Nouveaux échanges tendus entre Washington et Téhéran malgré la pandémie
Trump avait tweeté que "l'Iran et ses protégés préparent une attaque sournoise contre des troupes américaines", prévenant que "si cela a lieu, l'Iran en paiera un prix très élevé"
L’Iran n’agit qu’en « légitime défense », a rétorqué jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères après une mise en garde du président américain Donald Trump contre une nouvelle attaque visant les troupes américaines en Irak, dans un nouveau regain de tensions entre les deux pays.
« Contrairement aux Etats-Unis – qui mentent, trompent, et assassinent –, l’Iran agit uniquement dans le cadre de la légitime défense », a écrit le ministre iranien Mohammad Javad Zarif sur Twitter.
Mercredi soir, M. Trump avait assuré que son pays ne voulait « pas d’hostilités » avec les Iraniens. « Mais s’ils nous sont hostiles, ils vont le regretter comme jamais auparavant », avait-il ajouté.
« Ne soyez pas, ENCORE UNE FOIS, trompés par les bellicistes habituels », a affirmé le ministre iranien jeudi, ajoutant que « l’Iran ne commence pas les guerres, mais il donne une leçon à ceux qui le font ».
Le président américain avait tweeté mercredi que « selon nos informations (…), l’Iran et ses protégés préparent une attaque sournoise contre des troupes américaines et/ou des installations en Irak », prévenant que « si cela a lieu, l’Iran paiera un prix très élevé ».
M. Zarif a encore dit jeudi sur Twitter que « l’Iran a des AMIS : personne ne peut avoir des MILLIONS de ‘protégés' ».
L’Iran a mis en garde les Etats-Unis mercredi contre le risque d’entraîner le Moyen-Orient dans une « situation désastreuse » en pleine crise du nouveau coronavirus, après le déploiement par Washington de missiles Patriot sur le sol de l’Irak voisin.
Des Patriot sont notamment en cours d’assemblage sur la base aérienne irakienne d’Aïn al-Assad depuis plus d’une semaine, ont indiqué lundi des responsables militaires américain et irakien sous couvert d’anonymat.
En janvier, des missiles tirés d’Iran ont fait une centaine de blessés à Aïn al-Assad, où sont toujours postés des centaines de militaires américains, en riposte à l’assassinat par les Etats-Unis sur le sol irakien du puissant général iranien Qassem Soleimani et son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis.
Contexte de pandémie
En mars, une attaque à la roquette sur la base de Taji, au nord de Bagdad, a tué deux soldats américains et un britannique, relançant les craintes d’une escalade en Irak et avec l’Iran voisin, régulièrement jugé responsable par Washington d’être derrière ces tirs.
Depuis fin octobre, 23 attaques à la roquette ont visé des intérêts américains en Irak, alors que des factions armées pro-Iran appellent régulièrement à bouter les Américains hors du pays.
Jeudi, le général Mohammad Baghéri, chef d’état-major iranien, a nié l’implication de son pays dans ces attaques « dont les Etats-Unis nous accusent parfois ».
Pour lui, ces attaques sont une « réaction naturelle » du peuple irakien face à la présence militaire américaine en Irak.
« L’Iran n’est pas impliqué dans ces actions et n’a pas l’intention d’attaquer des forces étrangères », a-t-il assuré, cité par l’agence Isna, soulignant toutefois que Téhéran répondrait avec force en cas d’agression.
L’Iran, qui compte officiellement 3 160 décès dus au nouveau coronavirus, est l’un des pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19.
Déjà affaibli par les sanctions imposées par Donald Trump depuis qu’il a claqué la porte en 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien, Téhéran semble avoir le plus grand mal à contrer la pandémie.
Dans ce contexte de pandémie, le président iranien Hassan Rohani a estimé mercredi que les Etats-Unis avaient raté une « opportunité historique » de lever leurs sanctions.
Ces sanctions peuvent frapper toute banque ou entreprise commerçant avec Téhéran, y compris non-américaine, dès lors qu’elle opère en dollars ou a des activités aux États-Unis.
L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, encore parties à l’accord sur le nucléaire, ont récemment indiqué avoir livré du matériel médical à l’Iran dans le cadre du mécanisme de troc Instex permettant de contourner les sanctions américaines, utilisé pour la première fois.