Un député d’extrême-droite filmé en train de mettre en scène sa propre interview
Dans une autre apparition, Almog Cohen d'Otzma Yehudit a une vive altercation avec un autre homme
Almog Cohen, député d’Otzma Yehudit, a été filmé en train de dire à son assistant de demander à un passant d’intervenir devant la caméra pendant sa propre interview pour l’interrompre et pour critiquer le gouvernement sur la prise en charge des attaques à la roquette qui ont visé Israël, des attaques commises par les groupes terroristes de Gaza.
La Treizième chaîne a révélé, mercredi, qu’avant son entretien, Cohen avait été approché par un homme qui marchait dans une rue de Sderot et qui avait exhorté le gouvernement à agir avec plus de force face aux bombardements.
Avant son intervention en direct devant les caméras, il a donc appelé son assistant en lui demandant de contacter l’homme, ajoutant : « Dites-lui d’interrompre la diffusion au moment où je suis en train de parler ».
Pendant l’entretien, l’homme intervient effectivement dans le champ de la caméra, disant : « Nous ne sommes pas un bétail à mener à l’abattoir pour les terroristes dans l’État d’Israël ».
« Nous ne sommes pas des oiseaux qu’ils peuvent massacrer. Nous sommes nés et nous avons grandi au sein de l’État d’Israël. Nous défendrons notre État », ajoute-t-il. Cohen, de son côté, hoche la tête en signe d’assentiment et fait part de son approbation.
Répondant à ces informations, Cohen a indiqué qu’il ne connaissait pas l’homme mais qu’après lui avoir initialement parlé, il avait estimé que ce serait « une bonne chose qu’il interrompe l’entretien afin de pouvoir exprimer les doléances des résidents du sud du pays ».
Dans un autre incident – mercredi cette fois – Cohen a eu une altercation qui a dégénéré en hurlements alors qu’il passait en direct à la télévision avec un résident de Sdérot, au beau milieu d’une interview accordée à la Douzième chaîne, après avoir été pris à partie par l’individu au sujet des bombardements, une rencontre qui ne semble pas avoir été mise en scène et qui laisse apparaître un Cohen visiblement furieux.
Pendant l’interview, Cohen condamne les politiques mises en œuvre par son propre gouvernement à Gaza, des politiques que lui et sa faction considèrent comme médiocres.
Puis, à un moment, un jeune homme se présente entre Cohen et la caméra, donnant au député d’extrême-droite un sac de pain pita et demandant : « Comment est-ce que ce pain pita va-t-il pouvoir me venir en aide ? »
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, un député d’extrême-droite, avait pris la décision au mois de janvier de ne plus préparer de pain pita dans les prisons où sont incarcérés des détenus palestiniens, faisant part de son désir de ne plus accorder de petits plus aux terroristes, dont ces pains faisaient partie. Une décision qui avait été largement tournée en dérision, considérée comme populiste et comme une initiative prise pour faire le buzz sur les réseaux sociaux. Le leader de l’opposition Yair Lapid se moque depuis de lui en évoquant « le ministre du pain pita et de TikTok ».
Comment est-ce que ce pain pita va-t-il pouvoir me venir en aide ? », répète-t-il. « Nous avons besoin de sécurité. Où est ma sécurité ? »
Cohen tente alors de calmer l’homme : « Regardez-moi », dit-il à l’homme qui lui répond tout de go : « Pourquoi est-ce que je dois vous regarder, comment est-ce que ça va m’aider ? Qu’est-ce que vous m’avez donné jusqu’à maintenant ? »
« Je veux vous demander si vous comprenez bien que tout ça, c’est à cause de vous et du leader de votre parti », crie l’individu, se référant apparemment aux accusations qui ont laissé entendre que Ben Gvir et d’autres membres du gouvernement de la ligne dure ont aggravé de manière répétée les tensions avec les Palestiniens, entraînant un renforcement des violences.
« Pour qui avez-vous voté ? », demande Cohen.
« Qu’est-ce que ça a à voir ? Je suis né à Sdérot, j’ai grandi à Sdérot, je me suis battu lors de l’opération Bordure protectrice », crie l’individu, en référence au conflit qui avait opposé Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
L’échange devient beaucoup plus vif et les personnes qui entourent les deux hommes tentent de s’interposer.
Cohen accuse son interlocuteur de « provocation ». Désignant du doigt un enfant, Cohen hurle : « Ce gamin, là-bas, il ne vous intéresse pas. La seule chose qui vous intéresse, c’est que le gouvernement tombe ».
« Je me suis battu pour ce gamin ! », riposte l’homme avec fureur. « Je me suis aussi battu ! », s’exclame le député, hors de lui. « Je me suis aussi battu. Et je me suis battu plus que vous ! Vous pouvez le vérifier ! »
L’individu commence à s’éloigner et Cohen l’interpelle encore une fois avec colère : « Cessez vos provocations avec moi ! Ne dansez pas sur le sang qui coule ! ». L’homme se retourne alors et crie : « C’est vous qui dansez sur le sang qui coule ! », demandant au législateur de quitter la ville. « C’est ma ville ! », ajoute-t-il.
« Provocateur, provocateur! », riposte Cohen.
L’altercation prend fin alors qu’un Cohen, visiblement très énervé, continue l’interview.
Selon l’armée israélienne, les terroristes palestiniens de Gaza ont lancé 104 missiles en direction d’Israël pendant la flambée de violences qui a eu lieu mardi et mercredi matin. Une roquette s’est notamment abattue sur un chantier de construction de Sdérot, faisant trois blessés – un blessé modéré et deux individus légèrement touchés.
En riposte à ces attaques à la roquette, l’armée a frappé 16 cibles appartenant aux groupes terroristes du Jihad islamique et du Hamas dans toute la bande – une réponse qui a été qualifiée de « médiocre » par Otzma Yehudit.
Le parti a annoncé qu’il ne prendrait pas part aux votes à la Knesset pendant toute la journée et à la place, Ben Gvir et ses membres sont partis à Sdérot, dans le sud du pays.
Suite à l’altercation, Cohen a émis un communiqué disant que l’individu était un activiste du groupe des Drapeaux noirs, l’un des groupes organisateurs du mouvement de protestation anti-gouvernemental, même si rien n’est venu prouver cette affirmation.
« Je suis triste de constater que les activistes des Drapeaux noirs utilisent une tragédie que nous avons vécue dans le sud comme plateforme pour des provocations. Ce combat est non-partisan et il n’appartient ni à la droite, ni à la gauche », a-t-il indiqué.
Le parti du Likud au pouvoir a critiqué Ben Gvir, mercredi, pour sa décision de boycotter les votes à la Knesset, disant qu’il était libre de partir s’il n’appréciait pas la manière dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu gérait le gouvernement.
En riposte, Ben Gvir a indiqué qu’Otzma Yehudit continuerait à s’abstenir de voter aux côtés de la coalition jusqu’à ce que Netanyahu adopte des politiques plus dures et il s’est indigné de son exclusion des délibérations sécuritaires consacrées à la flambée de violences, mardi, entre Israël et les groupes terroristes de Gaza.
Cet accrochage est le dernier d’une série de fissures qui émergent dans le gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieux du Premier ministre, soumis à des pressions de plus en plus fortes en faveur du projet de réforme du système judiciaire israélien qui est actuellement mis en pause et qui est critiqué pour son incapacité à faire face à l’augmentation du coût de la vie, aux problématiques des crimes violents et à celle du conflit avec les Palestiniens, qui ne cesse de s’approfondir.
Ce boycott d’Otzma Yehudit survient également alors que Ben Gvir est interpellé sur son manque de résultat face à des attentats terroristes en recrudescence et face à une forte hausse du nombre d’homicides depuis qu’il est arrivé à son poste au mois de décembre. Il avait consacré sa campagne électorale à la sécurité des citoyens.
Quelques heures avant l’annonce faite par Otzma Yehudit, Israël et les groupes terroristes de Gaza avaient convenu d’un cessez-le-feu, selon Al-Jazeera et Reuters, après une journée entière de violences attisées par la mort de Khader Adnan, un cadre du groupe terroriste du Jihad palestinien, des suites d’une grève de la faim entamée alors qu’il était détenu dans une prison israélienne.