Israël en guerre - Jour 539

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Interview

Refael Franco : le Hezbollah aura des difficultés à élaborer un nouveau système de communication

Selon l'ex-directeur-général adjoint de l'Unité de cyber-défense C4I, des actions "audacieuses et inhabituelles" telles que l'explosion des balises sont "la clé de la dissuasion"

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Refael Franco, ancien directeur-général adjoint de l'Unité de cyber-défense C4I. (Crédit : Autorisation)
Refael Franco, ancien directeur-général adjoint de l'Unité de cyber-défense C4I. (Crédit : Autorisation)

Il n’y a jamais eu d’opération d’assassinat ciblé comparable à l’attaque des bipeurs au Liban en début de semaine, a déclaré au Times of Israel un ancien haut responsable de la cyber-sécurité israélienne.

« C’était précis tout en étant généralisé », a déclaré Refael Franco, ancien directeur-général adjoint de l’Unité de cyber-défense C4I et responsable de ses mesures de défense, en faisant référence à l’attaque coordonnée contre les bipeurs du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à travers le Liban mardi, qui ont fait au moins ce jour 12 morts et 2 800 blessés.

Cette attaque est largement imputée à Israël, qui se refuse à tout commentaire. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a reconnu jeudi que ses capacités avaient été impactées de manière « sans précédent », a rejeté la faute sur Israël et a juré de se venger.

Interrogé sur la responsabilité d’Israël, Franco s’est refusé à tout commentaire.

« Il y a plusieurs mois, le Hezbollah a décidé de s’équiper de bipeurs », a-t-il déclaré.

« Cette décision est, à mes yeux, le véritable tournant […] Nasrallah a compris qu’il ne pouvait plus utiliser de téléphones portables », a poursuivi Franco d’un ton énigmatique.

Morceaux d’un bipeur explosé, sur une photo circulant sur les réseaux sociaux, le 17 septembre 2024. (Crédit : Telegram)

Dans un discours télévisé prononcé en février, Nasrallah avait dénoncé l’utilisation des téléphones portables, craignant qu’ils puissent être repérés par Israël, et avait lancé un avertissement. « Le téléphone dans vos mains, dans les mains de votre épouse et dans les mains de vos enfants est ‘l’agent’ […] Enterrez-le. Mettez-le dans une boîte en fer et verrouillez-la. »

Selon le New York Times, Israël a investi des millions dans le développement de nouvelles technologies pour pirater les téléphones, et les alliés du Hezbollah ont averti Nasrallah du danger.

Le chef du groupe terroriste chiite libanais avait alors banni les téléphones portables des réunions du Hezbollah, indique l’article, avait ordonné aux éléments de porter des bipeurs et avait décidé que les ordres seraient donnés par l’intermédiaire de ces appareils en période de conflit.

L’étape suivante consiste à comprendre « l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du Hezbollah – achats, distribution, budget ».

Un homme tenant un talkie-walkie portant le logo de la société japonaise Icom, après avoir retiré la batterie lors des funérailles des personnes tuées lorsque des bipeurs, distribués aux terroristes du Hezbollah, ont explosé au Liban la veille, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 18 septembre 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)

« Il se pourrait qu’ils aient acheté les bipeurs à une société écran israélienne », a-t-il spéculé, se référant à des articles de presse, notamment du New York Times.

Jusqu’à trois grammes d’explosifs dissimulés dans les bipeurs étaient passés inaperçus pendant des mois par le Hezbollah, a rapporté Reuters en début de semaine.

L’agence de presse a également indiqué, en citant une source libanaise, que les batteries des talkies-walkies utilisés par le groupe terroriste chiite libanais et qui ont explosé le lendemain de l’explosion des bipeurs étaient remplies d’un composé hautement explosif connu sous le nom de PETN. La façon dont la matière explosive était intégrée dans la batterie la rendait extrêmement difficile à détecter, a indiqué la source à Reuters.

Citant trois responsables du renseignement informés de l’opération, le New York Times a relayé qu’Israël aurait mis en place une opération de façade, en créant une société écran en Hongrie appelée BAC Consulting, qui a produit les bipeurs, et a commencé à les expédier au Hezbollah au cours de l’été 2022. Les expéditions se seraient accélérées de manière spectaculaire cette année.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononçant un discours télévisé, à la suite d’explosions imputées à Israël d’appareils de communication du groupe terroriste chiite libanais, le 19 septembre 2024. (Crédit : Capture d’écran)

Franco, actuellement PDG de Code Blue Cyber, a quitté l’Unité de cyber-défense C4I en 2021, après avoir reçu le prix de la sécurité israélienne pour avoir dirigé une opération spéciale.

Franco a affirmé que les attaquants étaient parvenus à créer une vulnérabilité « zero-day » – une faille informatique – dans les appareils du Hezbollah, ce qui signifie que l’utilisateur ne sait pas ce qui a été fait sur son dispositif et n’a pas le temps de réagir avant qu’une attaque ne soit déclenchée. « En étudiant extrêmement bien l’appareil, vous pouvez interférer avec son logiciel ou son matériel à l’insu de l’utilisateur », a expliqué Franco.

Franco a noté que les attaques auraient mis hors de combat des centaines de terroristes du Hezbollah.

Il a également affirmé que l’atteinte au commandement et au contrôle du Hezbollah était l’effet le plus important de l’attaque. « Contrôler des milliers de combattants [terroristes] et d’unités lorsqu’ils n’ont pas de moyen de communication, c’est quelque chose qui les fait reculer de plusieurs années. »

Un dispositif de communication au sol, alors que les forces de l’armée libanaise s’apprêtent à le détruire lors d’une explosion contrôlée, dans le sud du Liban, entre les villages de Burj al Muluk et de Klayaa, le 19 septembre 2024. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

À court terme, le Hezbollah devra utiliser des coursiers ou des téléphones portables pour communiquer, a estimé Franco. Même si l’Iran envoyait à son mandataire chiite libanais des équipements de communication avancés, il faudrait des semaines, voire des mois, pour que le nouveau système soit opérationnel.

« Il faudra des semaines pour apprendre le système, a déclaré Franco, pour s’habituer à l’utiliser et pour lui faire confiance. Et leur confiance dans leurs systèmes de communication est très faible ».

Selon lui, ces deux vagues d’explosions devraient renforcer la capacité de dissuasion d’Israël à l’égard du Hezbollah, qui a été profondément ébranlée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.

Les frappes aériennes, bien qu’elles aient toute une série d’effets bénéfiques pour Israël, ne permettent de rétablir la capacité de dissuasion que dans une certaine mesure. Le Hezbollah a résisté aux frappes aériennes israéliennes pendant des dizaines d’années et a conçu sa force armée en s’attendant à devoir supporter des semaines de bombardements. « C’est en agissant de manière audacieuse et inhabituelle que l’on devient dissuasif », a noté Franco.

Des colonnes de fumée provenant d’une frappe aérienne israélienne à Khiam, dans le sud-Liban, non loin de la frontière, le 19 septembre 2024. (Crédit : AFP)

Aujourd’hui, a-t-il ajouté, Israël dispose d’une fenêtre de plusieurs semaines pour décider s’il veut s’engager dans une guerre totale ou faire pression sur le Hezbollah pour le pousser à conclure un accord diplomatique.

« L’idée qu’Israël ne disposait que de 48 heures pour tirer parti des attaques est absurde », a-t-il estimé, soulignant les effets durables sur le commandement et le contrôle et évoquant le chaos dans les rangs du Hezbollah.

En outre, si le groupe terroriste chiite libanais veut se venger d’Israël – comme Nasrallah l’a menacé – les répercussions de ces attaques « ne constituent pas une situation favorable pour lui », a affirmé Franco.

Si une guerre devait éclater, Israël aurait plus d’un tour dans son sac, a fait remarquer Franco, sans fournir plus de détails.

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