Twitter : Un internaute antisémite francophone crée une liste de « Juifs à génocider »
Une soixantaine d’individus juifs ont été ciblés par la "liste"
Un internaute francophone a créé ce jeudi sur Twitter une « liste » intitulée « Sale juif à génocider ». « Si vous êtes sur cette liste, c’est que vous avez été fichés comme juif à tuer », est-il indiqué.
Parmi la soixantaine d’individus juifs ciblés par la « liste » : les philosophes Bernard-Henri Lévy et Raphaël Enthoven, le présentateur Cyril Hanouna, le député européen Raphaël Glucksmann, le rabbin Gabriel Farhi ou encore la journaliste Noémie Halioua.
L’individu arbore les drapeaux syrien, belge et canadien sur son profil Twitter et se définit comme « jihadiste et strip-teaseur ». Il serait d’origine syrienne selon ses messages.
Outre cette « liste », il poste régulièrement des messages antisémites et se définit comme « nazi » dans un récent message.
On m'a mis sur une "liste" fort sympathique.
Signalez le compte please :@AkhySnuss pic.twitter.com/GN2nmwEnZ4— Noémie Halioua (@NaomiHalll) June 29, 2023
Le réseau social américain Twitter, dirigé depuis l’an dernier par Elon Musk, est largement accusé d’un manque de modération face aux contenus haineux.
La société fait l’objet d’un boycott de la part d’annonceurs, ce qui a fortement réduit ses revenus. Ce boycott est le résultat d’une pression exercée par l’Anti-Defamation League (ADL) et d’autres organisations en réponse à l’absence d’action de Musk concernant les discours haineux sur la plate-forme.
L’ADL a publié l’année dernière une analyse qui a révélé que Twitter n’avait supprimé que 5 % des 225 tweets qu’il a signalés comme « fortement antisémites » – des commentaires accusant les Juifs de pédocriminalité, invoquant le déni de la Shoah et partageant des théories du complot – sur neuf semaines l’été dernier. Elle a également constaté que l’antisémitisme avait connu un pic sur la plate-forme après l’acquisition de Musk.
En 2021, un rapport du Center for Countering Digital Hate, basé en Grande-Bretagne, a révélé que 84 % des messages signalés sur les plate-formes de réseaux sociaux contenant de la haine antisémite n’avaient pas été examinés par les plate-formes. Selon l’enquête, Twitter n’est intervenu que dans 11 % des cas.
Twitter promet toutefois de faire la police sur sa plate-forme et a récemment suspendu les comptes d’utilisateurs dont les commentaires antisémites ont fait la Une des journaux. Ce fut le cas l’année dernière pour Ye, l’artiste anciennement connu sous le nom de Kanye West.
Fin janvier, l’Union des étudiants juifs d’Europe (EUJS), basée à Bruxelles, et le groupe à but non lucratif HateAid, basé à Berlin, ont annoncé qu’ils avaient intenté un procès contre Twitter devant le tribunal de district de Berlin pour n’avoir pas respecté sa promesse de supprimer les discours de haine de la plate-forme.
L’objet de la poursuite est six commentaires antisémites et illégaux qui n’ont pas été supprimés malgré leur signalement à Twitter.
L’annonce de cette action en justice était intervenue un jour après la réintégration par le réseau social du négationniste américain de la Shoah et suprémaciste blanc Nick Fuentes, l’un parmi d’autres à avoir publié des contenus antisémites sur la plate-forme puis à être autorisées à y revenir depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk, l’année dernière. Fuentes a immédiatement écrit sur Twitter des commentaires antisémites et a de nouveau été suspendu.
L’action en justice vise à déterminer si Twitter a une obligation contractuelle envers ses utilisateurs, en vertu de ses conditions d’utilisation, de supprimer les tweets antisémites qui contiennent des éléments séditieux, notamment la banalisation et la négation de la Shoah.