite, avec notamment le soutien apporté au massacre qui avait été commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, a également été fréquemment employée. Le fondateur et directeur du groupe Council on American–Islamic Relations avait expliqué, au mois de novembre, être « heureux » d’avoir vu l’organisation terroriste se livrer à son assaut meurtrier.
Les terroristes du Hamas avaient envahi le sud d’Israël, le 7 octobre, et ils avaient massacré environ 1200 personnes, des civils en majorité, kidnappant plus de 250 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Israël avait, en guise de réponse, lancé une campagne militaire. Le ministère de la Santé, placé sous l’autorité du Hamas à Gaza, déclare que plus de 33 000 civils ont perdu la vie dans les combats jusqu’à présent, un chiffre qui ne peut pas être vérifié et un bilan qui comprendrait les 13 000 hommes armés du Hamas que Tsahal affirme avoir tués dans le cadre de son offensive. L’armée déclare avoir aussi abattu un millier environ de terroristes sur le territoire israélien, le 7 octobre.
260 soldats israéliens sont morts sur le front à Gaza, et 604 au total depuis le 7 octobre.
Reuters et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.