Un chef d’implantation refuse de « danser sur le sang » des victimes du terrorisme
David Elhayani, chef d'un conseil régional en Cisjordanie, juge "immoral" de récupérer les attaques palestiniennes pour renforcer la présence israélienne dans les implantations
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
![Des habitants d'implantations et des activistes de droite protestent contre les attentats contre les Israéliens en Cisjordanie devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 16 décembre 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90) Des habitants d'implantations et des activistes de droite protestent contre les attentats contre les Israéliens en Cisjordanie devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 16 décembre 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2018/12/F181216YS13-1-640x400.jpg)
Un leader du mouvement d’implantation a accusé d’autres responsables du mouvement de « danser sur le sang » des victimes du terrorisme afin de faire avancer la cause des implantations. Il a rejeté les appels à des sanctions plus sévères contre les Palestiniens et à plus de constructions en Cisjordanie après une série d’attaques mortelles la semaine dernière.
« Je pense qu’il est inapproprié de danser sur le sang de personnes assassinées », a déclaré David Elhayani, président du conseil régional de la Vallée du Jourdain au Times of Israël mercredi. « Nous avons assez de raisons pendant le reste de l’année de protester contre la négligence du gouvernement à l’égard des résidents de Judée et Samarie [Cisjordanie], mais il est immoral de le faire pendant que gens continuent d’enterrer leurs proches ».
Le président du conseil régional de la Vallée du Jourdain, qui couvre 21 villes à la frontière du royaume hachémite, a déclaré que son opposition à la démarche expliquait sa décision de ne pas participer à la manifestation organisée par les résidents d’implantations devant le Bureau du Premier ministre dimanche. Les manifestants ont appelé le gouvernement à répondre agressivement à la dernière série de violences palestiniennes.
Elhayani a dit avoir fait les mêmes remarques lors de la rencontre de lundi au Conseil de Yesha, quand le nouveau président du conseil régional de Binyamin, Yisrael Gantz, a incité d’autres responsables d’implantations à intensifier leur pression sur le gouvernement.
![](https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2018/12/6c8ba87684bd4224105b-400x250.jpg)
Elhayani a admis qu’il représentait une « minorité » claire dans la pièce et que ses commentaires ont « choqué » la dizaine de présidents de conseils présents.
Gantz a refusé de répondre au Times of Israël sur le sujet.
Les responsables d’implantations et leurs alliés de droite au gouvernement appellent régulièrement à une augmentation des constructions israéliennes au-delà de la Ligne verte en réponse aux attaques terroristes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a employé la même rhétorique pour ses dernières directives en date pour construire et légaliser des maisons d’implantation.
« Les terroristes palestiniens pensent qu’ils peuvent nous faire partir. Ils ne nous feront pas partir. C’est le cœur de notre foyer. Nous renforcerons les implantations à chaque fois [qu’il y a une attaque], comme nous le faisons maintenant », a déclaré le Premier ministre lors d’une visite de mardi à la jonction de Givat Assaf, où deux soldats ont été abattus par un tireur palestinien la semaine dernière.
Le soir de l’attaque du 12 décembre, Netanyahu a annoncé qu’il avait donné l’instruction au gouvernement – à travers le procureur général Avichai Mandelblit – de légaliser environ 2 000 maisons illégales construites sur des terres privées palestiniennes à travers la Cisjordanie.
En outre, il a dit qu’il avait donné l’ordre au ministère de la Défense de développer des plans de construction de 82 maisons dans l’implantation d’Ofra et pour des nouvelles zones industrielles à Beitar Ilit et les implantations d’Avnei Hefetz.
La semaine dernière, deux députés du parti HaBayit HaYehudi ont menacé de faire tomber la coalition si le gouvernement ne faisait pas avancer rapidement la Loi de Régulation 2 en réponse aux attaques. En quelques jours, la législation qui vise à légaliser 66 implantations en Cisjordanie a été avancée par la Commission ministérielle des Lois et a été adoptée en lecture préliminaire à la Knesset .
Mais Elhayani a expliqué que les décisions d’étendre les implantations ne devraient pas être considérées comme une « réponse appropriée » au terrorisme parce que cela donne un prix à chaque victime.
« Allez-vous demander une shekel pour chaque pierre lancée et 100 shekels pour chaque meurtre ? », a demandé rhétoriquement le président du conseil régional.