Miri Regev a assisté à l’inauguration de l’avant-poste de Havat Amona
La cérémonie a été organisée sur une autre colline pour ne pas que la ministre de la Culture n'enfreigne un ordre de l'armée qui a déclaré l'avant-poste "zone militaire interdite"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

La ministre de la Culture Miri Regev a appelé les responsables légaux à autoriser le retour d’Israéliens à l’endroit où se tenait l’avant-poste d’Amona.
S’adressant aux journalistes dimanche lors de la cérémonie d’inauguration de « Havat Amona » – la ferme d’Amona -, qui, selon les résidents, a été construite sur des terres légalement achetées à des propriétaires terriens palestiniens, Regev a déclaré qu’elle « ne comprend pas pourquoi ceux qui ont acheté des terres à des fins d’agriculture voient leurs droit de propriété bloqués ».
« Je m’adresse au procureur général et à la ministre de la Justice : pourquoi traînons-nous des pieds ici ? », a ajouté Regev.
Des résidents avaient installé deux caravanes sur cette colline, où une communauté avait été évacuée avant qu’un avant-poste ne soit rasé en février 2017. Cette initiative a été facilitée par le président du conseil régional de Binyamin Yisrael Gantz, Avichai Boaron, ancien chef de la campagne pour sauver l’avant-poste d’Amona, et le député Bezalel Smotrich (HaBayit HaYehudi).
La Haute cour de justice avait approuvé la démolition d’Amona après avoir conclu qu’il avait été construit sur des terres palestiniennes privées.

L’installation des caravanes est survenue en pleine vague d’attentats terroristes ciblant civils et soldats israéliens en Cisjordanie. Gantz a déclaré que cette initiative était sa façon d’honorer sa promesse d’établir une nouvelle communauté en réponse au terrorisme.
Les parents de Shira et d’Amichai Ish-Ran, le couple blessé lors de l’attentat d’Ofra et dont le bébé, né prématurément, n’a pas survécu, étaient présents dimanche lors de la cérémonie d’inauguration.
Havat Amona a été construit en mémoire du bébé, nommé à titre posthume Amiad Yisrael Ish-Ran, ainsi qu’en mémoire des sergents Yovel Mor Yosef et Yoesf Cohen, tués dans un autre attentat devant l’implantation de Givat Assaf quatre jours plus tard.
La cérémonie a eu lieu juste en dessous de la colline où sont situées les caravanes, de sorte que la ministre de la Culture n’entre pas dans la zone militaire fermée que l’armée a déclarée sur place après la démolition de l’avant-poste il y a deux ans.

Cet ordre était destiné à empêcher les propriétaires terriens palestiniens d’accéder aux terrains, mais l’armée n’a pas encore sanctionné les résidents qui s’y sont illégalement installés il y a dix jours.
S’ils affirment avoir acheté légalement 4 hectares de terres et avoir soumis les papiers nécessaires au ministère de la Défense, ils n’ont pas organisé l’installation de leurs caravanes avec les instances gouvernementales et n’ont pas obtenu les permis requis.
L’armée n’a pas souhaité répondre à une demande du Times of Israël quant à l’autorisation tacite dont bénéficient les caravanes et ses résidents, malgré le fait qu’ils soient dans une zone militaire interdite.
La semaine dernière, le procureur général Avichai Mandelblit a critiqué Gantz, Boaron et Smotrich, qui ont rendu ces installations possibles.

« Violer la loi sur la protection des personnages publics, placer des caravanes illégales sur des terres privées, [ces choses] ne peuvent pas être une source de fierté », a déclaré Mandelblit à la conférence du quotidien économique Globes.
Smotrich a répondu par un communiqué, affirmant que le procureur général « ne connaît pas les faits ».
Boaron a refusé de produire une copie de l’acte d’achat ainsi qu’une preuve de l’identité des propriétaires terriens palestiniens, affirmant que cela les mettrait en danger.
Pendant les dix années de batailles juridiques pour sauver l’implantation, les résidents avaient soumis des documents dont ils affirmaient qu’ils prouvaient qu’ils avaient acheté légalement la terre, mais il a ensuite été démontré qu’ils avaient été falsifiés.
En 2016, deux Israéliens ont été mis en examen pour avoir falsifié des documents censés attester d’une transaction foncière entre des résidents de Cisjordanie et des propriétaires terriens palestiniens. Entre autres transactions falsifiées figuraient les terrains où étaient construits les avant-postes d’Amona, Migron, Beit El et Givat Assaf. L’affaire est toujours en cours mais l’identité des deux suspects a été placée sous embargo.

Dimanche, Boaron a admis qu’Amona avait été construit en 1995 sur des terres palestiniennes privées, mais a ajouté que les propriétaires vivaient à l’étranger et avait laissé la propriété vacante suffisamment longtemps pour permettre aux résidents de s’y implanter.
« Nous étions des enfants à l’époque, et les adultes nous disaient que tout allait bien se passer », a-t-il dit, affirmant que les autorités les avaient laissé croire qu’ils ne seraient pas évacués pour occupation illégale.
Selon un responsable du ministère de la Défense, la colline d’Amona appartient à une dizaine de Palestiniens, et cela prendra du temps pour déterminer le ou les propriétaires des 4 hectares qui auraient été achetées.
Depuis le mois de mars, Boaron et une dizaine de familles vivent à Amichai, la première implantation construite en 25 ans, conçue pour les évacués d’Amona. Leur communauté est située à l’est de l’implantation de Shiloh, au centre de la Cijsordanie.