Tel Aviv : une expo sur les solutions d’habitat durable à travers le monde
"Solar Guerrilla" présente des œuvres d'architectes, de paysagistes et de designers industriels qui analysent un large éventail de réponses au changement climatique
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Avec les récents ouragans aux Bahamas et les incendies de forêt en Amazonie, en Sibérie et en Indonésie, il est possible de trouver une sorte de havre de paix dans « Solar Guerrilla : Constructive Response to Climate Change » [Guérilla solaire : des réponses constructives au changement climatique], l’exposition du Musée d’art de Tel Aviv, très riche en design, sur le thème des modes de vie durables, qui se tient jusqu’au 15 décembre.
L’exposition est administrée par Maya Vinitsky, conservatrice associée au département d’architecture et de design du musée, qui était déjà à l’origine de la dernière exposition environnementale du musée en 2017, « 3.5 Square Meters: Constructive Responses to Natural Disasters » [3,5 mètres carrés : réponses constructives aux catastrophes naturelles].
« Nous voulions lier cette exploration à des choses visuelles, colorées et même tactiles », explique Maya Vinitsky. « Celui qui vient au musée, à cette exposition, verra des choses qui le feront réfléchir plus et devenir plus actif. »
Une grande partie de ce qui est exposé dans « Solar Guerrilla » est l’œuvre d’architectes, de paysagistes et de designers industriels du monde entier, qui ont examiné un large éventail de réponses au changement climatique.
Située dans la spacieuse galerie Marcus B. Mizne du bâtiment principal du musée, l’exposition présente 36 projets répartis en six thèmes : 1,5 à 2 degrés Celsius, Solarpunk, Sponge City, Anti-Smog, Toit ouvrant et Passive House.
L’éventail des thèmes et des œuvres présentés donne une indication des pays les plus développés en matière de modes de vie durables, d’après Maya Vinitsky, et présente généralement des « solutions multiples », car il n’existe aucune solution unique à un problème spécifique.
Sa précédente exposition sur les interventions en cas de catastrophes naturelles a mis en lumière le fait que les catastrophes sont brèves, mais qu’elles ont des effets sur le long-terme. Le changement climatique, quant à lui, est généralement mesuré sur une grande échelle de temps de 30 à 40 ans, souligne Mme Vinitsky.
« Les changements se mesurent tout au long de ces décennies », a-t-elle dit. « C’est difficile à comprendre. Nous essayons de clarifier tout cela, de voir ce que cela signifie et quel genre d’impact cela a. »
Les visiteurs de l’exposition sont d’abord confrontés à quelques explications sur le changement climatique, dont un extrait du nouveau film d’Al Gore, « Une Suite qui dérange », ainsi que d’autres clips et podcasts de chercheurs expliquant l’Accord de Paris, avant de passer aux écrans tactiles et visuels, qui séduisent également les jeunes spectateurs.
L’une des expositions les plus agréables au toucher est Terraform, une table ronde interactive en bac à sable qui présente la topographie d’une chaîne de montagnes et l’eau réfléchie sur des monticules de sable. Les visiteurs sont invités à déplacer le sable mou avec leurs mains, démontrant ainsi comment les montagnes, les collines et les cours d’eau changent avec l’intervention des humains.
La section Ville Eponge porte sur les utilisations des pluies excessives et des inondations, avec des exemples à Copenhague, New York et Shanghai. Dans ces villes, les plans prévoient la construction de trottoirs, de garages et de parcs pour absorber le surplus d’eau de pluie et la canaliser vers les parcs et la nature – une solution gagnant-gagnant, fait observer Vinitsky.
L’ingéniosité israélienne est également présente avec Watergenerator : Moisture Harvester, une entreprise de Rishon Lezion qui récupère l’humidité et la transforme en eau potable dans un grand mécanisme en forme de fontaine – essentiel pour les pays qui ont du mal à fournir suffisamment d’eau potable propre.
Il y a aussi Eco Wave Power, une entreprise de Tel Aviv qui exploite l’énergie des vagues et de la mer pour produire de l’électricité propre. Elle opère dans le port de Jaffa, et il est actuellement prévu de le connecter au réseau électrique de Tel Aviv en novembre.
La section Solarpunk de l’exposition comprend un regard sur Vegetal City, des créations fantastiques de l’architecte bruxellois Luc Schuiten qui crée des modèles de bâtiments et de villes entièrement faits à partir de végétaux.
Sa maquette d’une maison construite à partir de branches d’arbres est installée en face de l’immeuble ParkRoyal de Singapour, un gratte-ciel qui abrite un hôtel et des bureaux sur 15 000 m2 d’espaces verts, ainsi que SkyVille, un complexe de 960 appartements qui offre des parcs verticaux et des éléments aquatiques.
Une autre innovation israélienne présentée dans la section Solarpunk est Solar Edge. Elle utilise des écrans de réalité virtuelle pour montrer comment les panneaux solaires sur les toits des maisons, des bâtiments à usages multiples et des plantes recourent à l’énergie créée par le soleil.
Dans la section sur le smog, vous trouverez des explications sur les projets d’espaces verts sur les toits de Chicago, une tour italienne qui lutte contre les brouillards de pollution grâce à une forêt verticale, et sur le projet Smog-Free de Rotterdam, qui construit des tours, des bijoux et des bicyclettes qui aident à filtrer l’air et la pollution.
Les exemples de la Passive House [maison passive] comprennent Masdar City à Abu Dhabi, avec des maquettes et des photographies de la ville entièrement durable construite dans le désert, ainsi que sa propre flotte de véhicules autonomes à batterie roulant exclusivement dans la ville. Un des véhicules futuristes est exposé dans la galerie.
Passive House offre également un aperçu de BedZED, une communauté durable à grande échelle construite à Wellington, au Royaume-Uni, qui est la première du genre en Grande-Bretagne, un kibboutz en quelque sorte, plaisante Maya Vinitsky, avec 100 maisons, bureaux et un collège.
Une maquette du bâtiment de l’entreprise Check Point à Tel Aviv est également incluse dans la section Maison passive, présentant un projet qui couvre 15 000 m2 et intègre dans sa configuration des bâtiments neufs et anciens ainsi que des murs végétaux et des espaces verts.
L’exposition se termine par un regard sur la vision de ce que l’on appelle le quartier Northwest District (3700) au nord-ouest de Tel Aviv, où l’on prévoit de créer un quartier durable dans une réserve de 2 kilomètres-carrés le long de la côte.