Nouveau départ pour He’Brew Shmaltz Brewing aux USA, avec un futur rabbin à la barre
Jesse Epstein, 26 ans, entend utiliser la boisson populaire pour promouvoir le judaïsme, tout en s'inspirant du Talmud pour sa nouvelle gamme de bières
JTA – La dernière bouteille de bière de la société américaine Shmaltz Brewing semblait avoir été embouteillée, jusqu’à l’intervention d’un rabbin en devenir, dans un projet de renouveau juif.
La marque de bière artisanale juive, plus connue pour sa gamme de boissons « He’Brew : The Chosen Beer », un jeu de mots mêlant langue hébraïque et brassage de bière, avait fermé ses portes l’année dernière après 25 ans d’existence lorsque son fondateur, Jeremy Cowan, a déclaré vouloir se concentrer sur ses autres activités. Elle vient de trouver un nouveau propriétaire : Jesse Epstein, 26 ans, un étudiant en rabbinat réformé au Hebrew Union College, qui a découvert le brassage à domicile pendant la pandémie de COVID et a commencé à chercher des moyens d’intégrer son amour pour la bière à ses activités rabbiniques.
« L’idée d’une brasserie juive a commencé à germer dans mon esprit : comment combiner ces deux grandes passions », a déclaré Epstein à la Jewish Telegraphic Agency.
Lorsqu’il a appris que Cowan liquidait Shmaltz, Epstein a sauté sur l’occasion pour acquérir ce qui se rapprochait le plus d’une marque juive historique dans le monde de la bière – même s’il lui reste deux ans et demi d’études et qu’il est actuellement stagiaire rabbinique à la synagogue Sinai de Saratoga Springs, dans l’État de New York.
« J’aurais pu attendre d’être ordonné pour le faire, j’aurais alors eu plus de temps à ma disposition, mais je ne voulais pas rater cette occasion », a déclaré Epstein, refusant de révéler combien il avait payé pour acquérir le label. Cowan a accepté la proposition et conserve son siège dans l’entreprise en tant que propriétaire minoritaire et consultant.
Fondée à San Francisco en 1996, mais désormais basée à Clifton Park, dans l’État de New York, Shmaltz a été pendant 25 ans le roi de la bière artisanale juive, avec des bières à la mode comme la David’s Slingshot Hoppy Summer Lager, une bière de Hanoukka aromatisée aux beignets à la confiture, et une Babka Loves Rugelach stout (brassée avec du chocolat, de la cannelle et des raisins secs). Tout au long de son histoire, la brasserie a acquis une certaine notoriété et réalisé de bonnes ventes. En 2010, Cowan a publié ses mémoires, Craft Beer Bar Mitzvah. L’année dernière, après avoir annoncé qu’il allait fermer boutique, Cowan a sorti la bière Exodus Ale en guise de chant du cygne.
Les objectifs d’Epstein sont différents. Étudiant en rabbinat et préoccupé par les sondages montrant une diminution de l’intérêt parmi les Juifs américains pour les institutions réformées et conservatrices, il a déclaré que son objectif avec Shmaltz était d’utiliser la bière comme un moyen de redéfinir la notion de synagogue et de lieux de rassemblement communautaires juifs.
« Qu’est-ce qui, dans nos valeurs juives, peut être utilisé pour enrichir nos pratiques alimentaires ? a-t-il demandé. « Comment, à travers la bière, pouvons-nous intégrer nos principes d’accueil de l’étranger, de libération du prisonnier et de don de la vue à l’aveugle ? »
Le nouveau Shmaltz, qui travaille pour l’instant avec une équipe entièrement bénévole, fait de la pratique et des rituels juifs une partie intégrante de son image de marque.
Sa première année aux mains d’Epstein se déroulera à travers une série de pop-ups en partenariat avec divers groupes juifs, à commencer par une fête de lancement prévue pour Hanukkah le 17 décembre avec la communauté juive de Brooklyn.
Epstein explique que lors de ces rassemblements, les participants se livreront au même type d’activités que celles auxquelles ils se livrent habituellement à la synagogue : « Construire une communauté, faire le bien, étudier un texte, mais autour d’une pinte de bière ». Il voit Shmaltz comme l’équivalent de programmes communautaires pour adolescents juifs, tels que Moishe House, OneTable et Base. Mais il a précisé qu’il s’appuiera sur un modèle commercial à but lucratif plutôt que de compter sur un soutien institutionnel juif.
Dans un premier temps, Epstein puisera dans les stocks restants de Shmaltz pour produire les bières qu’il distribuera lors des pop-ups, et il s’abstiendra de créer de nouveaux produits et de les distribuer. Mais il espère un jour commencer à brasser ses propres sélections, dont l’inspiration est résolument plus talmudique que les offres précédentes du label : il envisage une bière sur le thème de Pourim appelée « Shushan Beer-a » (un jeu de mots sur la première ligne de la Megillah, le rouleau que les Juifs lisent lors de cette fête) et, finalement, des bières inspirées par chacune des portions hebdomadaires de la Torah. Les étiquettes de la marque comprendront désormais une bénédiction juive pour la bière, en hébreu et en anglais.
À terme, Epstein a déclaré qu’il aimerait diriger Shmaltz à plein temps : « Cela pourrait devenir mon rabbinat ».