Omar appelle à une suspension des aides de Washington à Israël
Tlaib a comparé l'Etat hébreu à l'apartheid d'Afrique du Sud lors d'une conférence de presse sur le projet de voyage à Jérusalem et en Cisjordanie des deux membres du Congrès
![Les représentantes Ilhan Omar et Rashida Tlaib à une conférence de presse à St Paul, dans le Minnesota, le 19 août 2019. (Crédit : AP Photo/Jim Mone) Les représentantes Ilhan Omar et Rashida Tlaib à une conférence de presse à St Paul, dans le Minnesota, le 19 août 2019. (Crédit : AP Photo/Jim Mone)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2019/08/Untitled-2-8-640x400.jpg)
Les représentantes américaines Ilhan Omar, du Minnesota et Rashida Tlaib du Michigan, ont fustigé le refus d’Israël de les accueillir dans le pays en raison de leur soutien au boycott de l’Etat hébreu. Omar a ajouté que Washington devrait suspendre ses aides à Israël et que la décision de Jérusalem était incompatible avec sa position d’allié des Etats-Unis et de démocratie.
Tlaib et Omar, qui avaient planifié une visite à Jérusalem et en Cisjordanie lors d’une visite organisée par un groupe palestinien farouchement anti-Israélien, sont de fervents critiques d’Israël et soutiens du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’Etat hébreu.
Israël a refusé l’entrée jeudi aux deux élues – premières femmes musulmanes à intégrer le Congrès – en vertu d’une loi de 2017 interdisant l’entrée en Israël à tous les partisans du boycott, et quelques heures après que le président américain a tweeté que l’Etat hébreu ferait preuve de faiblesse s’il autorisait leur entrée. Le mois dernier, Israël avait accordé à Tlaib et Omar une autorisation d’entrée de principe.
Lundi, durant une conférence à Saint Paul, dans le Minnesota, Omar a déclaré que les actions d’Israël étaient incompatibles avec son statut de démocratie ou d’allié des Etats-Unis.
Elle a rejeté les affirmations selon lesquelles elle n’avait pas eu l’intention de rencontrer des responsables israéliens, affirmant qu’elle avait prévu des entretiens avec des députés arabes israéliens, des représentants de l’ONG controversée Breaking the Silence et d’autres responsables.
Omar a déclaré que la décision de leur interdire l’entrée n’était « rien d’autre qu’une tentative visant à supprimer notre capacité à mener notre mission en tant qu’élus », affirmant que si la décision du Premier ministre était « sans précédent » pour des membres du Congrès, il s’agissait d’une politique habituelle contre les Palestiniens « et ceux qui adoptent des positions qui menacent l’occupation ».
Elle a mentionné la tentative d’Israël d’expulser le directeur américain d’Human Rights Watch en Israël, Omar Shakir, après l’avoir accusé de défendre le boycott de l’Etat hébreu, ce qu’il dément. Son audience a été reportée à plusieurs reprises.
« Ces actions n’agissent pas en faveur de la paix – mais à l’inverse, elles empêchent la paix et renforcent l’occupation », a dit Omar.
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« Heureusement, les Etats-Unis ont un rôle constructif à jouer », a-t-elle dit. « Nous donnons à Israël plus de 3 milliards d’aides chaque année, parce que c’est un allié important dans la région et ‘la seule démocratie au Moyen Orient’. »
« Mais refuser l’entrée d’élus officiels de pays amis n’est pas digne d’un pays allié, et refuser à des millions de personnes la liberté de mouvement, d’expression, et le droit à l’auto-détermination n’est pas compatible avec le statut de démocratie. »
Elle a déclaré que Jérusalem devrait « arrêter l’expansion des implantations en territoire palestinien, et assurer les droits des Palestiniens si nous devons leur donner une assistance. »
Elle a encouragé les autres membres du Congrès à venir en Israël, affirmant : « je comprends et j’apprécie que des membres du Congrès évitent de se rendre en Israël jusqu’à ce que Rashida et moi-même y soyons autorisées. Cependant, je les encourage à rencontrer les personnes que nous devions rencontrer, à voir ce que nous devions voir, à entendre les histoires que nous devions entendre ».
Omar a conclu en disant que Trump et Netanyahu ne réussiront pas « à nous dissimuler la cruelle vérité de l’occupation », ajoutant que « l’occupation est réelle, la cacher ne la fera pas disparaître ».
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Tlaib, qui est d’origine palestinienne et sa grand-mère vit en Cisjordanie, a fondu en larmes en décrivant les difficultés que ses proches subiraient.
Elle a raconté avoir « observé ma mère traverser des checkpoints déshumanisants ».
« Je me souviens trembler de peur quand des checkpoints ont été installés près de Beit Ur al-Fauqa », a-t-elle poursuivi, et a ajouté que son père avait été « harcelé » par les forces de l’ordre israélienne à Jérusalem-Est.
« Tout ce que je peux faire, en tant que petite-fille, c’est de l’humaniser, elle, sa souffrance, et le peuple palestinien », a-t-elle dit au sujet de sa grand-mère.
Tlaib a comparé Israël à l’apartheid en Afrique du Sud, affirmant que « l’histoire se répète » depuis que l’Afrique du Sud a refusé, dans le passé, l’entrée à un membre du Congrès.
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Hogan Gildey, porte-parole de la Maison Blanche, a maintenu les critiques de l’administration américaine vis-à-vis des deux élues lundi.
« Les membres du Congrès Rashida Tlaib et Ilhan Omar ont de lourds antécédents de propos historiques, de publications antisémites sur les réseaux sociaux et de relations antisémites », a-t-il écrit dans un communiqué. « Israël est en droit d’empêcher ceux qui veulent sa destruction d’entrer dans le pays – et les demandes inutiles des Démocrates ici en Amérique ne peuvent pas changer les lois qu’Israël a adoptées pour se protéger. »
Avant la décision d’Israël, Trump avait tweeté que ce serait un « signe de faiblesse » s’il acceptait de laisser entrer deux élues musulmanes et pro-palestiniennes. Israël contrôle les entrées et les sorties de Cisjordanie, qu’il a capturé en 1967 avec Jérusalem Est et la bande de Gaza, des territoires que les Palestiniens revendiquent pour l’État auquel ils aspirent. Israël s’est retiré de Gaza en 2005 et est depuis contrôlé par le groupe terroriste du Hamas.
Les recommandations de Trump à un pays étranger sur l’entrée d’élus américains – et la décision d’Israël – a été sans précédent et a été vivement critiquée par des Israéliens et des fervents défenseurs d’Israël au Congrès.
Certains ont estimé que la décision de Netanyahu pourrait créer un fossé dans le soutien bipartite pour Israël, et menaçait de miner les liens entre les pays alliés. Des médias israéliens ont affirmé que Netanyahu a agi sous la pression du président Trump.
Netanyahu a déclaré dimanche que si Israël respecte tous les membres du Congrès et a comme politique de leur accorder systématiquement une autorisation d’entrée dans le pays, il n’ouvrait pas les portes à ceux qui boycottent l’Etat hébreu.
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Tlaib et Omar sont de ferventes partisanes du mouvement BDS contre Israël.
La semaine dernière, le ministère de l’Intérieur Aryeh Deri avait ajouté que Tlaib avait déposé une requête humanitaire pour rendre visite à sa grand-mère en Cisjordanie, ce qui lui a été accordé. Le bureau de Deri a diffusé une lettre signée de Tlaib, dans laquelle elle s’engageait à respecter les exigences d’Israël et à ne pas s’adonner à la promotion du boycott pendant son séjour. Mais elle a rapidement annoncé sur Twitter qu’elle renonçait à rendre visite à sa grand-mère, en Cisjordanie, à cause des « conditions oppressives » imposées, selon elle, par Israël, dont elle a dénoncé les « politiques racistes » dans un tweet.
Les deux élues au Congrès font partie d’une nouvelle « brigade » de nouveaux élus progressistes – toutes des femmes de couleurs – que Trump a élevé en figure de proue du parti démocrate, alors qu’il se présente à sa réélection. Il a rédigé une série de tweets racistes le mois dernier, dans lequel il les invite à « retourner » dans leurs pays « brisés ». Omar est née en Somalie, et est devenue américaine après avoir été réfugiée de guerre, – les trois autres femmes sont nées aux Etats-Unis.