Rares éloges d’Israël sur les efforts diplomatiques « cruciaux » du Qatar
Le conseiller à la Sécurité nationale dit que Doha est un "acteur essentiel dans la facilitation de la solution humanitaire" ; Bennett s’insurge et dit que le Qatar est un ennemi
Un haut responsable du gouvernement israélien a adressé mercredi de rares éloges au Qatar, l’État du Golfe qui accueille depuis longtemps les principaux dirigeants du Hamas et finance le groupe terroriste palestinien. Il l’a félicité pour ses efforts diplomatiques « cruciaux », qui ont jusqu’à présent conduit à la libération de quatre otages israéliens détenus dans la bande de Gaza et à l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire assiégé.
« Je suis heureux de voir que le Qatar est en train de devenir un acteur essentiel et une partie prenante dans la facilitation des solutions humanitaires. Les efforts diplomatiques du Qatar sont cruciaux en ce moment », a publié le conseiller à la Sécurité nationale Tzachi Hanegbi sur X.
Le Qatar, un allié des États-Unis abrite d’une part, une importante base militaire américaine, mais également le siège du bureau politique du Hamas et la résidence principale de son chef en exil, Ismail Haniyeh, ainsi que de son ancien chef, Khaled Mashaal. Le pays est l’un des principaux bailleurs de fonds du Hamas, auquel il transfère chaque année des centaines de millions de dollars.
En raison de ces liens étroits, la riche monarchie du Golfe a servi de médiateur avec le Hamas et joue un rôle clé dans les négociations pour la libération d’au moins 220 otages actuellement détenus par des terroristes dans la bande de Gaza. Ces négociations font suite à l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre, au cours de laquelle 1 400 personnes, dont une grande majorité de civils, ont été tuées.
À ce jour, quatre otages ont été libérés.
Lors des précédents rounds de violence, le Qatar a également joué un rôle dans les négociations de cessez-le-feu entre Israël et les groupes terroristes gazaouis.
Les propos de Hanegbi ont été critiqués par l’ancien Premier ministre Naftali Bennett, qui a accusé le gouvernement actuel de « commettre une grave erreur ».
Le Qatar n’est pas un « un partenaire crucial pour les activités humanitaires et diplomatiques. Le Qatar est l’ennemi. Le Qatar finance, aide et soutient le groupe terroriste Hamas-Etat islamique », a tweeté Naftali Bennett, assimilant le Hamas au groupe terroriste État islamique comme l’ont fait de nombreux responsables et sympathisants israéliens au vu du mode opératoire du Hamas, qui a décapité, torturé et mutilé ses victimes le 7 octobre.
« L’objectif déclaré d’Israël est de détruire le Hamas », a poursuivi Bennett. « L’objectif du Qatar est exactement l’inverse : sauver le Hamas. Comment pouvons-nous détruire l’ennemi si nous faisons des compliments à son principal sponsor, pour l’amour de Dieu… Le Qatar… va se contenter de conclure des accords limités de libération d’otages tous les deux ou trois jours, afin de semer la confusion dans l’esprit d’Israël et d’entraver ses efforts pour éradiquer le Hamas. »
Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, qui occupe également le poste de Premier ministre, a déclaré mercredi que les négociations avec le Hamas sur le sort des otages se poursuivaient.
« En ce qui concerne les progrès des négociations sur les otages, elles sont toujours en cours », a indiqué le cheikh Mohammed lors d’une conférence de presse avec son homologue turc à Doha. « Si nous comparons le point de départ et le point d’arrivée, nous constatons des progrès et des percées, et nous gardons espoir. Les négociations sont toujours en cours et à tout moment, je pense que si nous parvenons à nous entendre entre les deux parties, nous verrons, je l’espère, des percées bientôt. »
En vertu de dispositions résultant d’anciens accords de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, l’émirat du Qatar, riche en gaz, verse depuis quelques années les salaires des fonctionnaires de la bande de Gaza, fournit des transferts directs d’argent aux familles pauvres et offre d’autres types d’aide humanitaire aux Palestiniens de la bande de Gaza.
La présence de dirigeants du Hamas au Qatar avait déjà attiré l’attention sur ce pays par le passé et c’est toujours le cas depuis la tuerie du 7 octobre, la journée la plus meurtrière de l’histoire d’Israël.
L’administration du Président américain Joe Biden a néanmoins salué à plusieurs reprises les efforts déployés par le Qatar pour obtenir la libération des otages. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est d’ailleurs rendu à Doha lors de son récent voyage diplomatique dans la région.
« Le Qatar est un partenaire de longue date qui fait suite à notre demande, parce qu’il semble être convaincu de l’importance de libérer les civils innocents », a déclaré lundi le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.
L’émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, a réussi à mobiliser la colère du monde arabe contre l’opération israélienne à Gaza, lancée après l’attaque du 7 octobre dans le but déclaré d’éradiquer le Hamas et de détruire son infrastructure terroriste.
Selon des informations non vérifiées émanant du ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 5 800 habitants de Gaza auraient été tués au cours de la campagne aérienne israélienne. Le nombre de terroristes parmi les morts n’est pas connu.
Mardi, l’émir s’en est pris aux partisans d’Israël, les accusant de donner à ce pays un « permis de tuer » et déclarant que « trop c’est trop ».
« Il ne saurait être question de donner à Israël un feu vert inconditionnel et un permis de tuer, pas plus qu’il ne saurait être question de continuer à ignorer la réalité de l’occupation, du siège et des colonies », a déclaré le dirigeant qatari.
« Il ne devrait pas être permis, à notre époque, de couper l’eau et d’empêcher l’accès aux médicaments et à la nourriture comme moyens de guerre contre une population entière », a-t-il ajouté, faisant référence au « siège complet » de Gaza par Israël, comme l’a qualifié le ministre de la Défense, Yoav Gallant, dans ses efforts pour faire pression sur le Hamas.
Les dirigeants israéliens ont déclaré qu’il était impensable que leur pays continue à fournir des biens et de l’énergie à l’enclave à la suite de l’assaut et alors que les terroristes détiennent des centaines de personnes en otage.
Depuis samedi, plusieurs dizaines de camions d’aide ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza après avoir été dûment contrôlés par Israël, qui s’est assuré qu’ils ne contenaient ni armes, ni tout autre matériel qui pourrait être utilisés par le Hamas. Les organisations internationales estiment toutefois qu’une centaine de camions par jour seraient nécessaires pour répondre aux besoins de la population.
Le Qatar a fait l’objet de vives critiques de la part des États-Unis et d’autres pays en raison de sa chaîne d’information satellitaire panarabe Al Jazeera, résolument anti-israélienne. Cette chaîne a retransmis, par le passé, des discours d’Osama ben Laden, le chef d’Al-Qaida, et couvre sans interruption les frappes aériennes à grande échelle menées par Israël dans le cadre de sa guerre contre le Hamas, en diffusant notamment des images de personnes mortes ou mourantes qui ont provoqué des protestations dans tout le Moyen-Orient et dans le monde entier.
Selon un article publié mercredi, Blinken, le secrétaire d’État américain, aurait demandé au Premier ministre qatari de modérer le ton de la chaîne publique Al Jazeera sur la guerre dans la bande de Gaza.
Selon Axios, la demande vise à « réduire le volume de la couverture d’Al Jazeera parce qu’elle est pleine d’incitation anti-israélienne », suggérant que les États-Unis craignent que la couverture de la guerre par la chaîne qatarie n’exacerbe les tensions dans la région.
Cette demande est l’une des nombreuses demandes formulées par Blinken dans le cadre d’un appel plus large au Qatar pour qu’il modifie sa position publique à l’égard du Hamas, selon l’article.
S’exprimant aux côtés du Premier ministre qatari à Doha au début du mois, Blinken a déclaré que « le maintien du statu quo avec le Hamas n’est plus une option ».