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Reuven Rivlin condamne les attaques contre les manifestants anti-Netanyahu

Craignant un assassinat politique, le président israélien exhorte les députés de la coalition et de l'opposition à s'unir et à apaiser les tensions

Des Israéliens manifestant contre le ministre de la Sécurité intérieure, Amir Ohana, à Tel Aviv, le 28 juillet 2020 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Des Israéliens manifestant contre le ministre de la Sécurité intérieure, Amir Ohana, à Tel Aviv, le 28 juillet 2020 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

À la suite d’attaques venant apparemment de l’extrême droite contre des manifestants anti-Netanyahu la nuit précédente à Tel-Aviv, le président Reuven Rivlin a mis en garde jeudi contre la violence politique.

« Je veux dire clairement, étant donné les développements violents de la dernière journée : le meurtre d’un manifestant qui va protester dans l’État d’Israël, ou le meurtre d’un Premier ministre israélien, ne sont pas des scénarios imaginaires », a dénoncé Rivlin dans un communiqué, en référence à l’assassinat en 1983 du manifestant de gauche Emil Grunzweig par un militant de droite lors d’une manifestation à Tel-Aviv et à l’assassinat en 1995 du Premier ministre de l’époque Yitzhak Rabin par un opposant au processus de paix d’Oslo.

« Malheur à notre démocratie si un frère prend les armes contre un autre frère », a-t-il poursuivi.

« La censure et la condamnation sont devenues bon marché. Chaque dénonciation est immédiatement attaquée en se demandant pourquoi un événement différent n’a pas été condamné, et sa signification est entièrement perdue ».

Le président Reuven Rivlin dans un bureau de vote de Jérusalem au cours des élections à la Knesset, le 2 mars 2020. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Plusieurs membres présumés de l’extrême droite ont attaqué des manifestants mardi dernier alors qu’ils participaient à une manifestation devant la maison de Tel-Aviv d’Amir Ohana, le ministre de la Sécurité publique, qui avait été enregistré en train de faire pression sur les policiers pour qu’ils renforcent la répression contre les manifestants anti-Netanyahu.

Les agresseurs ont été vus en train de frapper les manifestants avec des bouteilles en verre, des massues et des chaises et de les asperger de gaz lacrymogène. Les organisateurs du rassemblement ont déclaré que cinq personnes ont été hospitalisées, dont deux à cause de coups de couteau dans le dos. Selon des informations ultérieures, dix personnes ont été hospitalisées.

Dénonçant les attaques, le chef de l’État a appelé la police à rendre justice aux responsables, tout en condamnant les menaces contre le Premier ministre Netanyahu et sa famille.

La police israélienne a déclaré avoir arrêté trois suspects en relation avec les attentats.

Netanyahu, dans sa première réponse publique mercredi après-midi aux attaques contre les manifestants, a tenu à évoquer un officier de police qui a été blessé lors d’une récente manifestation ainsi que des menaces présumées contre lui-même et sa famille.

« L’enquête sur l’incident de Tel-Aviv est en cours. J’attends de la police qu’elle découvre la vérité et qu’elle traduise en justice les responsables. Il n’y a pas de place pour la violence, pour quelque raison que ce soit », a-t-il écrit sur Facebook.

Et d’ajouter : « Dans le même temps, il n’y a pas de place pour l’incitation ou les menaces de meurtre – explicites ou implicites – contre moi et les membres de ma famille, y compris la menace honteuse de crucifixion faite aujourd’hui à Tel-Aviv ».

Le chef du gouvernement faisait ici référence à une installation artistique placée sur la place Rabin de Tel-Aviv mercredi matin, qui le montrait en train de manger un repas somptueux, dont un gâteau géant, à une table de banquet, dans une satire faisant allusion à la Cène.

Des passants prennent en photo l’installation de l’artiste israélien Itay Zalait se moquant du Premier ministre Benjamin Netanyahu en reprenant « La Cène », sur la place Rabin à Tel Aviv, le 29 juillet 2020. (Crédit : Oded Balilty/AP)

Le ministre de la Défense Benny Gantz a affirmé que les attaques contre les manifestants anti-Netanyahu étaient le fait de « gangs criminels organisés » et a assuré qu’il s’efforcerait de faire en sorte que les auteurs de ces violences soient punis.

« Hier, une ligne a été franchie lorsque des citoyens exerçant leur droit de manifester ont été attaqués par des gangs criminels organisés », a dénoncé Gantz dans un communiqué.

Il s’est engagé à garantir que le droit de manifester ne soit pas limité et a souligné que la violence devait être dénoncée publiquement.

« La démocratie est mise à l’épreuve dans les moments de crimes ; un gouvernement est mis à l’épreuve dans des périodes comme celles-ci », a-t-il déclaré. « J’avais l’intention de convoquer une réunion du gouvernement sur les événements violents et de travailler activement avec la police israélienne pour s’assurer que les actes sont traités… et que ceux qui sèment une haine injustifiée, incitent à la violence et nuisent aux citoyens sont punis. »

Le Premier ministre d’alternance et ministre de la Défense Benny Gantz à la réunion hebdomadaire de cabinet de Jérusalem, le 28 juin 2020. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Des manifestations ont lieu de façon répétée ces dernières semaines près de la résidence du Premier ministre. Ces manifestations ont attiré des milliers d’Israéliens en colère contre la corruption du gouvernement, la gestion de la crise du coronavirus et d’autres maux.

Des scènes de violence ont été occasionnellement observées lors des récents rassemblements, souvent de la part de policiers qui tentaient de disperser les protestataires, des vidéos de la scène ont été montrées. Au début de cette semaine, trois personnes ont été arrêtées pour avoir attaqué des manifestants à différents endroits.

Netanyahu et certains de ses partisans ont dénoncé les manifestants comme étant des « anarchistes ».

Le Premier ministre est jugé pour une série d’affaires dans lesquelles il aurait reçu de somptueux cadeaux d’amis milliardaires et échangé des faveurs réglementaires avec des magnats des médias pour une couverture plus favorable de lui-même et de sa famille. Il nie tout méfait, accusant les médias et le ministère public d’une chasse aux sorcières pour l’évincer de son poste, et a refusé de quitter ses fonctions.

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