Pensions allemandes controversées: au moins 3 bénéficiaires litigieux en France
Au moins trois anciens volontaires français engagés dans le camp allemand ,dont un ancien SS, touchent une pension versée par Berlin, selon le ministère français des Armées
Au moins trois anciens volontaires français engagés dans les rangs de l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale, dont un ancien SS, continuent de toucher une pension versée par Berlin, a indiqué mardi à l’AFP le ministère français des Armées.
Confirmant une information du journal Le Monde, le cabinet de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, a indiqué que sur les 54 bénéficiaires de ces pensions, cinq sont d’anciens militaires: deux Allemands naturalisés après-guerre et trois anciens volontaires français.
Le cabinet se fonde sur des informations qui lui ont été fournies par le land allemand de Sarre chargé du versement des pensions allemandes en France.
L’un de ces volontaires a été membre de la division blindée SS Totenkopf (« tête de mort »), un autre de la division Charlemagne et le troisième de la Luftwaffe (armée de l’air).
Une loi allemande prévoit que le profil des bénéficiaires de pensions versées au titre du conflit de 1939-45 soit vérifié pour exclure du dispositif les criminels nazis, mais il semble que certains bénéficiaires sont passés au travers de ces contrôles, a estimé la même source.
« Des questions légitimes se posent, nous les avons posées aux autorités allemandes. Il est important d’en savoir plus », a-t-elle précisé.
Côté allemand, le versement des pensions est jugé justifié.
« Les trois ressortissants français en question ont servi dans l’ancienne armée allemande et ont été blessés pendant qu’ils servaient. Il font ainsi partie du groupe de personnes ayant droit à l’aide prévue dans la loi sur l’assistance aux victimes de la guerre », a expliqué à l’AFP la porte parole du Land de la Sarre, Sarah Joseph.
Selon cette dernière, un « examen intensif » avait déjà été réalisé au moment de la première demande afin de savoir si la pension pourrait être refusée pour raison de crime contre l’humanité.
Un nouvel examen « particulièrement intensif » a de nouveau eu lieu en 1998, « visant à définir si un bénéficiaire avait enfreint les Droits de l’Homme et l’Etat de Droit, en particulier en ce qui concerne une adhésion volontaire dans les SS », a-t-elle poursuivi. Mais « les deux examens n’ont pas conduit à un déni des prestations ».
Sur les bénéficiaires de ces pensions en France, 21 sont des veuves, 6 des orphelins et 27 des blessés de guerre, dont neuf français, a précisé le ministère français des Armées.
Cette affaire concerne environ 2.000 personnes dans le monde, en vertu d’une loi allemande de 1951 qui permet aux victimes de guerre allemandes de toucher une retraite complémentaire.
L’ambassade d’Allemagne en France avait précisé en mars que « les bénéficiaires de cette allocation font l’objet de vérifications de plusieurs sortes au cours desquelles notamment les listes sont croisées avec celles du Centre Simon-Wiesenthal », organisation internationale de lutte contre l’antisémitisme et le racisme.
C’est le croisement des fichiers avec le centre Wiesenthal qui « pourrait être sujet à caution et qui n’aurait pas été fait dans les règles de l’art », estime-t-on au cabinet de Mme Darrieussecq, permettant à certains cas litigieux de continuer à bénéficier de ces pensions.
Les autorités allemandes, invoquant la protection des données individuelles, ont toujours refusé de révéler les identités des bénéficiaires. « Mais la France veut obtenir le profil précis des gens, ce qu’ils ont fait. Des questions se posent sur le fondement de ces dossiers », a conclu la même source.