« Nous nous opposons à l’effondrement de l’UNRWA en pleine guerre », dit un responsable israélien
L'officiel déclare que l'agence devra être expulsée de Gaza après le conflit mais il note que sa disparition, aujourd'hui, pourrait entraîner une crise humanitaire qui obligerait l'armée à stopper son offensive
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu est défavorable à l’arrêt immédiat des activités de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, l’UNRWA, a indiqué un haut-responsable israélien, mardi, alors même que certains pays occidentaux ont pris la décision de suspendre leurs financements à l’agence de l’ONU suite à des accusations qui ont affirmé qu’une douzaine de ses employés avaient pris part au massacre commis sur le sol israélien par le Hamas, le 7 octobre, et que des centaines d’autres salariés entretiendraient des liens avec le groupe terroriste.
« Si l’UNRWA arrête ses opérations sur le terrain, cela entraînera une catastrophe humanitaire qui obligera Israël à stopper son offensive contre le Hamas », a confié ce haut-responsable israélien au Times of Israel, sous couvert d’anonymat. « Ce ne serait pas dans l’intérêt d’Israël et ce ne serait pas davantage dans l’intérêt des alliés d’Israël ».
C’est la première fois qu’un message défendant le maintien des opérations de l’UNRWA au sein de l’enclave côtière est transmis par un officiel israélien depuis que l’Office, placé sous l’égide de l’ONU, a annoncé, vendredi, qu’il avait renvoyé plusieurs de ses employés après avoir reçu des preuves de leur implication dans l’attaque qui a été commise, le 7 octobre, dans le sud d’Israël – un assaut dévastateur qui avait fait 1200 morts environ, en majorité des civils. Les hommes armés du Hamas avaient aussi enlevé 253 personnes sur le sol israélien, prises en otage à Gaza.
L’UNRWA a indiqué avoir lancé une enquête indépendante. Ce qui n’a pas empêché les États-Unis – le principal donateur de l’agence – de faire savoir que tous les fonds versés par les Américains à l’agence étaient suspendus sous réserve des résultats des investigations. D’autres pays du monde entier ont suivi cet exemple, notamment l’Allemagne, l’Italie, la France, le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon et le Canada, ce qui a amené l’UNRWA à annoncer, lundi, que l’organisation risquait de devoir cesser ses opérations au sein de l’enclave côtière à la fin du mois de février si les financements devaient ne pas reprendre.
Le haut-responsable israélien a établi clairement que Jérusalem soutenait la décision prise par les autres pays, concernant le gel de leur financement de l’agence et il a souligné que tous les employés de l’UNRWA « qui sont impliqués dans des activités terroristes devront rendre des comptes ».
Un autre responsable israélien a confirmé auprès du Wall Street Journal, dans un entretien distinct, l’information qui a révélé qu’en plus des douze employés de l’UNRWA qui ont participé au massacre du 7 octobre, à peu-près 1 200 salariés – soit 10 % des personnels en poste à Gaza – de l’instance étaient liés au Hamas ou au Jihad islamique palestinien, selon les services de renseignement israéliens.
« Le Hamas va s’efforcer, à l’évidence, d’infiltrer toute organisation menant des opérations un secteur placé sous son contrôle. Ce serait d’ailleurs surprenant si ce n’était pas le cas », a dit le deuxième officiel.
La première source – le haut-responsable israélien – a affirmé que ces dernières accusations rendaient plus crédible la méfiance ressentie par l’État juif à l’égard de l’UNRWA. Cela fait longtemps qu’Israël estime que l’agence « perpétue le problème des réfugiés », qu’elle se livre à des incitations à la haine et au terrorisme dans ses écoles et qu’elle permet au Hamas d’utiliser ses structures pour ses activités terroristes.
« Nous pensons qu’à long-terme, l’UNRWA ne devra pas faire partie de la solution et qu’elle ne pourra pas faire partie du ‘lendemain du Hamas’, » a-t-il expliqué.
« Ceci étant dit, l’UNRWA est actuellement l’organisation internationale qui joue le rôle le plus déterminant, à Gaza, s’agissant de la livraison et de la distribution des aides humanitaires et parce qu’il n’y a actuellement aucune autre alternative, Israël ne réclame pas d’initiative qui viserait à la faire fermer », a-t-il ajouté.
Mardi également, le porte-parole du département d’État, Matt Miller, a fait savoir qu’une enveloppe de 300 000 dollars qui devait être versée à l’UNRWA avait été gelée suite à la décision prise par l’administration Biden de suspendre ses financements à l’agence.
Environ 121 millions de dollars avaient déjà été transférés à l’UNRWA entre le 1er octobre et la décision prise, vendredi, du gel des dons par les Américains. Habituellement, ces derniers fournissent à l’agence une somme de 300 à 400 millions de dollars par an – ce qui fait d’eux le premier soutien de l’agence dans le monde.
Le prochain versement majeur ne devrait pas être effectué avant l’été mais son montant dépendra des fonds alloués par le Congrès dans le cadre de l’enveloppe supplémentaire de financement et de la Résolution de continuation du budget. L’une et l’autre n’ont pas encore été approuvées.
Miller a souligné que les États-Unis allaient prendre une décision sur les 300 000 dollars qui ont été suspendus ainsi que sur tous les autres financements de l’UNRWA sur la base des conclusions des investigations lancées par les Nations unies sur les employés de l’agence.
Soulignant la gravité des accusations, le porte-parole du département d’État a indiqué que l’UNRWA avait d’ores et déjà décidé de renvoyer huit de ses employés, ajoutant que deux autres avaient été suspendus.
Miller a toutefois répété que les États-Unis soutenaient le travail « déterminant » mené par l’agence concernant l’approvisionnement et la distribution des aides humanitaires dans la bande de Gaza.
« Il n’y a aucun autre acteur humanitaire, à Gaza, qui est en mesure de fournir autant de produits alimentaires, d’eau et de médicaments que l’UNRWA et à une telle échelle », a-t-il fait remarquer, disant que c’est la raison pour laquelle les États-Unis veulent que l’ONU puisse minutieusement et rapidement mener son enquête de façon à ce qu’une telle conduite de ses salariés ne puisse jamais se reproduire et que l’instance puisse continuer ses activités.
Les preuves fournies par Israël sur l’implication des employés de l’UNRWA dans le massacre du 7 octobre sont « hautement crédibles », a affirmé le secrétaire d’État Antony Blinken, lundi.