Où que vivent les Gazaouis, la seule promesse d’un avenir meilleur est une éducation glorifiant la vie
Le retour du président américain coïncide avec l'interdiction de l'UNRWA par Israël ; s’il veut faire régner la paix, Trump doit remanier en profondeur les programmes éducatifs de Gaza
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Difficile de savoir ce que le président américain Donald Trump a en tête lorsqu’il évoque la nécessité de « nettoyer » la bande de Gaza. Parle-t-il du déplacement permanent de l’ensemble de la population palestinienne vers d’autres pays de la région et au-delà, permettant ainsi à Israël de reprendre le contrôle du territoire, comme le suggèrent certains membres du gouvernement Netanyahu ? Ou bien envisage-t-il une évacuation temporaire pour reconstruire l’enclave avant d’y ramener ses habitants ? Est-ce une idée qui lui a été suggérée et qui lui semble attrayante sur le principe, ou s’agit-il d’un projet politique sérieux ?
Quoi qu’il ait en tête, et aussi radicale que puisse paraître son approche, celle-ci mérite d’être prise en compte. Non seulement parce qu’il est l’homme le plus puissant du monde libre, mais aussi parce qu’il est revenu au pouvoir en affirmant sa volonté de mettre fin aux guerres et de favoriser la paix. Son arrivée a d’ailleurs permis de concrétiser un accord de cessez-le-feu, prévoyant la libération d’otages détenus à Gaza en échange de prisonniers sécuritaires palestiniens, un compromis resté inatteignable durant les 13 mois suivant la trêve d’une semaine en novembre 2023.
Si l’on envisage cette option comme une solution réaliste et durable, il convient de rappeler qu’il est totalement illusoire de penser qu’un simple déplacement massif de population, temporaire ou permanent, suffirait à atténuer la brutalité meurtrière qui a marqué la gouvernance du Hamas sur la bande de Gaza.
Déplacer jusqu’à deux millions de Gazaouis – qu’ils soient membres du Hamas, partisans du mouvement ou victimes de son régime – vers l’Égypte, la Jordanie ou l’Indonésie ne ferait qu’exporter l’idéologie monstrueuse et les « compétences » qui ont permis à 3 000 terroristes dirigés par le Hamas d’envahir Israël, sans provocation, le 7 octobre 2023, pour y commettre un véritable pogrom au cours duquel ils ont assassiné plus de 1 200 personnes de tous âges et de toutes confessions pour avoir commis le crime de se trouver en Israël, et d’en enlever 251 autres.
Pire encore, un tel déplacement risquerait de déstabiliser profondément la Jordanie, déjà confrontée à la montée de l’extrémisme islamiste, ainsi que l’Égypte, qui a frôlé une prise de pouvoir par les extrémistes islamiques sous l’ancien président des Frères musulmans, Mohamed Morsi, ou tout autre pays désireux ou contraint de jouer le rôle d’hôte.

Les premiers jours de Trump à la Maison Blanche semblent toutefois signaler la possibilité d’un changement radical, susceptible d’ouvrir la voie à une résolution durable du conflit israélo-palestinien et à la marginalisation progressive de l’idéologie génocidaire et antisémite du Hamas, du Hezbollah et de leurs soutiens iraniens : une refonte en profondeur de l’éducation palestinienne.
Mardi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, l’envoyé de l’administration Trump a exprimé un soutien sans réserve – une position isolée, faut-il le souligner, face aux autres diplomates « éclairés et avisés » – aux nouvelles lois israéliennes, qui entreront en vigueur jeudi, pour interdire les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et mettront fin à toute coopération avec l’agence dans ses opérations à Gaza et en Cisjordanie.
Comme le rapporte le New York Times, « les lois israéliennes visent une organisation vieille de 75 ans, qui a joué un rôle central dans l’acheminement de l’aide humanitaire à deux millions de Palestiniens à Gaza, au moment même où un cessez-le-feu fragile se met en place dans cette région. L’UNRWA soutient également les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. »
Sauf que, loin de les aider, l’UNRWA, bien au contraire, ne fait que perpétuer leur souffrance. Contrairement aux autres agences onusiennes, qui œuvrent au retour à une vie normale des réfugiés, l’UNRWA maintient le statut de réfugié pour quelque six millions de Palestiniens, génération après génération, sous prétexte qu’ils descendent des populations arabes déplacées lors de la guerre d’Indépendance de 1948. Ce faisant, elle alimente l’illusion pernicieuse selon laquelle ces millions de Palestiniens, plutôt que d’accepter ce que les dirigeants arabes ont rejeté en 1947-1948 – un tout premier État palestinien aux côtés de l’État d’Israël tardivement ressuscité – pourront un jour « revenir » pour anéantir le seul État à majorité juive du monde par le seul poids du nombre.
Le New York Times cite également Ryad Mansour, représentant palestinien auprès de l’ONU, accusant Israël de chercher à démanteler l’UNRWA afin de priver les réfugiés palestiniens de leur statut et de leur prétendu « droit au retour » sur leurs anciennes terres. En réalité, cette revendication du « droit au retour », soutenue par l’UNRWA, incarne une exigence palestinienne difficilement acceptable, cautionnée par l’UNRWA, qui équivaudrait un véritable suicide pour Israël. Elle stipule que les Palestiniens ne se verraient pas seulement accorder un État à part entière, mais en plus, le « droit » de s’établir dans l’État voisin d’Israël, réalisant ainsi l’objectif inscrit sur les affiches brandies lors des protestations : une Palestine « du fleuve à la mer ».
Lors de la même session du Conseil de sécurité de l’ONU, le directeur de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a dénoncé la législation israélienne, ciblant son agence, affirmant qu’elle « se moque du droit international ». Cela soulève la question de savoir ce que le droit international a à dire sur les politiques, les activités et les échecs de l’UNRWA, qui ont contribué à la création de ces lois en premier lieu.
Je pense, dans le contexte de la guerre actuelle, au licenciement par l’UNRWA de neuf de ses employés qui ont reconnu à contrecœur « avoir pu être impliqués » dans le massacre du 7 octobre ; aux accusations israéliennes selon lesquelles un plus grand nombre d’employés seraient impliqués et affiliés au Hamas, et qu’en réalité, ce serait 10 % des employés de l’UNRWA à Gaza ayant des liens avec des groupes terroristes.
Il y a aussi le fait que le terroriste qui a enlevé la dépouille de Jonathan Samerano, un Israélien, du kibboutz Beeri, était Faisal Ali Mussalem al-Naami, un travailleur social de l’UNRWA.

Puis le fait qu’un centre de données souterrain clé du Hamas aient été construits directement sous le siège de l’UNRWA à Gaza, accessibles par un réseau de tunnels sous une école de l’UNRWA, et alimentés directement par des câbles électriques provenant de la propre salle de serveurs de l’UNRWA, située au-dessus.

Ou encore cette accusation d’Israël, documentée par le New York Times le mois dernier, selon laquelle au moins 24 personnes employées dans 24 écoles différentes de l’UNRWA, pour la plupart des directeurs ou des directeurs adjoints, seraient presque tous des terroristes actifs du Hamas ou du Jihad islamique palestinien. (Au moment de l’invasion du Hamas, l’UNRWA gérait près de 300 écoles à Gaza et y employait des milliers de personnes).
Puis, toujours selon l’aveu tardif de l’UNRWA, je pense à ce commandant du Hamas au Liban, Fateh Sherif Abu el-Amin, tué lors d’une frappe aérienne israélienne en septembre, qui dirigeait une école de l’UNRWA.
Tout en insistant sur sa volonté de coopérer avec d’autres agences d’aide de l’ONU ou autres, Israël n’a pas réussi à se préparer correctement à la réalité de l’après-UNRWA, comme l’a rapporté ici ma collègue Tal Schneider mardi dernier. Par conséquent, la marginalisation de l’UNRWA pourrait bien obliger Israël à combler le vide à Jérusalem-Est, ce qui ne manquerait pas de créer des tensions plus profondes en Cisjordanie et à favoriser le Hamas à Gaza, en tant que seule organisation ayant les capacités de distribuer de l’aide – soit tout le contraire du résultat visé par la législation.
Tout cela met en évidence l’opportunité potentielle pour l’administration Trump, qui cherche, selon les termes du président, à « mesurer notre succès… par les guerres auxquelles nous mettons fin », et, plus précisément, à arrêter la violence qui, a-t-il noté, a toujours été associée à Gaza.
L’UNRWA, par sa gestion pernicieuse de la question des réfugiés, sa politique éducative, son personnel et sa supervision, ainsi que par la complicité de certains de ses employés dans les pogroms en Israël, qui ont déclenché la guerre et causé tant de dévastation à Gaza, a contribué à nourrir une intolérance fondamentale envers l’existence d’Israël. Ce faisant, elle a non seulement renforcé le Hamas, mais a également condamné Gaza à la tragique réalité actuelle.

La voie à suivre pour les Palestiniens de Gaza, ainsi que pour tous ceux qui interagissent avec eux, ne peut être tracée que par un leadership international et local profondément réinventé, un système de soutien renforcé, et, plus fondamentalement, un système éducatif et une éthique qui valorisent la tolérance, la coexistence et le respect de la dignité humaine. Ce principe doit s’appliquer partout, indépendamment du lieu où les gens vivent.
Président Trump, misez sur l’éducation. Changez les esprits et les cœurs. Tous les dirigeants sincèrement engagés pour la paix vous soutiendront.
Lors de votre investiture, vous avez promis que votre « plus grande fierté serait d’être un artisan de paix ». Cet objectif ne s’accomplira pas en un jour, mais c’est la voie à suivre.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel