Suite à l’assassinat d’une mère, Herzog dénonce la montée en flèche des homicides
Le président a déclaré qu'il s'agit d'une "véritable calamité nationale" après que Hanan Abu Hait a été abattue lors d'une querelle criminelle présumée
Le président Isaac Herzog a dénoncé lundi la hausse spectaculaire du nombre d’homicides et de crimes violents, qualifiée « d’épidémie », qui frappe Israël.
Plus de 90 meurtres présumés ont eu lieu depuis le début de l’année 2023, soit plus du double du taux de l’année dernière. La grande majorité des victimes sont des Arabes israéliens, dont les communautés ont connu une recrudescence des crimes violents au cours des dernières années.
S’exprimant quelques heures après qu’une jeune mère arabe a été abattue à Haïfa dans le cadre d’une querelle entre deux familles criminelles locales, Herzog a déclaré qu’Israël se trouvait dans une « période d’urgence » et a qualifié les meurtres de « défi stratégique » pour le pays.
« Il semble que personne ne soit à l’abri alors que des mondes entiers de citoyens israéliens sont détruits sous nos yeux », a déclaré Herzog dans un communiqué. « Il s’agit d’une véritable calamité nationale. Il s’agit d’un terrorisme civil – oui, un terrorisme civil – qui nous menace tous et contre lequel nous devons tous immédiatement nous unir. »
« Ce terrorisme civil n’a pas de limites », a-t-il ajouté, avertissant que tout le monde pouvait être touché.
Herzog a également demandé au gouvernement et à tous les organismes officiels concernés de « se réunir d’urgence pour délibérer, de s’asseoir ensemble, de prendre des décisions décisives et résolues, de cesser de s’inquiéter et de s’excuser, d’agir avec tous les outils et de mener une guerre totale et sans compromis qui éradiquera cette menace ».
Ses commentaires ont été faits alors que la commission de Sécurité nationale de la Knesset, qui supervise les efforts de l’État pour lutter contre les crimes violents et d’autres questions connexes, a annoncé qu’elle ne se réunirait pas cette semaine dans le cadre du boycott des activités de la Knesset par Otzma Yehudit.
Le parti de la coalition d’extrême-droite, dont le député Zvika Fogel qui dirige la commission, est actuellement en conflit avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet de l’étendue de son influence sur la prise de décision du gouvernement. Otzma Yehudit est dirigé par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a fait campagne en s’engageant à assurer une plus grande sécurité aux citoyens, mais qui est resté très silencieux sur la montée en flèche de la criminalité.
Le groupe de campagne anti-violence Abraham Initiatives, a dénoncé l’annulation des sessions de la commission prévues cette semaine, affirmant qu’elle était utilisée « comme monnaie d’échange dans la cynique bataille politique d’Otzma contre Netanyahu ».
« Les vies des citoyens arabes ont été abandonnées à leur sort, toutes nos vies l’ont été. Il s’agit d’une situation d’urgence et nous avons besoin de quelqu’un ici disposé à travailler », a déclaré le groupe dans un communiqué.
Selon le groupe, 73 Arabes ont été tués dans des homicides – dont 65 par balles – depuis le début de l’année 2023.
En ce qui concerne le meurtre de lundi, une source policière a déclaré que les criminels étaient fortement protégés, ce qui signifie que des victimes telles que Hanan Abu Hait, la mère d’un garçon de cinq ans, sont choisies comme cibles.
« L’objectif est d’éliminer, peu importe qui, pour se venger du meurtre précédent », a déclaré une source policière à la Douzième chaîne.
« Tout cela au nom de la ‘vengeance’. Les criminels de haut rang se cachent ou sont entourés de gardes du corps de peur d’être éliminés, et ceux qui paient le prix sont des innocents ou des personnes qui n’ont pas de contact direct avec les familles criminelles », a déclaré la source.
Selon la chaîne publique israélienne Kan, 13 femmes ont été assassinées depuis le début de l’année, contre six au cours de la même période en 2022.
La députée Aida Touma-Sliman (Liste arabe unie) a déclaré lundi que l’État devait trouver un moyen d’aider les femmes qui sont prises au piège dans des situations dangereuses.
« Il y a des femmes qui sont piégées dans des organisations criminelles et nous avons besoin d’un plan clair sur la façon de les protéger », a-t-elle déclaré.
Les communautés arabes ont connu une vague de violence ces dernières années, due en grande partie à l’afflux du crime organisé. Beaucoup accusent la police qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et ignore largement la violence, qui comprend les querelles familiales, les guerres de territoire entre mafias et la violence à l’égard des femmes.