Trump : Les centrifugeuses iraniennes sauteront « gentiment » ou « violemment »
Quelques heures plus tôt, le président américain disait ne pas avoir tranché sur un enrichissement limité pour l’Iran, et saluait la « bravoure » des Houthis face aux frappes US
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président américain Donald Trump a indiqué mercredi qu’il souhaitait « faire sauter » les centrifugeuses nucléaires iraniennes dans le cadre d’un accord avec Téhéran, tout en affirmant être prêt à les détruire par la force si nécessaire.
Interrogé dans l’émission du présentateur conservateur Hugh Hewitt sur la position des États-Unis face au programme nucléaire iranien, Trump a confirmé qu’un message clair avait été adressé à Téhéran : soit remettre ses centrifugeuses et son uranium enrichi, soit s’exposer à des frappes. « C’est aussi simple que cela », a-t-il affirmé.
Les responsables iraniens, de leur côté, ont assuré qu’ils ne démantèleront jamais leurs centrifugeuses.
« Je préférerais de loin un accord solide et vérifié dans lequel nous les détruirions… ou que nous procédions à leur dénucléarisation », a déclaré Trump. « Il n’y a que deux options : les faire exploser gentiment ou les faire exploser violemment. »
Plus tôt dans la journée, à la question de savoir si les États-Unis étaient prêts à autoriser un programme d’enrichissement nucléaire limité pour l’Iran, Trump avait répondu : « Nous n’avons pas encore pris cette décision. Nous la prendrons. »
Ces déclarations contradictoires soulignent le flou qui entoure encore la position américaine sur l’Iran. Certains membres de l’administration se disent prêts à tolérer des capacités d’enrichissement limitées, tandis que d’autres prônent un démantèlement complet du programme nucléaire iranien.
Dimanche, Trump avait affirmé que l’objectif des négociations en cours était un « démantèlement total » du programme nucléaire iranien, tout en se disant ouvert à l’idée de laisser la République islamique poursuivre l’énergie nucléaire civile sans enrichissement local.

Les propos de Trump à Hewitt mercredi semblent s’aligner davantage sur la position du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a lui aussi déclaré qu’il n’accepterait qu’un accord incluant l’explosion physique des installations nucléaires iraniennes.
Par ailleurs, Trump, le vice-président JD Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio se sont dits ouverts à la possibilité de permettre à l’Iran d’avoir un programme nucléaire civil, à condition qu’il ne comprenne pas d’enrichissement et que l’Iran importe de l’uranium non militaire de l’étranger, comme le font plusieurs pays. Israël ne s’est pas encore prononcé sur un tel scénario.
L’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui conduit les pourparlers avec l’Iran, a déclaré pour sa part qu’un programme d’enrichissement plafonné pourrait être envisageable, comme c’était le cas de l’accord nucléaire signé par l’ancien président des États-Unis, Barack Obama, en 2015. Trump avait retiré les États-Unis de cet accord en 2018, ouvrant la voie à une accélération du programme nucléaire iranien.
Les États-Unis et l’Iran doivent entamer ce week-end à Rome un quatrième cycle de discussions.
Ces négociations interviennent peu après la conclusion d’un accord distinct, négocié par Oman, entre Washington et les Houthis. Les États-Unis se sont engagés à suspendre leurs frappes au Yémen en échange de l’arrêt des attaques contre leurs navires en mer Rouge.
Selon plusieurs sources, l’Iran aurait incité les Houthis à accepter la trêve afin de favoriser l’avancée de ses propres discussions nucléaires avec Washington.

S’adressant aux journalistes plus tard dans la journée, Trump a affirmé qu’il prenait les Houthis « au mot » concernant leur engagement à respecter la trêve annoncée mardi.
« Nous les prenons au mot… Nous les avons frappés très durement. Ils ont fait preuve d’une grande capacité de résistance. On peut dire qu’ils ont fait preuve de courage », a-t-il déclaré.
Lors d’une réunion à Washington, JD Vance a confirmé que les discussions nucléaires progressaient, ajoutant que les États-Unis acceptaient l’énergie nucléaire civile mais pas l’enrichissement susceptible de conduire à l’arme atomique.
« Nous n’avons rien contre l’énergie nucléaire. Nous sommes d’accord avec cela, mais il est hors de question d’accepter un programme d’enrichissement qui permette de produire une arme. C’est notre ligne rouge », a-t-il déclaré.
Les négociations entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire ont repris le 12 avril, atteignant un niveau de dialogue inédit depuis la rupture de l’accord de 2015 par Donald Trump.
Interrogé sur la possibilité que le nouvel accord reprenne les grandes lignes de l’ancien, le vice-président JD Vance a pointé « plusieurs failles » du précédent texte, estimant que son « régime d’inspection était incroyablement faible » et avait permis à l’Iran de poursuivre son avancée vers l’arme nucléaire.
« Nous pensons qu’un accord est possible, qui intégrerait réellement l’Iran dans l’économie mondiale, serait bénéfique pour le peuple iranien, tout en garantissant l’arrêt total de toute possibilité d’acquisition de l’arme nucléaire. C’est dans cette direction que nous négocions », a-t-il déclaré.