Pas d’enquête sur la disparition des cadeaux des dignitaires étrangers à Netanyahu
Selon le procureur général, il n'y a pas assez d'éléments pour qualifier de détournement la disparition de 30 cadeaux de la résidence du PM après le départ de Netanyahu en 2021
Le procureur Amit Aisman a décidé de ne pas ouvrir d’enquête criminelle sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet de la disparition de la résidence du Premier ministre de cadeaux de valeur que des dignitaires étrangers ont offerts à l’État du temps de son précédent mandat de Premier ministre, ont rapporté mercredi les médias israéliens.
« Le fait que des cadeaux n’aient pas été retrouvés, après avoir été exposés au public, n’est pas, en soi, constitutif d’une infraction pénale », a écrit Aisman dans sa décision, reprise par le radiodiffuseur public Kan.
« Et dans tous les cas, l’ensemble des preuves existantes ne permet pas d’établir un soupçon raisonnable justifiant l’ouverture d’une enquête criminelle, dont les chances d’aboutir à une mise accusation seraient par ailleurs très faibles. »
Selon les informations données par le cabinet du Premier ministre à l’organisme de surveillance Mouvement pour un gouvernement de qualité en juin 2022, suite à une demande d’accès à l’information, une trentaine de cadeaux auraient disparu de la résidence du Premier ministre alors même que, selon la loi de 1979 sur les cadeaux, ils sont la propriété de l’État.
Sont notamment concernés le tout premier exemplaire de la Bible hébraïque annoté par le sage juif du 11e siècle Rachi, offert à Netanyahu par le président russe Vladimir Poutine lors d’un déplacement à Moscou, un étui décoré contenant une pièce d’or, offert par le pape François lors d’une visite en Israël, un coffret rectangulaire en verre décoré à la feuille d’or par l’artiste Stefan Schlanser, cadeau de l’ex-président américain Barack Obama.
En août 2021, la conseillère juridique du cabinet du Premier ministre, Shlomit Barnea Farago, avait écrit à Netanyahu pour lui demander de restituer les cadeaux à la résidence du Premier ministre et une réunion avait finalement eu lieu avec les avocats de Netanyahu en décembre de la même année.
Au cours de cette réunion, les avocats de Netanyahu ont déclaré que leur client ne pouvait pas rendre les cadeaux car « certains sont cassés et d’autres, perdus ». Ils ont par la suite adressé un courrier à Barnea Farago pour redire que ce n’est pas à Netanyahu de rechercher les cadeaux manquants.
Ce mercredi, Aisman a écrit dans sa décision qu’il était probable que certains cadeaux aient effectivement été cassés ou perdus durant leur stockage dans les locaux des services du Premier ministre, surtout si l’on tient compte des importants travaux de rénovation effectués durant le mandat de Netanyahu.
S’appuyant sur des sources anonymes du ministère de la Justice, la chaîne publique Kan affirme que si ces disparitions appellent l’attention sur des manquements dans la conservation des propriétés de l’État, les preuves sont insuffisantes, même pour des procédures civiles, en l’absence de tout dispositif pour inventorier les cadeaux au sein des services du Premier ministre.
En janvier, la Cour Suprême a demandé aux forces de l’ordre de justifier l’absence d’enquête pénale sur la question, suite au recours déposé par le Mouvement pour un gouvernement de qualité demandant l’ouverture d’une enquête.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.