PDG et chefs d’entreprises demandent un débat sur le projet de réforme judiciaire
Une cinquantaine d’hommes d’affaires de haut rang craignent que l’absence de débat ne creuse les clivages et ait de graves conséquences sur l’économie israélienne
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Une cinquantaine de présidents et dirigeants des principales enseignes présentes en Israël ont ajouté leur voix à la contestation des acteurs de l’économie en adressant, dimanche, un courrier au Premier ministre Benjamin Netanyahu ainsi qu’à d’autres autorités.
Il s’agit pour eux d’alerter sur les conséquences économiques de la réforme judiciaire et d’appeler le gouvernement à engager un dialogue avec ses opposants.
Dans ce courrier adressé à Netanyahu, au président Isaac Herzog, à la présidente de la Cour suprême Esther Hayut, au président de la Knesset Amir Ohana et au chef de l’opposition Yair Lapid, ces chefs d’entreprises et hommes d’affaires expriment leur crainte que « la réforme judiciaire annoncée, en l’état, creuse le clivage au sein de la population et endommage fortement l’économie israélienne. »
« En votre qualité de dirigeants publics, vous avez la capacité de parvenir à un compromis et il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui, plus que jamais, un compromis est nécessaire », peut-on lire dans la lettre.
Parmi les signataires de la lettre figurent des dirigeants d’enseignes spécialisées dans la mode, l’alimentation, l’électro-ménager, le cinéma et les centres commerciaux.
« Nous suivons avec une inquiétude grandissante l’évolution de la question au sein de la sphère publique et les divisions croissantes entre les différentes parties de la nation », précise la lettre.
« Nous sommes fiers d’être Israéliens, [de constituer cette] ‘mosaïque humaine’ qui a voté pour tous les partis israéliens. »
« En tant que piliers de l’économie israélienne, nous respectons évidemment le verdict des urnes, mais pensons que, dans un pays démocratique, il est de notre devoir de nous écouter les uns les autres », peut-on encore lire.
Dans leur lettre, toujours, les hommes d’affaires affirment que le système judiciaire israélien n’est pas
« parfait » et estiment qu’il peut être amélioré.
« Soyez de vrais dirigeants, ouvrez le débat et assurez-vous que les propositions fassent l’objet d’un large consensus, afin d’éviter que la population ne se clive davantage », disent-ils.
Les signataires soulignent qu’ils forment un groupe apolitique comprenant des sympathisants de tous les bords.
Ils affirment que « les conséquences d’une absence de débat pourraient être fatales pour notre avenir en général, et celui de l’économie israélienne en particulier ».
Le projet de refonte du ministre de la Justice Yariv Levin, qui est soutenu par Netanyahu, prévoit de restreindre de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés. Ces propositions prévoient aussi de donner au gouvernement le contrôle total de la sélection des juges ; de faire disparaître la notion juridique du « caractère raisonnable » du code pénal israélien, une notion sur laquelle s’appuient les magistrats pour juger une législation ou une décision prise par la coalition et elles prévoient également que les ministres seront autorisés à nommer leurs propres conseillers juridiques au lieu de devoir faire appel à ceux qui opèrent sous les auspices du ministère de la Justice.
Le plan a suscité des critiques intenses et des avertissements de la part des plus éminents experts, ainsi que des manifestations massives et des pétitions publiques lancées par des officiels variés, des professionnels et des entreprises privées, qui ont tous averti que ces réformes porteront atteinte à la démocratie et à l’économie.