Près de 90 % des députées ont été harcelées sexuellement
Les députées interrogées par la Deuxième chaîne ont raconté leurs expériences sinistres ; le problème existe aussi à la Knesset
Une enquête de la Deuxième chaîne diffusée dimanche a découvert que 28 des 32 députées de la Knesset – presque 90 % – ont expérimenté du harcèlement sexuel ou une agression sexuelle.
Le projet, conçu pour éveiller les consciences sur la violence sexuelle, comprend une série d’entretiens filmés avec des députées, qui parlent honnêtement de leurs expériences.
« J’avais 13 ou 14 ans, je faisais du roller dans la rue », a déclaré Ayelet Nahmias-Verbin, de l’Union sioniste. « Un homme plus âgé m’a appelée et m’a entraînée vers un escalier voisin, où il a regardé ma chemise en me disant qu’il cherchait des jolies filles. Il m’a fallu des années pour comprendre, et je ne l’ai toujours pas dit à ma mère. »
Nahmias-Verbin a dit avoir le sentiment que les hommes qui n’ont pas été harcelés sexuellement eux-mêmes ne comprennent pas la frustration d’une femme quand, au lieu de l’écouter quand qu’elle parle, les gens regardent « d’autres parties du corps ».
Ses collègues députées de l’Union sioniste Michal Biran et Ksenia Svetlova ont aussi décrit des attouchements non désirés.
« Pendant que je parlais avec un collègue de travail, il s’est baissé et m’a pincée derrière le genou, a déclaré Biran à la Deuxième chaîne. Je me considère comme une femme forte, [mais] j’ai été complètement choquée, c’était une situation surréaliste. »
Svetlova a déclaré qu’il y a eu un moment, après être arrivée en Israël depuis l’ancienne Union soviétique, où elle évitait de quitter la maison le plus possible par peur d’être harcelée.
« Parfois les gens venaient vers moi, me touchaient les cheveux et suggéraient que nous ayons des rapports sexuels alors que j’étais étudiante dans une école religieuse à l’époque, a déclaré Svetlova. A un certain point, j’ai teint mes cheveux en brun pour éviter d’être touchée. [Le harcèlement] était le résultat d’un mélange de chauvinisme et de racisme. »
Rachel Azaria, du parti Koulanou, a parlé d’un incident récurrent datant de l’époque où elle était au Comité de planification et construction du district de Jérusalem.
« Il y avait un autre membre du comité qui, chaque fois que je parlais en réunion, répondait avec des commentaires de nature sexuelle, entraînant les rires de toute la pièce. J’en avais parlé avec la conseillère juridique et elle m’avait répondu qu’il n’y avait rien qu’elle puisse faire contre cela. C’était très perturbant et cela interférait avec ma capacité à travailler correctement », a déclaré Azaria.
Merav Ben-Ari, également du parti Koulanou, a déclaré au journaliste que le harcèlement sexuel était quelque chose qu’elle affrontait au sein de la Knesset. « Le fait d’être une femme célibataire à la Knesset me met parfois dans une situation inconfortable, a-t-elle déclaré. Il y a eu tout récemment une situation [avec quelqu’un] à la Knesset, et je l’ai résolue. Je ne veux pas donner le nom [du harceleur] parce qu’alors tout le monde saura. »
Gila Gamliel, ministre du Likud, a déclaré avoir été harcelée adolescente dans un bus. « Un vieil homme s’est assis à côté de moi quand j’avais 16 ans, entre Ramat Gan et Tel Aviv. Il tenait une veste d’une main et a posé la seconde sur ma jambe. Je me suis précipitée vers la fenêtre, j’étais simplement choquée. »
Revital Swid, députée de l’Union sioniste et avocate pénale, a déclaré que le harcèlement sexuel devait cesser.
« Il n’y a pas une seule femme qui n’a pas été sexuellement attaquée, et pas seulement une fois. Au début, ça paralyse et ça choque. C’est incroyable, vous ne savez tout simplement pas comment réagir. Cela m’est souvent arrivé au début de ma carrière, quand les policiers pensaient qu’ils pouvaient me draguer. Mais j’y ai mis un stop immédiatement. »
« Quand cela arrive, c’est embarrassant, c’est un combat pour la survie. Le harcèlement sexuel doit être arrêté immédiatement. L’attaquant doit être humilié et l’acte doit être reconnu pour ce qu’il est. »
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