Un membre de l’administration Trump avait qualifié un défenseur des négationnistes de “trésor national”
La directrice des programmes fédéraux du planning familial, Teresa Manning avait approuvé que Joe Sobran était ”l'un des chroniqueurs les plus raffinés de sa génération”, quelques années après son limogeage pour pour ses articles antisémites
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
La personne choisie par le président américain Donald Trump pour diriger le programme fédéral du planning familial avait qualifié un défenseur des négationnistes de « trésor national ».
Teresa Manning, choisie par Trump pour être assistante du secrétaire à la population au département de la Santé et des services à la personne est connue pour son passé de militante anti-avortement et ancienne lobbyiste auprès du National Right to Life Committe.
Elle a également défendu et salué Joe Sobran, ancien chroniqueur et rédacteur du magazine conservateur National Review jusqu’à que son rédacteur actuel, William Buckley, ne le renvoie pour ses écrits jugés « contextuellement antisémites ». Le magazine Mother Jones était le premier à relater l’histoire de Manning et de Sobran, décédé en 2010.
Durant la promotion de son livre Back to the Drawing Board : The Future of the Pro-Life Movement, en 2003, Manning a présenté Sobran comme l’un des orateurs, et a déclaré : « On l’appelle ‘le chroniqueur le plus raffiné de sa génération’, et un ‘trésor national’. J’approuve pleinement ces deux descriptions. »
En réalité, c’était Pat Buchanan, qui doutait lui-même du bilan de la Shoah, et que l’Anti-Defamation League (ADL) avait qualifié de « bigot impénitent », qui était à l’origine de cette citation.
Les années se sont écoulées entre le départ brusque de Sobran en 1993 de la National Review, et la présentation de Manning. Il a constamment défendu une organisation négationniste, tout en rédigeant ses propres articles qui relayaient des théories du complot antisémites.
À travers ses chroniques et ses discours, Sobran parlait avec passion de l’Institute for Histoircal Review (IHR), une organisation connue pour sa publication de livres et d’articles négationnistes, et que les intellectuels considèrent comme l’un des moteurs du mouvement négationniste à l’international.
Le Southern Poverty Law Center décrit l’IHR comme une « organisation pseudo-académique qui prétend détenir ‘la vérité et la précision de l’histoire’, mais dont le véritable objectif et de promouvoir le négationnisme et de défendre le nazisme. »
En effet, l’un des articles publiés dans le magazine du think-tank parlait de la Nuit de Cristal comme de quelque chose « d’assez extraordinaire ».
L’auteur, Ingrid Weckert, avait déclaré que c’était « une aberration radicale du mode de vie classique. Ce déchaînement n’était pas en accord avec la politique juive du parti national socialiste, ni avec l’attitude générale des Allemands à l’égard des Juifs. Les Allemands n’étaient pas plus antisémites que les autres. »
De plus, lors de ses conférences, l’IHR avait accueilli David Duke, grand sorcier du Ku Klux Klan, et le négationniste britannique David Irving.
Sobran, qui défend cette organisation et son magazine, The Journal for Historical Review, avait écrit que « ceux qui accusent l’IHR d’être antisémite et pro-nazi verront la preuve du contraire dans le ton calme et raisonnable du Journal, ce qui contraste avec l’acuité et la violence de ces ennemis. Et j’ai bien dit ennemis. »
Il a poursuivi : « les associations juives, notamment les organisations sionistes, vilipendent constamment l’IHR et tentent d’interférer avec ses activités. »
Dans d’autres articles, Sobran n’avait pas explicitement nié l’existence de la Shoah, mais avait déclaré que le fait de s’interroger sur cet évènement historique ne relevait pas de l’antisémitisme.
« Pourquoi diable est-ce ‘antisémite’ de conclure, grâce aux preuves, que le nombre de Juifs tués n’est pas exact, ou que le régime hitlérien, aussi mauvais qu’il ait été à bien des aspects, n’était en réalité pas tourné vers l’extermination ? », s’est-il interrogé.
Les propos de Sobran avaient suscité de vives réponses de la part d’historiens spécialistes de la Shoah, et de la part de Deborah Lipstadt, experte en antisémitisme, qui avait contredit la nécrologie de Sobran dans le New York Times, indiquant qu’il « était sceptique par rapport à l’Holocauste. »
« M. Sobran n’était peut-être pas un négationniste univoque, avait-elle dit. Mais il a soutenu et conforté les pires d’entre eux. »
De plus, Sobran avait critiqué les politiques américains, notamment les mesures anti-terrorisme prises après les attentats du 11 septembre 2001, affirmant qu’elles avaient « été dictées par les puissances juives sionistes qui sont aux États-Unis. »
« Ce qui a commencé comme une guerre contre le terrorisme se transforme en une guerre pour écraser les ennemis d’Israël. Et de façon tout à fait naturelle, dit-il. Les attentats du 11 septembre n’auraient jamais eu lieu si le gouvernement n’avait pas eu une telle politique au Moyen Orient, qui est dictée par les puissances juives sionistes qui sont aux États-Unis. Les sionistes se vantent de leur pouvoir, mais ils ne veulent pas que les non Juifs le leur prennent. Les lecteurs d’Orwell auront reconnu le principe de double-pensée. »
Manning n’a pas répondu aux demandes de commentaires.