Israël en guerre - Jour 434

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Interview

Rencontre avec Alain Goldman qui a – entre autres – produit « HHhH »

Le producteur de cinéma français Alain Goldman a présenté à Tel Aviv « HhhH - L’homme au cœur de fer », une production internationale qui retrace l'ascension fulgurante de Reinhard Heindrich, bras droit d’Himmler et chef de la Gestapo

Alain Goldman répond aux questions des spectateurs  à l'issue de la projection du film "HHhH" à Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)
Alain Goldman répond aux questions des spectateurs à l'issue de la projection du film "HHhH" à Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)

Producteur français aux paris audacieux, Alain Goldman démarre une carrière fructueuse au cinéma avec l’ambitieux « 1492, Christophe Colomb ». Suivront « Casino », « Les rivières pourpres » et « La Rafle » notamment, qui retraçait l’arrestation des milliers de Juifs raflés par la police de Vichy et internés au Vélodrome d’Hiver à Paris, en juillet 1942.

Projeté en séance spéciale à la Cinémathèque à l’initiative des Amis francophones de l’Université de Tel Aviv, son nouveau film en tant que producteur, « HHhH » retrace l’ascension fulgurante de Reinhard Heindrich, bras droit d’Himmler et chef de la Gestapo.

Si la première partie s’attache aux pas de celui qui fut l’architecte de la Solution finale pour nous livrer le portrait saisissant d’un homme devenu monstre, le deuxième volet du film s’attache à décrire la préparation puis l’attentat contre « l’homme au cœur de fer » par deux jeunes résistants tchèques.

Avec cette thématique du sacrifice de soi pour une grande cause et la description minutieuse d’un attentat à la fois follement téméraire et nécessaire, le film agrippe le spectateur, et ne le lâche plus. Sans doute parce que Cédric Jimenez, le réalisateur, dit « avoir été fasciné par la trajectoire de ces deux gamins qui partent en mission. »

Alain Goldman répond aux questions des spectateurs à l'issue de la projection du film "HHhH" à Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)
Alain Goldman répond aux questions des spectateurs à l’issue de la projection du film « HHhH » à Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)

Il l’illustre par beaucoup de séquences poignantes où la description d’une résistance désespérée, bouleversante et profondément humaine nous touche au cœur.

Également présent lors du Festival International du Film Étudiant à Tel Aviv, Alain Goldman a fait partager son expérience professionnelle à des dizaines de jeunes cinéastes en herbe venus l’écouter lors d’une Master Class.

Une bonne opportunité de repérer les futurs talents locaux pour ce producteur chevronné, qui a annoncé dans la foulée son intention de créer une structure de production dans le pays. Importer le savoir-faire de Légende Production à Tel Aviv, c’est le nouveau défi d’Alain Goldman. Entretien.

Le Times of Israêl : « HHhH » a été présenté la semaine dernière au public israélien dans le cadre d’une projection exceptionnelle organisée par les Amis francophones de l’Université de Tel Aviv. Quelles ont été vos premières impressions en venant présenter le film ici, en Israël, en tant que producteur ?

Alain Goldman : Je suis très touché de l’accueil qui a été réservé au film. Il sera présenté aussi au Festival International du Film de Jérusalem, le 15 et le 18 juillet. On aura alors une vision plus large des réactions du public, mais en tout cas les prémices sont bons.

Ce que les gens m’ont dit c’est que, au-delà de l’implication directe de Reinhard Heydrich dans les Einsatzgruppen (commandos de la mort), dans la Shoah par balles puis dans la mise en place des camps d’extermination via la conférence de Wannsee qu’il préside, les réactions se sont centrées surtout sur la description de la résistance.

Reinhard Heydrich en 1940. (Crédit : Bundesarchiv, Bild 183-R98683//CC BY-SA 3.0/WikiCommons)
Reinhard Heydrich en 1940. (Crédit : Bundesarchiv, Bild 183-R98683//CC BY-SA 3.0/WikiCommons)

La résistance contre celui qui vous nie votre existence, ce qui était le cas d’Heydrich, et le cas du Reich. Car, contrairement à la France, l’Allemagne, en occupant la République tchèque, dit à ses citoyens que leur pays n’existe plus et qu’il devient province du Reich, la Bohême et la Moravie.

Les résistants qui se lancent contre Heydrich veulent donc stopper et faire payer la tyrannie, en se disant qu’il n’y a pas d’autre moyen que de tuer physiquement l’ennemi. Il n’y a pas d’autre réponse à la barbarie, et c’est le premier point qui résonne très fort ici.

La deuxième réaction est purement artistique : les gens ont adoré la mise en scène, l’écriture, la narration particulière de ce film. C’est très agréable pour Cédric Jimenez, le réalisateur, à qui le mérite revient pleinement.

Dans « HhhH », qui est le récit de l’ascension de Reinhard Heindrich, le spectateur est immergé dans l’Allemagne nazie. Cédric Jimenez, le réalisateur, nous donne à voir un milieu grand bourgeois allemand, et il y a comme un parfum de décadence à la Visconti. Les images sont léchées, avec des séquences assez esthétisantes. N’y a t-il pas dans ce parti-pris esthétique un risque de fascination pour le spectateur ?

Oui, mais en même temps justement cette fascination était une volonté de Cédric Jimenez car les nazis, comme vous le savez sans doute, aimaient l’idée de faire cohabiter en eux la férocité et l’esthétisme. C’est très étrange, monstrueux et abject à mes yeux, mais ils aimaient bien être féru d’art, de belles choses, et cela se voit dans leurs décors, leurs uniformes, leurs parades et leurs apparitions.

Les Allemands « ne voulaient pas renier l’esthétique de leur culture, tout en faisant bon ménage avec les pires atrocités »
Alain Goldman

Tout était très codifié en termes visuels. Il y a cet amour pour la musique classique, toutes les belles lettres allemandes : ils ne veulent pas renier cette esthétique de leur culture, tout en faisant bon ménage avec les pires atrocités que les hommes peuvent commettre. Cédric a voulu rendre compte de cette complexité-là, je l’en félicite.

Je trouve que, justement, si c’est gênant, il ne s’agit pas là de sa mise en scène, mais de ce que les nazis ont souhaité faire cohabiter ensemble. Tant mieux si ça choque, ce n’est pas une faute de goût mais le but était d’interpeller le spectateur là-dessus.

Vous êtes producteur du film. Avez-vous rencontré des réticences autour du sujet lors de la préparation, le plan de financement s’est-il monté facilement ?

Non. Ça a été un film très difficile à monter mais en même temps c’est un projet que nous n’avons jamais remis en question, parce qu’il nous paraissait tellement essentiel, avec ses relais sur l’Histoire et ses résonances dans le monde d’aujourd’hui.

On s’est dit qu’il fallait vraiment le faire et c’est ce qui nous a donné la volonté de surmonter les difficultés.

Agnès et Alain Goldman entourés de l'équipe du Festival International du Film Etudiant de Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)
Agnès et Alain Goldman entourés de l’équipe du Festival International du Film Etudiant de Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)

Comment avez-vous appréhender en tant que producteur ce tournage qui a nécessité une vaste reconstitution historique ? Y a-t-il des films qui vous ont inspirés lors de la préparation, dans votre vision de l’Allemagne nazie et de la Tchécoslovaquie annexée ?

Oui, il y a eu « Les bourreaux meurent aussi » [film de Fritz Lang réalisé en 1943, ndlr], qui raconte la même histoire mais avec un autre point de vue. Il y a eu aussi beaucoup de recherches du coté de Leni Riefenstahl pour justement regarder cet esthétisme-là et voir comment elle-même sublimait et transcendait la culture nazie.

Mais des films en tant que tels, oui. Je citerais les œuvres de Luchino Visconti, Vittorio De Sica, avec « Le Jardin des Finzi-Contini » notamment. Et aussi un peu de « L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville.

Le film narre donc l’ascension durant sa première partie de Reinhard Heydrich au sein du parti nazi, qui deviendra le bras droit d’Himmler puis l’artisan de la Solution finale. Dans le film, de par le charisme de l’acteur, il peut-être perçu par le public comme objet de fascination et comme objet de répulsion tout à la fois. Un défi pour le réalisateur de trouver la bonne distance avec ce type de personnage ?

Tout à fait. Ce sont les mystères de ces personnalités complexes où vous trouvez le pire, c’est sûr, et aussi quelques expressions de talent, de savoir-faire dans la vie, d’efficacité, d’organisation. C’est la terrifiante vérité. C’est un mélange. Alors, après, ce que l’on est, on le met au service de quoi ?

Le dirigeant de la Gestapo Heinrich Muller, le SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich, le Reichsführer-SS Heirich Himmler, le dirigeant de la police criminelle allemande Arthur Nebe et le chef de la police d'État et de la Gestapo à Vienne Franz Joseph Huber, se réunissent à Munich, Allemagne, en novembre 1939 (Crédit : Archives fédérales allemandes/Wikimedia commons)
Le dirigeant de la Gestapo Heinrich Muller, le SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich, le Reichsführer-SS Heirich Himmler, le dirigeant de la police criminelle allemande Arthur Nebe et le chef de la police d’État et de la Gestapo à Vienne Franz Joseph Huber, se réunissent à Munich, Allemagne, en novembre 1939 (Crédit : Archives fédérales allemandes/Wikimedia commons)

Heydrich l’a mis au service de l’extermination des Juifs et au service d’éliminer tout ce qui n’était pas nazi. C’est terrifiant, mais peut-être que dans une autre vie ou dans d’autres circonstances, si cet homme n’avait pas été déchu de son grade d’officier dans la marine, ça aurait été différent. C’est très étrange…

Comment s’est imposé le choix de Jason Clarke, qui est exceptionnel dans le rôle d’Heindrich ?

Écoutez, on est très heureux et impressionné de ce que donne Jason Clarke, qui livre une interprétation extraordinaire d’Heydrich. C’est arrivé de manière très agréable, puisque c’est son manager qui a d’abord lu le scénario. Le script circulait déjà à L.A.

Il l’a trouvé formidable et l’a fait lire à Jason Clarke en lui disant que ce serait bien qu’il le fasse. Jason Clarke a lu le scénario à son tour, l’a aimé et c’est lui qui a demandé à rencontrer le réalisateur. Nous avions à l’époque d’autres pistes, mais Cédric a répondu positivement à sa demande, même si on n’avait pas pensé à cet acteur spontanément.

C’est un acteur sublime, il était dans « Zero Dark City » et il a interprété quelques très beaux rôles. Cédric Jimenez l’a donc rencontré. Ils ont évoqué le rôle puis Cédric m’a appelé et m’a dit : « Écoute, ce n’est pas la peine d’aller chercher plus loin, le type est génial, c’est avec lui qu’il faut le faire » et je lui ai répondu « Super, allons-y. »

On ne s’est pas trompé. Il incarne vraiment tout le personnage.

Le film est adapté du roman de Laurent Binet, Prix Goncourt de la Première œuvre. A quel moment l’idée de l’adaptation du livre s’est-elle imposée ?

Le directeur des Éditions Grasset, Olivier Nora, qui est un ami, m’a appelé. Il connaît un peu mes goûts et mes centres d’intérêt. Il m’a dit : « Écoute, je publie un bouquin que tu devrais vraiment regarder de près. »

Et en le lisant effectivement ça m’a tout de suite donner envie de l’adapter. C’est comme ça que les choses ont démarré. Tout le processus a pris trois ans.

La projection organisée pour "HHhH" a fait le plein à la cinémathèque de Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)
La projection organisée pour « HHhH » a fait le plein à la cinémathèque de Tel Aviv, en juin 2017. (Crédit : Camille Goldman)

Comment l’équipe du film a t-elle réagi à l’idée de participer au projet ?

L’équipe était très inspirée et on a eu beaucoup de propositions dès le départ. Les gens ont beaucoup aimé le livre, le scénario et le casting. Je venais de faire entre-temps avec Cédric « La French », un très beau film sur l’assassinat du juge Michel interprété par Jean Dujardin.

Le film, qui a été très apprécié, a permis à Cédric, son réalisateur, de passer au niveau international.

Quels sont les souvenirs les plus marquants que vous gardez du tournage ?

Écoutez, c’est évidemment la scène de l’attentat. On ne l’a pas tourné à Prague mais à Budapest. On a donc dû trouvé un lieu adapté et le refaire avec le tramway qui passe, le marché, etc…

C’est vraiment pour moi le lieu symbolique du film, parce que c’est la rencontre entre le pire et le meilleur de l’humanité. C’est là mon plus beau souvenir de tournage.

Vous avez produit en 2010 « La Rafle » sur cette même période tragique de l’Histoire. La Shoah, la Deuxième Guerre mondiale, des thèmes qui vous parlent et qui vous sont chers ?

J’ai été construit avec. Je suis né dans les années soixante et ma famille, comme toutes les familles juives d’Europe, a été touchée. Ça m’a construit, ça m’a hanté, obsédé à certains moments de mon adolescence. J’aime bien l’idée de me dire qu’on peut être un peu utile à la mémoire.

Une étoile de David déchirée que les juifs devaient porter en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Illustration. (Crédit : Getty images)
Une étoile de David déchirée que les juifs devaient porter en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Illustration. (Crédit : Getty images)

Je suis effrayé de voir que non seulement la Shoah est le pire crime collectif qui ait été commis au cours de l’histoire de l’humanité, mais qu’à peine quinze ans après la fin de la guerre on commence déjà à le remettre en cause. Vous vous rendez compte si aujourd’hui des gens venaient dire que l’esclavage n’a pas existé ?

Je suis né dans les années soixante et donc j’ai découvert à la fois coup sur coup la Shoah et sa négation. C’est quand même monstrueux. Faurisson [négationniste français, ndlr], c’était dans les années 70, à Lyon…

Oui, je pense que j’ai cette volonté, même modestement, dans l’exercice de mon métier, dès que l’occasion se présente, de pouvoir apporter une pierre à l’édifice de la mémoire.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent du film ?

Qu’il ne faut jamais laisser la barbarie et les extrêmes trop se développer. Il ne faut pas avoir peur d’utiliser les moyens les plus radicaux tout de suite, parce que je pense que c’est la seule manière de s’en débarrasser, on le sait maintenant.

Je pense que les nations auraient dû être plus rapides concernant l’État islamique. Heureusement, Daech n’est pas l’armée allemande et ne le sera jamais. Ils se limitent à des assassinats et des actes terroristes lâches et monstrueux, qui tuent des innocents.

Un terroriste de l'État islamique brandissant le drapeau de l'organisation djihadiste. Illustration. (Crédit : Alatele fr/CC BY-SA/Flickr)
Un terroriste de l’État islamique brandissant le drapeau de l’organisation djihadiste. Illustration. (Crédit : Alatele fr/CC BY-SA/Flickr)

Ils ne mettront jamais les pays en danger, comme l’Allemagne a pu envahir quasiment toute l’Europe. Mais il y a un parallèle, et le parallèle est d’imposer par la force sa vision du monde. Je pense que le film illustre cela, qu’il ne faut pas laisser ces choses-là se développer.

Y a t-ils des films israéliens qui vous ont marqué ? Des réalisateurs avec lesquels vous souhaiteriez collaborer, suite à l’annonce faite de créer Légende Production en Israël ?

Notre société va en effet avoir pour originalité d’être présente en Europe, aux États-Unis et en Israël. C’est pas mal, parce que chaque lieu peut cultiver et profiter de ses spécificités.

L’Amérique a pour particularité d’être un marché très vaste et d’avoir d’énormes opportunités et possibilités. La France a en Europe un rôle pivot car elle est au cœur de tout le mécanisme de coproduction européenne. Israël est un vivier de talents.

« Hatufim » a été pour moi un choc considérable. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs on travaille ensemble avec Gideon Raff [créateur de la série, ndlr]. Nous avons un projet qui retrace toute l’histoire d’Élie Cohen et qui sera fait chez Netflix l’année prochaine. On est très fier de cet accomplissement-là.

J’ai été très marqué également par « Faouda » [série israélienne co-créée par un journaliste du Times of Israël, Avi issacharoff], qui est pour moi un sommet d’intelligence, de sensibilité et de force, et qui rend bien compte de la complexité de ce conflit. Du coup, oui, ça donne envie d’en faire beaucoup plus, pour décrire des réalités israéliennes, tout comme des réalités en dehors du pays.

Le casting de 'Fauda', la série de YES sur des agents israéliens en Cisjordanie, co-créée par Avi Issacharoff, journaliste du Times of Israël (Crédit : Ohad Romano)
Le casting de ‘Fauda’, la série de YES sur des agents israéliens en Cisjordanie, co-créée par Avi Issacharoff, journaliste du Times of Israël (Crédit : Ohad Romano)

« HHhH » L’homme au cœur de fer, Film historique français de Cédric Jimenez (2017)
Production : Légende films, Avec Jason Clarke, Rosamund Pike et Jack O’Connell
Durée : 2 heures

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