Israël en guerre - Jour 347

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Netanyahu est « profondément désolé » de ne pas avoir pu « empêcher » le 7 octobre mais…

Le Premier ministre a indiqué au Time qu'il resterait en fonction "aussi longtemps que je penserai pouvoir contribuer à mener Israël vers un avenir sûr"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu en couverture du magazine Time, en août 2024. (Crédit : Times)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu en couverture du magazine Time, en août 2024. (Crédit : Times)

Benjamin Netanyahu a affirmé être « profondément désolé » que le groupe terroriste palestinien du Hamas ait pu attaquer Israël le 7 octobre et de ne pas avoir pu « l’empêcher ». Pour autant, le Premier ministre n’a pas été jusqu’à reconnaître explicitement son éventuelle responsabilité, dans une interview du 4 août publiée ce jeudi par le magazine américain Time.

Netanyahu, qui n’a jamais présenté d’excuses pour l’échec de son gouvernement et son appareil sécuritaire face à la pire attaque de l’histoire d’Israël, a été interrogé par Eric Cortellessa (un ancien journaliste du TOI)  sur, justement, des excuses en bonne et due et forme.

« Présenter des excuses ? […] Bien sûr, évidemment. Je suis profondément désolé qu’une telle chose se soit produite. Et vous regardez en permanence en arrière et vous vous dîtes : ‘Aurions-nous pu faire quelque chose qui aurait permis d’éviter cela ?' », a-t-il répondu alors que la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza est entrée dans son onzième mois.

Netanyahu n’a pas officiellement assumé la responsabilité des échecs qui ont conduit à l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien sur le sud d’Israël, et aurait tenté de rejeter la faute sur les chefs de la sécurité israélienne.

« J’ai dit qu’après la fin de la guerre, il y aura une commission indépendante qui examinera tout ce qui s’est passé avant, et tout le monde devra répondre à des questions difficiles, moi y compris. »

Cortellessa l’a également interrogé, de manière complètement hypothétique, pour savoir quelle aurait été sa position si un adversaire politique avait été au pouvoir en Israël le 7 octobre et avait subi le pire échec sécuritaire de l’histoire du pays.

Un homme brandissant une pancarte avec une image représentant celle du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une manifestation contre son gouvernement et pour demander la libération des otages détenus dans la bande de Gaza par le groupe terroriste du Hamas, à Tel Aviv, le 30 mars 2024. (Crédit : Maya Alleruzzo/AP)

« Cela dépend de ce qu’ils feraient. Que feraient-ils ? Seraient-ils capables de mener le pays à la guerre ? Pourraient-ils le mener à la victoire ? Pourraient-ils garantir que la situation d’après-guerre sera une situation de paix et de sécurité ? Si la réponse était ‘oui’, ils devraient rester au pouvoir. »

Cela aurait dépendu d’une éventuelle « victoire » militaire, a ajouté Netanyahu, confronté depuis des mois à des manifestations de ses concitoyens contre sa manière de conduire la guerre et qui implorent le retour des otages détenus dans la bande de Gaza.

Ces dirigeants « auraient-ils pu assurer que l’après-guerre rime avec paix et sécurité ? Si la réponse est ‘oui’, alors ils devraient rester au pouvoir », a-t-il ajouté, toujours de manière totalement hypothétique.

« Quoi qu’il en soit, c’est la décision du peuple. »

« Avec le recul, était-ce une erreur d’autoriser les Qataris à transférer de l’argent à Gaza ? », a demandé Cortellessa.

« Je ne pense pas que cela ait fait une si grande différence, parce que la question principale était le transfert d’armes et de munitions du Sinaï vers Gaza. C’est ce qui les a poussés à agir – ce n’était pas tant une question d’argent que de disponibilité. C’était une question de disponibilité, et c’est pourquoi j’insiste maintenant pour couper cette voie d’approvisionnement pour la, euh, dans la période post-Hamas, afin que vous n’ayez pas à réapprovisionner la résurgence du terrorisme », a répondu le Premier ministre.

Sa principale erreur, selon le Time, qu’il a fait valoir dans l’interview, a été d’accéder à la réticence antérieure de son cabinet de sécurité à mener une guerre totale.

« Le 7 octobre a montré que ceux qui disaient que le Hamas était dissuadé avaient tort. Je n’ai pas suffisamment remis en question l’hypothèse commune à toutes les agences de sécurité. »

Dans cet interview, dont la transcription a également été publiée dans son intégralité, Netanyahu a défendu son attitude consistant à autoriser le soutien financier à l’administration du Hamas dans la bande de Gaza pendant les nombreuses années où le groupe terroriste a fonctionné comme le gouvernement de facto de l’enclave, jusqu’à la guerre en cours.

« Il ne s’agissait pas de financer le Hamas », a déclaré Netanyahu à propos de l’argent qatari qui a afflué à Gaza sous sa direction. « Il s’agissait en fait de soutenir l’administration civile qui était gérée par divers responsables, dont beaucoup n’appartenaient pas au Hamas. » Les gouvernements israéliens successifs – et pas seulement le sien, a noté le Premier ministre – « voulaient s’assurer que Gaza dispose d’une administration civile opérationnelle pour éviter un effondrement humanitaire ».

Il a également réfuté le fait que l’argent qui afflue à Gaza soit responsable de la capacité du Hamas à mener à bien son assaut du 7 octobre, affirmant que « le principal problème » était la contrebande d’armes et de munitions en provenance d’Égypte, et déclarant à propos de l’argent qatari : « Je ne pense pas qu’il ait fait une si grande différence. »

En outre, il a ajouté que l’argent du Qatar « ne m’a pas empêché de mener trois campagnes militaires à part entière contre le Hamas ».

Des personnes manifestant contre le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et demandant la libération des otages détenus dans la bande de Gaza par le Hamas, à Jérusalem, le 27 juin 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)

Ces précédentes opérations, qui ont dégradé les capacités du groupe terroriste mais se sont soldées par des cessez-le-feu et des retraits israéliens, n’ont pas permis d’éradiquer totalement le groupe terroriste car « cela aurait nécessité une incursion terrestre de grande envergure pour laquelle nous n’avions aucune légitimité interne ou internationale », a-t-il affirmé.

« Pourquoi n’avez-vous pas éliminé le Hamas plus tôt ? Vous auriez pu aller jusqu’au bout en 2014 ? »

« Non je ne pouvais pas […] Il n’y avait pas de consensus. Il y avait, en réalité, un consensus parmi les militaires pour dire que nous ne devions pas le faire. Mais surtout, on peut passer outre l’armée, mais on ne peut pas, on ne peut pas agir dans le vide. Il n’y avait aucun soutien public, aucun soutien national pour une telle action. Il n’y avait certainement pas de soutien international pour une telle action, et vous avez besoin des deux pour – ou au moins de l’un d’entre eux pour prendre une telle action. Je pense que cela est devenu évident juste après le massacre du 7 octobre », a répondu Netanyahu.

« L’armée et les agences de renseignement israéliens ont averti que votre refonte du système judiciaire divisait Israël, et que le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah et le Hamas y voyaient un affaiblissement de la [capacité de] dissuasion israélienne. Pourquoi ne les avez-vous pas écoutés ? »

« En réalité, ils ont tenu à dire que ce n’était pas le cas à Gaza. Ils ont déclaré que cela pourrait affecter la communauté dans son ensemble, d’autres parties du Moyen-Orient, mais ils ont été tout à fait spécifiques sur le fait que cela n’a pas, n’a pas affecté Gaza. Mais le plus important, c’est que je pense que ce qui les a vraiment affectés, si c’est le cas, c’est l’idée que quelqu’un refuse de servir. Le refus de servir en raison d’un débat politique interne. Je pense que, s’il y a eu un effet, c’est bien celui-là… »

« Pensez-vous que le Hamas et le Hezbollah ont vu cela comme une ouverture, le fait que votre société était si éclatée et divisée ? »

« Je ne pense pas que cela ait été le facteur déterminant. Ils sont de toute façon déterminés à nous rayer de la carte. C’est la position du Hamas depuis le début, et les plans pour cette attaque ont en réalité précédé la refonte judiciaire de, laissez-moi vérifier, mais je pense que c’est d’environ un an », a répondu Netanyahu.

« Le président Trump m’a dit que vous avez été ‘critiqué à juste titre’ pour le 7 octobre. A-t-il tort ? »

« Je ne vais pas entrer dans une dispute, mais je dirais – critiqué pour quoi ? »

« Parce que cela s’est produit pendant votre mandat », a poursuivi Cortellessa.

« Eh bien, vous savez, quand cela se produit sous votre garde, je suppose que j’ai ressenti la même chose que le président Roosevelt après Pearl Harbor, et le président George W. Bush après le 11 septembre. Quand cela se produit pendant votre mandat, vous essayez de voir comment cela aurait pu être évité. Mais en ce moment, quelle est ma responsabilité ? De gagner la guerre, de faire en sorte que cela ne se reproduise plus, de détruire les capacités armées du Hamas pour que cela ne se reproduise plus. »

« Je ne me préoccupe pas de mon maintien sur la scène politique »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprimant lors de la commémoration d’État pour Zeev Jabotinsky, au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem, le 4 août 2024. (Crédit : Naama Grynbaum/Pool Photo via AP)

Interrogé sur son avenir politique, Netanyahu a déclaré au Time : « Je resterai en poste tant que je pense pouvoir contribuer à mener Israël vers un avenir de sécurité, de sécurité durable et de prospérité. »

Il a rejeté l’accusation selon laquelle il aurait prolongé la guerre et saboté un accord de « trêve contre libération d’otages » afin de rester Premier ministre. En mai, le président américain Joe Biden a déclaré que les gens avaient « toutes les raisons de croire » que c’était le cas.

« C’est tout simplement faux », a déclaré Netanyahu à propos de cette accusation. « Je n’en ai pas besoin. Je ne me préoccupe pas de ma préservation politique ». Il a qualifié de « canular » l’affirmation selon laquelle il prolongerait la guerre, ajoutant : « J’essaie de mettre fin à la guerre le plus rapidement possible. »

Mais le Premier ministre a rejeté l’idée de conclure un accord avec le Hamas pour ramener les otages restants en échange de la fin de la guerre, si cela laissait le groupe terroriste palestinien au pouvoir.

« Laisser [le Hamas] en place ne signifie pas seulement qu’il aurait la capacité de répéter la sauvagerie du 7 octobre, mais d’aller bien au-delà », a-t-il déclaré.

Netanyahu a déclaré qu’il était « déterminé, totalement déterminé, à libérer tous les otages », mais il a fait valoir que l’élimination du Hamas et le retour des otages étaient « en réalité des objectifs complémentaires ». Le processus de négociation, a-t-il dit, est « totalement fonction de la pression que nous exerçons sur le Hamas ».

Interrogé sur l’effet de la guerre, qui dure maintenant depuis dix mois, sur l’image publique d’Israël, Netanyahu a déclaré que lorsque le monde traite Israël comme un paria, « cela en dit long sur le monde, pas sur Israël ».

Il a fait des commentaires similaires sur les manifestations anti-Israël sur les campus universitaires aux États-Unis. « Cela me préoccupe », a-t-il déclaré.

Des manifestants anti-Israël du campus de l’Université de Columbia déployant une banderole alors qu’ils se barricadent à l’intérieur du Hamilton Hall, lui donnant le nom d’un enfant palestinien prétendument tué par Israël à Gaza dans le cadre de la guerre en cours avec le Hamas, à New York City, le 30 avril 2024. (Crédit : Alex Kent/Getty Images via AFP)

« Bien sûr, cela me préoccupe. Mais je pense que cela devrait également préoccuper l’Amérique. Car lorsque la jeune génération soutient ces meurtriers, ces violeurs, ces décapiteurs de femmes, ces brûleurs de bébés, c’est que l’Amérique a un problème. Ce n’est pas un problème qu’a Israël. »

Netanyahu a rejeté les accusations selon lesquelles Israël aurait poursuivi son incursion dans Gaza sans éthique ou sans respect du droit international.

Le ratio entre le nombre de terroristes et le nombre de civils tués est d’environ un pour un, a-t-il souligné, ce qui est « une réussite étonnante » compte tenu du nombre élevé de civils tués dans les guerres urbaines.

Netanyahu a également indiqué que le taux de mortalité civile avait diminué au fur et à mesure que la guerre avançait, précisant que dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, plus de 1 500 terroristes avaient été tués et seulement « quelques dizaines » de civils, la plupart d’entre eux ayant été tués lors d’un seul incident, lorsqu’une bombe de petit diamètre a touché un dépôt d’armes du Hamas, provoquant une explosion secondaire involontaire.

Tous ces commentaires sont plus ou moins une répétition de son discours prononcé au Congrès en juillet dernier.

En ce qui concerne sa politique intérieure, Netanyahu a défendu l’inclusion des ministres d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich dans sa coalition, qualifiant leurs nominations en tant que ministre de la Sécurité nationale et ministre des Finances, respectivement, de « répartition naturelle », ajoutant : « C’est ce que les électeurs ont décidé. »

Il a rejeté l’affirmation selon laquelle Ben Gvir, dans sa supervision de l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS), a favorisé un environnement propice aux abus, dans le cadre d’une enquête en cours sur l’agression sexuelle présumée d’un détenu terroriste palestinien.

« S’il y a des transgressions, elles doivent faire l’objet d’une enquête et, si nécessaire, de poursuites judiciaires », a déclaré Netanyahu, qualifiant le système judiciaire israélien de « système juridique le plus indépendant de la planète ».

Le Premier ministre a également rejeté les accusations selon lesquelles Smotrich, dans sa surveillance des implantations en Cisjordanie, travaille au nom du gouvernement pour saboter une solution à deux États.

« Je n’ai pas cherché l’annexion », a déclaré Netanyahu, « notre objectif est de parvenir à une solution négociée ». Le Premier ministre a déclaré à maintes reprises que sa vision pour les Palestiniens est « qu’ils devraient avoir leur propre auto-gouvernance, mais ils ne devraient pas avoir le pouvoir de nous menacer ».

En ce qui concerne Gaza, Netanyahu a déclaré qu’un plan visant à remplacer le Hamas devait être axé sur « la démilitarisation et la déradicalisation », soulignant qu’Israël devait garder le contrôle du couloir dit de « Philadelphi », qui sépare l’Égypte de la bande de Gaza, pour des raisons de sécurité.

La déradicalisation de la population, a-t-il ajouté, signifie « changer ce qui est enseigné dans les écoles, ce qui est enseigné à la mosquée ».

Le Premier ministre a déclaré qu’il « aimerait voir une administration civile contrôlée par les habitants de Gaza, peut-être avec le soutien de partenaires régionaux », et a indiqué que son gouvernement « travaille » à commencer à en créer une.

Il a toutefois refusé de donner des détails sur les partenaires régionaux, déclarant : « Moins j’en parle, plus nous avons de chances de réussir. »

Après dix mois de guerre, l’armée israélienne poursuit son opération militaire contre le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza et qualifié de groupe terroriste par les États-Unis, l’Union européenne (UE) et Israël, notamment dans des zones dont elle avait affirmé avoir pris le contrôle.

La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

On estime que 111 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 39 otages dont le décès a été confirmé par l’armée. Deux autres personnes et deux corps de soldats retenus en otage avant la guerre se trouvent également à Gaza.

En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.

Près de 40 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël dit avoir tué 15 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.

À ce jour, 331 soldats israéliens ont été tués au cours de l’opération terrestre contre le Hamas et lors des opérations menées le long de la frontière de Gaza.

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