Tsahal : Les renseignements pré-7 octobre auraient dû suffire à prévenir l’attaque
Des sources bien informées ont exprimé leur "profonde frustration" face aux signaux manqués qui auraient dû "tirer la sonnette d'alarme" signalant une invasion imminente
Une enquête menée par le Directorat des Renseignements militaires de Tsahal sur les événements ayant conduit à l’invasion et au massacre commis par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dernier dans le sud d’Israël, présentée lundi soir au chef d’état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, aurait révélé que les signes de l’imminence de l’attaque du Hamas étaient largement suffisants pour déclencher les alertes et éviter le désastre, selon la télévision israélienne.
Les résultats de l’enquête, qualifiés de « premières conclusions » par la Douzième chaîne, ont été présentés à Halevi lors d’une réunion de haut niveau de son cabinet. Les participants ont dû signer un document les engageant à ne pas divulguer les informations et à se soumettre à un détecteur de mensonges si cela s’avérait nécessaire à l’avenir.
Le reportage télévisé cite des « sources familières » avec l’enquête du Directorat des Renseignements selon lesquelles les signes précédant l’attaque auraient dû « tirer la sonnette d’alarme » et que « dans le passé, nous avons déjà mobilisé pour moins que cela ».
Ceux qui ont pu consulter les documents d’enquête ont exprimé une « profonde frustration », selon le reportage télévisé, car « il aurait dû être facile de relier tous les éléments et d’empêcher cet événement ».
Les participants à la réunion de lundi soir auraient également reçu des documents couvrant les évaluations de la division de Tsahal à Gaza depuis les émeutes de mars 2018 menées par le Hamas à la frontière de Gaza jusqu’au 7 octobre 2023.
Ils ont également vu des documents spécifiques concernant les événements des 6 et 7 octobre, ajoute le rapport.
La présentation portait sur « ce que chacun des éléments [de l’armée israélienne] savait, les informations échangées entre eux et les mesures prises sur la base de ce qu’ils avaient cru comprendre ». Le reportage télévisé indique que les faits n’ont pas été contestés, mais qu’il y aurait eu des désaccords « en quelque sorte sur les interprétations ».
Alors que certaines sources militaires estiment que l’enquête du Directorat des Renseignements a été menée « de manière très approfondie », d’autres pensent que Halevi pourrait ne pas accepter les conclusions et demander qu’une enquête plus approfondie soit menée par le nouveau chef des Renseignements de Tsahal, le général de division Shlomi Binder.
Selon le reportage, cette décision pourrait être prise en raison des « tensions » entre le chef d’état-major et le chef des renseignements sortant, le général de division Aharon Haliva, qui a annoncé sa démission en avril, citant son rôle dans les échecs qui ont conduit au massacre du 7 octobre.
En mars, Tsahal a annoncé qu’elle avait envoyé aux commandants des protocoles sur la manière de procéder aux enquêtes internes au sein de leurs unités.
Ces enquêtes visent uniquement à tirer des conclusions opérationnelles pour l’armée et n’examinent pas les décisions des dirigeants politiques, afin d’éviter tout conflit avec les responsables du gouvernement qui ont insisté pour que les enquêtes soient menées après la fin de la guerre d’Israël contre le Hamas.
Outre les premières conclusions présentées à Halevi, Tsahal devrait présenter ultérieurement des enquêtes sur les combats qui ont eu lieu entre le 7 et le 10 octobre, lorsque les troupes ont repris le contrôle de communautés et de bases militaires dans le sud d’Israël qui avaient été envahies par le Hamas.
Une quarantaine de zones de combat ont été identifiées et font l’objet d’une enquête par plus de 20 commandants militaires.
En juin, l’armée israélienne a annoncé qu’elle espérait achever toutes les enquêtes sur les batailles avant la fin du mois d’août.
Le 7 octobre, environ 3 000 terroristes du Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, se livrant à des massacres sans précédent en termes d’intensité et d’ampleur. Les troupes de Tsahal se sont trouvées en difficulté pour réagir, car les bases proches de la frontière ont été prises d’assaut et la chaîne de commandement semble s’être rompue dans la confusion.
L’attaque a coûté la vie à près de 1 200 personnes en Israël, et 251 autres ont été prises en otage et amenées à Gaza, et qu’une grande partie de la région a été dévastée. La plupart des victimes étaient des civils.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire visant à détruire le Hamas et à obtenir la libération des otages, dont 120 sont toujours en captivité.
Le ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que plus de 37 900 personnes auraient été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, mais le groupe terroriste ne distingue pas entre les civils et les combattants, et les chiffres ne peuvent être vérifiés. Israël affirme avoir tué plus de 15 000 terroristes dans les combats à l’intérieur de l’enclave palestinienne, en plus des quelque 1 000 terroristes éliminés sur le territoire israélien le 7 octobre.
Le bilan de l’offensive terrestre israélienne contre le Hamas à Gaza et des opérations militaires menées le long de la frontière avec la bande de Gaza s’élève à 322 morts.
Les enquêtes présentées à Halevi ne sont pas liées aux enquêtes externes prévues sur la conduite de l’armée au cours de la période précédant le 7 octobre, qui sont actuellement en suspens. Les projets d’examen indépendant ont suscité des protestations de la part des dirigeants du gouvernement, qui craignaient apparemment d’être critiqués.
Fin janvier, Halevi a déclaré qu’une enquête externe ne serait lancée qu’une fois les enquêtes internes terminées.
Le contrôleur de l’État Matanyahu Englman a également commencé à enquêter sur les échecs de l’armée ainsi que sur la conduite du gouvernement, même si, en juin, la Haute Cour lui a ordonné de geler toute partie de l’enquête concernant Tsahal et l’agence de renseignement intérieur Shin Bet.