Qui est Yehuda Kaploun, un Habad nommé par Trump pour lutter contre l’antisémitisme ?
Pendant des décennies, le rabbin a été actif dans la vie juive, les affaires et la politique ; dans l'attente de la confirmation du Sénat, la communauté observe un silence assourdissant

La première fois que le nom de Yehuda Kaploun est apparu dans le registre du Congrès américain, c’était parce qu’un sénateur nommé Joe Biden avait exprimé ses préoccupations concernant l’antisémitisme.
La deuxième fois, c’était la semaine dernière, 32 ans plus tard, lorsque le président Donald Trump, qui a précédé et succédé à Biden à la Maison Blanche, a officiellement nommé Kaploun au poste d’envoyé spécial chargé de surveiller et de combattre l’antisémitisme.
Vu dans leur ensemble, ces deux moments pourraient suggérer une ascension linéaire depuis l’époque où Kaploun était un jeune militant et étudiant dans une yeshiva de Brooklyn jusqu’à son entrée dans la fonction publique, point culminant potentiel de la carrière du rabbin.
Mais son parcours a été plus compliqué. Au fil des décennies, Kaploun a occupé une place unique dans la vie communautaire juive, cultivant son influence grâce à une diplomatie discrète, à des relations politiques de haut niveau et à des moments controversés.
Sa vie est marquée par une relation de longue date avec la famille Adelson et, avant sa mort, avec Elie Wiesel, par une alliance de plus en plus étroite avec la droite politique et par une action en justice pour infidélité et trahison personnelle.
La plainte alléguait que Kaploun avait eu une liaison avec une femme mariée qu’il avait rencontrée au sein de sa congrégation orthodoxe et qu’il avait menacé le mari de celle-ci pour qu’il garde le silence. L’affaire a été réglée à l’amiable quelques jours avant que Trump n’annonce sa nomination.

Si sa nomination est confirmée, Kaploun deviendrait le plus haut responsable juif hassidique de l’Histoire du gouvernement américain. Le poste auquel il a été pressenti semble avoir survécu à une vaste restructuration du département d’État qui a supprimé de nombreuses autres fonctions. Il doit désormais se présenter devant le Sénat pour une audition de confirmation, au cours de laquelle les élus le questionneront sur sa personnalité, son parcours et sa vision du monde.
Kaploun a déclaré qu’il ne ferait aucun commentaire sur cette affaire, précisant qu’il s’abstiendrait de toute interview jusqu’à la fin du processus de confirmation. Mais l’an dernier, alors qu’il gagnait en visibilité dans la campagne de Trump, il avait reconnu avoir changé de position.
« J’ai toujours préféré travailler dans les coulisses », avait déclaré Kaploun au Jerusalem Post à l’époque.
« Mais compte tenu des défis auxquels la communauté juive est confrontée aujourd’hui, j’ai compris qu’il était temps de m’exprimer publiquement. »
En effet, le processus de confirmation mettra sous les feux de la rampe un homme d’affaires et philanthrope dont l’engagement politique et civique s’est jusqu’alors déroulé dans la plus grande discrétion. À au moins deux reprises, des publications orthodoxes ont qualifié Kaploun d’askan. Ce terme, qui vient de l’hébreu et est utilisé familièrement en yiddish, signifie que Kaploun est un défenseur ou un facilitateur communautaire, qui fait discrètement avancer les intérêts de la communauté, établit des liens ou aide des individus.
À titre d’exemple, il règle régulièrement les dettes des clients d’une épicerie casher située près de chez lui, selon les dires du propriétaire du commerce, Yitzchok Spalter, qui connaît Kaploun depuis plus de quarante ans.
« Il arrive et dit : ‘Je sais qu’il y a des familles qui ne peuvent pas payer leurs factures. Voici un chèque d’un montant de X dollars. Déduisez-le de leur compte’ », a déclaré Spalter lors d’une interview.
« C’est quelqu’un de gentil. Il fait plein de bonnes choses sans que personne ne le sache. »
Le plaignant à l’origine de la plainte récemment classée, déposée fin 2023 dans le comté de Miami-Dade, a donné une version différente des faits.
« Le requérant craint pour sa sécurité et sa vie car le défendeur Yehuda Shmaya Kaploun l’a menacé par écrit et oralement, directement et indirectement, de manière répétée, de lui faire perdre son emploi, de provoquer un bain de sang et de ruiner sa réputation et sa carrière à moins qu’il n’accepte de garder confidentielle la relation extraconjugale impliquant son épouse », allègue la plainte.
Les dossiers judiciaires montrent que Kaploun, qui est marié, a réfuté ces allégations, affirmant qu’il était un ami et le conseiller rabbinique de la femme, mais qu’il n’avait jamais été son amant. Lorsqu’il a été interrogé sous serment dans le cadre d’une déposition devant le tribunal sur certains détails de leur relation, Kaploun a invoqué à plusieurs reprises le secret professionnel ou a refusé de répondre, mais a reconnu avoir dit à la femme qu’il la trouvait attirante. Kaploun a également intenté une action en justice contre le mari, l’accusant de harcèlement et d’intimidation.
Cette saga judiciaire, qui n’avait pas été rapportée auparavant, comprenait des ordonnances restrictives à l’encontre de Kaploun et du mari, et a conduit à son départ de la synagogue dont il était membre depuis plus de quinze ans. Les poursuites judiciaires ont été réglées à l’amiable avec l’accord d’un juge le 1ᵉʳ avril, dix jours avant que Trump n’annonce sa décision de nommer Kaploun. Les termes de l’accord restent confidentiels et les deux parties ont déclaré ne pas être autorisées à s’exprimer sur l’affaire.
Me Michael Diaz, l’avocat de Kaploun, a fait une déclaration en son nom.
« Il s’agit d’une situation malheureuse entre un mari et sa femme dans laquelle notre client a été impliqué, et qui a été résolue », a déclaré Me Diaz.
« Heureusement, tout cela est derrière lui, et nous souhaitons aux autres parties un règlement rapide de leurs problèmes. »
Bien que l’affaire n’ait jamais été portée devant les tribunaux, les dossiers judiciaires et les entretiens avec les membres de la congrégation révèlent comment les retombées des deux plaintes, ainsi que les allégations sous-jacentes ayant joué un rôle dans un divorce acrimonieux, ont perturbé la vie communautaire de Bais Menachem, une grande synagogue de North Miami Beach affiliée au mouvement hassidique Habad, où Kaploun avait passé la majeure partie de son temps depuis son arrivée en Floride du Sud en provenance de New York.
Selon les dossiers judiciaires, des enregistrements audio et vidéo enregistrés à l’insu de Kaploun et de la femme ont commencé à circuler dans la communauté. L’un des avocats de Kaploun a déclaré devant le tribunal que ces enregistrements, dont le contenu exact n’est pas précisé dans les dossiers judiciaires, ont finalement conduit Kaploun à quitter la congrégation.
« Ils ont été utilisés pour harceler le rabbin Kaploun », a déclaré l’avocat, selon une transcription de la Cour.
« Cette affaire a été utilisée pour le diffamer. Ça a été utilisé pour répandre une intention malveillante parmi les membres de la congrégation ou de la synagogue et pour susciter de l’animosité à son égard. Il a été pour ainsi dire chassé de sa synagogue à cause de ces documents. »
Bais Menachem s’est retrouvé impliqué dans cette affaire judiciaire lorsque des assignations à comparaître ont été envoyées pour demander les enregistrements vidéo de la synagogue. Près d’une dizaine de membres de la congrégation, ainsi que le Grand Rabbin, Yosef Marlow, ont été convoqués pour témoigner. Ce dernier a refusé de commenter cette affaire.
Parmi les nombreuses personnes touchées par cette affaire, rares sont celles qui ont accepté de s’exprimer officiellement sur la nomination de Kaploun au poste d’envoyé spécial chargé de la lutte contre l’antisémitisme, invoquant diverses préoccupations. Certains ont déclaré craindre que Kaploun ne les harcèle ou n’utilise ses relations politiques à leur encontre. D’autres ont préféré garder le silence, redoutant que cette affaire et ses répercussions ne nuisent à l’image des Juifs orthodoxes ou à celle de Donald Trump, qui est très populaire dans les cercles fréquentés par Kaploun.
Un membre de cette synagogue, qui connaît personnellement Kaploun et le mari, a déclaré soutenir fermement cette nomination.
« C’est un soldat de première ligne pour le peuple juif », a estimé ce membre de la congrégation.
« Il aide les gens. Il aide les pauvres en leur donnant à manger. Il aide les veuves. Il poursuit les pédophiles. Il se bat vraiment pour les plus démunis. »
Le membre de la congrégation avait une connaissance approfondie des allégations portées contre Kaploun, mais a déclaré que celles-ci ne devaient pas être utilisées comme motif pour le disqualifier.
« Cela devrait-il l’empêcher d’obtenir un poste à la Maison Blanche ? Non », a-t-il poursuivi.
« Ce n’est pas parce que l’on est juif que l’on est parfait. Je veux qu’il réussisse. »
Le silence de certains membres de la communauté de Kaploun à son sujet crée un vide qui n’a pas encore été comblé par les voix du monde orthodoxe au sens large, où il y a eu jusqu’à présent peu de commentaires publics sur Kaploun ou sur l’importance historique de sa nomination.
Le quotidien Haaretz est allé jusqu’à suggérer l’existence d’un silence ostensible autour de Kaploun dans un article intitulé « Le choix de Trump pour lutter contre l’antisémitisme est un Habadnik. Pourquoi le mouvement garde-t-il ses distances ? » Cependant, au moins deux institutions Habad ont en réalité félicité Kaploun : le Lubavitch Educational Center, une école de Miami Gardens, en Floride, et Habad On Campus International, une organisation qui chapeaute les centres universitaires Habad, ont salué Kaploun sur les réseaux sociaux après sa nomination.
La barbe touffue et la kippa de Kaploun, signes distinctifs de son identité orthodoxe, le distinguent des six précédents responsables de la lutte contre l’antisémitisme, dont la dernière en date s’est dite favorable à son égard malgré leurs divergences idéologiques. Deborah Lipstadt, historienne de la Shoah nommée par Biden, a déclaré au New Yorker qu’elle s’était récemment entretenue avec Kaploun au sujet de la lutte contre l’antisémitisme et qu’il « semblait vraiment attaché à cette cause, de manière sincère et profonde ».
Kaploun, aîné d’une fratrie de cinq enfants, est né en Israël, mais il est citoyen américain depuis sa naissance grâce à sa mère, Dreizel, originaire du Connecticut. Membre de la famille Hecht, elle a épousé Yaacov Kaploun, un Australien, unissant ainsi deux grandes lignées du mouvement Habad-Loubavitch.
Lorsque Yehuda était enfant, son père a terminé ses études rabbiniques et la famille a quitté Israël pour s’installer quelques années dans le Connecticut, où Yaacov a commencé sa carrière d’éducateur juif. Ils ont ensuite déménagé à Ottawa, au Canada, où le père de famille a occupé le poste de directeur de l’école juive que fréquentait Yehuda.

Dès leur plus jeune âge, les élèves de Hillel apprenaient le français, l’anglais et l’hébreu. Au moins la moitié du programme était consacrée à des matières profanes et le reste à des études religieuses. L’école accueillait des élèves issus de tous horizons religieux. Elle a ensuite fusionné avec une autre école communautaire.
« Nous essayons de former des citoyens équilibrés, conscients de leur héritage », avait déclaré Yaacov à un journaliste à l’époque, évoquant la mission de son établissement.
Yehuda a fait ses débuts dans les médias à l’âge de 10 ans, lorsqu’il s’est joint à la foule venue accueillir le Premier ministre israélien Menachem Begin à l’aéroport lors d’une visite officielle au Canada en 1978. Pressé contre un cordon de sécurité, il a été vu « agitant de toutes ses forces une banderole de bienvenue deux fois plus grande que lui », a rapporté un journal local, ajoutant qu’il avait déclaré fièrement : « Je suis né en Israël et mon directeur m’a dit que je devais bien représenter mon école. »
Cette visite a eu lieu peu après la signature entre Israël et l’Égypte des Accords de Camp David. Un groupe d’étudiants avait brandi une pancarte en hébreu sur laquelle on pouvait lire : « Nous sommes bénis par votre venue, Menahem Begin, artisan de la paix. Que Dieu vous aide. »
Tandis que son époux participait à des réunions, la première dame d’Israël, Aliza Begin, visitait la Hillel Academy, où la sœur de Yehuda lui offrit un petit bouquet.
Nul ne sait si cette visite officielle a laissé une impression durable à Yehuda. Quoi qu’il en soit, plusieurs années plus tard, il organisera une rencontre similaire entre un haut dignitaire du gouvernement et des étudiants juifs. En mars 2025, deux semaines après la nomination de Linda McMahon au poste de secrétaire à l’Éducation dans l’administration Trump, Kaploun lui fera visiter le Lubavitch Educational Center de Miami.
Une fois adulte, Kaploun a réintégré le cœur du monde hassidique dans lequel il avait grandi, rejoignant les milliers de disciples du mouvement Habad-Loubavitch qui étudiaient dans les écoles rabbiniques de Brooklyn. Kaploun a expliqué qu’au moment de sa destitution, il s’était inscrit à Hadar HaTorah, une yeshiva de Crown Heights qui, selon son site web, « accueille des étudiants qui n’ont pas grandi dans la religion et qui s’y sont convertis plus tard dans leur vie ». (Kaploun a précisé que son examen d’ordination avait finalement été supervisé par le Grand Rabbin de la ville d’Eilat, Yosef Hecht, dont il est le neveu).
Le fait d’avoir vécu à Crown Heights au début des années 1990, à proximité du chef du mouvement Habad, le rabbin Menachem Mendel Schneerson, avant sa mort en 1994, est une immense fierté pour les disciples de ce mouvement, un privilège dont seuls les plus âgés peuvent se targuer. Lors des funérailles du Rabbi Schneerson, Kaploun a été cité dans la presse comme l’ayant qualifié de « Moïse de notre génération ».

Le hasard a également voulu que Kaploun soit présent en août 1991 lorsqu’une voiture du convoi du Rabbi Schneerson a grillé un feu rouge et percuté deux jeunes enfants afro-américains, tuant l’un d’entre eux. Cet accident a déclenché trois jours d’émeutes, au cours desquelles des habitants afro-américains ont attaqué des résidents et des commerces juifs orthodoxes. Ces émeutes de Crown Heights sont considérées comme la plus grave flambée de violence antisémite jamais enregistrée dans l’Histoire des États-Unis.
Au cours de ces émeutes, un groupe de manifestants a assassiné Yankel Rosenbaum, un Juif orthodoxe australien de 29 ans qui se trouvait en ville pour mener des recherches pour sa thèse à l’université de Melbourne. Selon le récit que Kaploun fera plus tard, il connaissait bien Rosenbaum.
« C’est dans ce contexte que mon proche ami, un être humain merveilleux et respecté, un roi et un érudit plein de douceur, un homme qui aimait la vie… a été assassiné de sang-froid », écrivait Kaploun il y a plusieurs décennies dans une lettre ouverte condamnant la réponse de la police de New York à ces émeutes.
Le vécu personnel de Kaploun face aux violences antisémites lui confère une légitimité particulière pour occuper le poste « d’envoyé spécial chargé de la lutte contre l’antisémitisme » et pourrait renforcer son argumentation, en particulier auprès de ceux qui ont eux-mêmes vécu ces émeutes.

Le rabbin Motti Seligson, porte-parole du mouvement Habad-Loubavitch basé à Crown Heights, qui a vécu ces émeutes lorsqu’il était enfant, a déclaré que le parcours de Kaploun était remarquable. (Kaploun n’est ni un représentant officiel du mouvement ni un employé d’une institution affiliée).
« Le fait d’avoir été témoin des émeutes de Crown Heights lui donne certainement une compréhension profonde et personnelle de l’antisémitisme », a déclaré Seligson à la JTA.
« Cette expérience, associée à son identité de Juif assumé et fier, lui confère sans conteste une perspective inédite pour ce poste. »
À la suite des émeutes, les dirigeants juifs orthodoxes et les opposants politiques du maire de New York David Dinkins et du chef de la police Lee Brown, tous les deux démocrates, ont vivement critiqué la réaction des autorités municipales. Ils ont affirmé que les responsables avaient privilégié la sensibilité raciale au détriment de la sécurité publique et ont accusé la police d’avoir été freinée dans son action, permettant ainsi aux émeutiers de continuer à se déchaîner sans être inquiétés.

Kaploun a continué à porter ces accusations pendant des années. En 1993, par exemple, lorsque Brown a été nommé responsable de la lutte antidrogue sous Bill Clinton, Kaploun a tenté de témoigner contre lui lors de l’audition de confirmation du Sénat, le même type d’audition que Kaploun va bientôt connaître en tant que candidat à un poste dans l’administration Trump. Bien qu’il n’ait pas été autorisé à prendre la parole, les sénateurs Arlen Specter et Biden ont exprimé leurs préoccupations et ont joint au dossier du Congrès une lettre cinglante que Kaploun avait écrite à propos de Brown.
Dans cette lettre, l’auteur défend avec passion l’idée que les candidats à la présidence doivent être jugés en fonction de la moralité de leur conduite, en particulier en période de crise.
« Si l’honneur, le serment d’entrée en fonction, la fidélité aux principes, le respect de notre Constitution, des lois qui en découlent et des droits civils de tous les citoyens sont des éléments permettant d’évaluer le caractère de nos dirigeants, alors je pense que ce candidat n’est pas à la hauteur », avait écrit Kaploun.
« Récompenser ce candidat en lui accordant un poste au sein du gouvernement à l’heure actuelle est une insulte aux victimes de Crown Heights. Quelle image donnons-nous aux familles qui se sont terrées dans leur maison tandis que des briques, des pierres et des bouteilles brisaient leurs fenêtres, projetant des débris tout autour d’elles ? », avait-il poursuivi.

Brown, qui avait réfuté les accusations portées à son encontre, a été confirmé à l’unanimité.
En 1994, Rudy Giuliani a pris ses fonctions de maire, ouvrant ainsi la voie à un leadership républicain à New York. Au cours de son mandat, Kaploun a obtenu un poste au sein des services de police et des pompiers, en tant que liaison avec la communauté hassidique. Il était devenu un militant communautaire si influent qu’en 1997, le lauréat du prix Nobel Elie Wiesel lui aurait demandé de l’aider à créer une fondation au service des enfants en situation de handicap.
Kaploun et son père ont ensuite dirigé la Fondation Moses and Aaron pendant plus d’une décennie. Celle-ci était surtout connue pour organiser chaque année des concerts mettant en valeur le talent des enfants qu’elle soutenait. Elle collectait également des fonds pour acheter du matériel médical et distribuait des jouets. De nombreux élus, dont le successeur de Giuliani, Mike Bloomberg, et Jerry Nadler, membre de longue date du Congrès américain représentant New York, tous deux juifs, ont salué le travail de la fondation.
Nadler, un démocrate représentant une circonscription où vit l’une des plus fortes concentrations de Juifs du pays, s’est ouvertement opposé à la nomination de Kaploun, l’accusant d’avoir menti au sujet du bilan de Biden en matière d’antisémitisme. Dans une déclaration adressée à la JTA, Nadler a également déclaré que Kaploun devrait être disqualifié de la procédure de confirmation pour les mêmes raisons que celles invoquées par Kaploun dans la lettre adressée au Sénat au sujet de la nomination de Brown il y a plus de trente ans.
« Le rabbin Kaploun ne respecte pas les critères qu’il a lui-même établis pour être candidat : sa diabolisation des dirigeants et des personnes qui ont défendu la lutte contre l’antisémitisme en Amérique démontre son manque de loyauté envers ses principes », a écrit Nadler.
La Fondation Moses and Aaron a finalement été fermée parce que ses dirigeants estimaient que sa mission était accomplie, compte tenu de la reconnaissance plus large dont bénéficiaient les enfants ayant des besoins spéciaux dans la société, a expliqué Kaploun lors de l’une de ses récentes dépositions.
Même si Kaploun a disparu de la scène publique à la fin des années 1990, il est revenu sur le devant de la scène en 2006, quand le New York Post a publié un article sur sa tenue vestimentaire. Il s’agissait d’une chemise blanche boutonnée qu’il aurait portée lors des attentats du 11 septembre. Selon le New York Post, Kaploun serait arrivé au World Trade Center avant l’effondrement des tours et aurait passé les 48 heures suivantes à tenter de sauver des gens, un récit qui correspond à ce que Kaploun a déclaré au journal The Ottawa Citizen quelques semaines après l’attaque. Il a déclaré avoir vu le bâtiment 7 s’effondrer sur des pompiers, dont son ami, l’aumônier des pompiers, qui était entré pour aider les personnes piégées à l’intérieur.
Kaploun avait déclaré dans les colonnes du New York Post : « Le chapelain des pompiers, le père Judge, m’a toujours dit, à moi qui suis fils de rabbin : ‘Quand on est membre du clergé, il faut toujours avoir le sourire.’ Et c’était toujours le cas. C’était un homme bon. Un homme facile à vivre. »

Kaploun avait mis sa chemise dans un sac en plastique et, environ cinq ans après les attentats, il l’avait confiée au New York Post, qui l’avait envoyée à un laboratoire pour analyse. Les résultats avaient révélé « des niveaux extrêmement élevés d’amiante potentiellement mortel », avait rapporté le New York Post, soulignant les conclusions alarmantes concernant les effets à long terme sur la santé des premiers intervenants du 11 septembre.
À cette époque, Kaploun s’est lancé dans le monde des affaires. Il a fondé Kap Consulting Group, tirant parti de sa connaissance du gouvernement et de son talent pour nouer des relations influentes. Parmi les personnalités qu’il a rencontrées à New York figurait le futur président Donald Trump, avait déclaré Kaploun au Jerusalem Post l’an dernier.
Le travail consistait à « conseiller les personnes qui avaient besoin de s’y retrouver dans le système pour savoir à qui s’adresser, de quoi parler et comment obtenir une réponse à leurs appels », avait temoigné Kaploun.
« Aider les personnes qui tentent de faire face à la bureaucratie gouvernementale et de s’y retrouver. »
Kaploun, son épouse et leur jeune enfant ont déménagé peu après dans la région de Miami, rejoignant ainsi les nombreux Juifs orthodoxes qui affluaient vers le sud de la Floride à la recherche d’opportunités économiques et d’un environnement favorable à leur mode de vie religieux.
C’est à Miami que les journaux ont commencé à l’appeler « Rabbi Kaploun ». Fondateur de l’Association juive orthodoxe de Floride, Kaploun s’est lancé en politique dans cet État : il a protesté contre Barack Obama, s’est engagé auprès du maire de Miami et s’est fait un ami puissant en la personne de Marco Rubio, futur secrétaire d’État sous Trump et qui deviendrait son patron si sa nomination était confirmée. Lors d’une réunion avec des rabbins locaux pendant la campagne sénatoriale de Rubio en 2010, Kaploun lui a offert une mezouza, que Rubio a déclaré vouloir apposer sur le montant de sa porte à Washington.
Kaploun a déclaré que lui et Trump étaient amis depuis des décennies, depuis l’époque où ils se côtoyaient à New York, mais c’est en Floride que les deux hommes ont été associés publiquement pour la première fois.
À l’époque, Kaploun était l’un des dirigeants de la division américaine d’une entreprise technologique israélienne appelée Watergen, qui développe des machines qui extraient l’humidité de l’air pour produire de l’eau potable. Kaploun avait alors suscité l’intérêt de Sheldon Adelson, défunt magnat des casinos et méga-donateur républicain pro-Israël, pour cette technologie. Adelson avait alors organisé des réunions entre Watergen et le directeur de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) pendant le premier mandat de Trump en 2017. L’EPA a ensuite signé un accord très médiatisé pour tester les produits de Watergen.

Puis, en 2018, Trump a invité Kaploun dans sa propriété de Mar-a-Lago pour une démonstration de la technologie Watergen. Kaploun était accompagné de son associé, Ed Russo, qui avait précédemment travaillé comme consultant en environnement pour les entreprises de Trump. Kaploun et Russo ont ensuite fondé une société concurrente de Watergen, appelée RussKap, qu’ils exploitent toujours aujourd’hui. Au début de cette année, Russo a été nommé à la tête du groupe de travail consultatif sur l’environnement de la Maison Blanche.
Kaploun a fait connaître son engagement politique en faveur de Trump avant l’élection présidentielle de 2020. Il avait organisé un meeting électoral en Floride pour le colistier de Trump, le vice-président Mike Pence. Lors d’un rassemblement réunissant des dizaines de rabbins et de dirigeants de la communauté juive, Pence avait déclaré que Trump était « un véritable champion du peuple juif ». Le message de cette campagne avait trouvé un écho particulier auprès des Juifs orthodoxes, qui votèrent en masse pour Trump alors même que l’ensemble des électeurs juifs se prononçaient massivement en faveur de Biden.
Le revers électoral de Trump en 2020 a marqué le début d’une période tumultueuse dans la vie privée de Kaploun. C’est à cette époque qu’une famille de son voisinage – un couple et leurs quatre enfants – dont la cuisine était hors d’usage, avait besoin d’un endroit pour préparer le dîner du Shabbat. Kaploun les a accueillis chez lui, et c’est ainsi qu’une amitié est née.
Ce couple connaissait des problèmes conjugaux et, un jour, l’homme a demandé le divorce. Cette querelle s’est alors envenimée et le mari a fini par accuser Kaploun d’être responsable de la situation, affirmant que son épouse et lui avaient une liaison. Le conflit s’est intensifié et les deux hommes ont demandé des ordonnances restrictives l’un contre l’autre. Kaploun a quitté sa communauté synagogale au milieu de cette bataille juridique. Il allait bientôt se retrouver sur une scène plus large.
En 2024, il est apparu publiquement dans un rôle de premier plan lors de la campagne de Trump. Pendant plusieurs mois, Kaploun a organisé une série d’événements très médiatisés au cours desquels Trump a exprimé son soutien à Israël et à la lutte contre l’antisémitisme. C’est lors d’un de ces événements que Trump avait déclaré que les Juifs seraient responsables s’il perdait les élections.
Miriam Adelson, veuve de Sheldon, qui perpétuait le rôle traditionnel du couple en tant que faiseuse de rois républicains, a également pris la parole lors de ces événements, notamment lors d’une commémoration du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre de l’année précédente, au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes ont massacré plus de 1 200 personnes et en ont enlevé 251 autres, les emmenant de force dans la bande de Gaza.
Peu après, le magazine orthodoxe Mishpacha a désigné Kaploun comme « le visage orthodoxe de la campagne électorale de l’ancien président ».
Il y déclarait que les États-Unis semblaient sur le point de revivre la situation des premières années du nazisme en Allemagne, à une époque où de nombreux Juifs ne mesuraient pas la gravité du danger qui les menaçait.
« Notre situation est similaire à celle des Juifs dans l’Allemagne des années 1930, à la veille de la Nuit de Cristal », avait-il estimé.
« Eux aussi vivaient en paix et en tranquillité jusqu’à ce que le sol se mette à trembler sous leurs pieds. Et aux États-Unis, le sol tremble déjà. »
Lorsque Trump a remporté les élections, Kaploun a promis de défendre la sécurité des Juifs à la Maison Blanche, un dirigeant américain qui donnerait à Israël la liberté dont il a besoin pour mener sa guerre contre le Hamas à Gaza. Il a également envisagé ouvertement de jouer un rôle dans la prochaine administration.
Il envisageait un rôle bien plus important que tout ce qu’il avait jamais occupé auparavant.
« Si j’ai le sentiment que ce qu’il souhaite que je fasse aura un impact sur l’image globale des Juifs et la manière dont ils sont perçus et traités, j’y réfléchirai sérieusement », avait déclaré Kaploun dans les colonnes du Jerusalem Post.
« Mais cela doit avoir un sens. Je ne souhaite pas être un ‘agent de liaison juif’, pas plus qu’un représentant symbolique. Si je prends une fonction, ce sera pour ouvrir de nouvelles voies. »
Il voulait un poste pour lutter contre l’antisémitisme à l’étranger, et Trump le lui a offert. Il lui reste maintenant à convaincre le Sénat de lui apporter son soutien.
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