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Interview

Une artiste se met à la poterie pour faire connaître le sort de son fils, otage à Gaza

La fabrication de tasses, de bols et de théières aide Idit Ohel à garder la tête froide alors que son fils Alon, enlevé lors du Festival Nova le 7 octobre, est toujours en captivité

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

La famille Ohel dont le fils, Alon, sur l'affiche, a été pris en otage par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)
La famille Ohel dont le fils, Alon, sur l'affiche, a été pris en otage par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Idit Ohel n’aime pas se définir comme une artiste.

Mère de l’otage Alon Ohel, 22 ans, qui a été enlevé par des terroristes palestiniens du Hamas dans un abri situé à proximité du festival de musique Supernova le 7 octobre 2023, Idit a enseigné l’art à des générations de collégiens dans la région de Misgav, dans le nord du pays.

Au cours des quatorze derniers mois, elle a façonné des dizaines de tasses sur sa tour de poterie, chacune ornée de la lettre hébraïque « Aleph », pour Alon, et d’une poignée qui forme un cœur lorsqu’elle est placée à côté d’une autre de ces tasses.

« Cela signifie qu’Alon n’est jamais seul », explique Idit lors d’un appel Zoom avec le Times of Israel, en mentionnant le slogan que la famille utilise depuis des mois chaque fois qu’elle parle de leur fils, l’aîné de leurs trois enfants.

« Je les donne aux amis d’Alon, je ne veux pas qu’ils l’oublient. »

Idit façonne des tasses, des bols et des théières sur la roue de son atelier, en y ajoutant souvent un petit oiseau perché sur le bord du bol ou sur le bec de la théière. Les créatures à plumes et volantes représentent pour elle la liberté – une chose qu’elle souhaite désespérément pour son fils.

Idit Ohel, mère de l’otage Alon Ohel, tenant l’une des tasses qu’elle a fabriquées pour les amis de son fils durant ses quatorze mois de captivité par le Hamas à Gaza, le 25 décembre 2024. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Ce sont toutes des versions de pièces de poterie qu’elle fabrique depuis des années, comme le faisait sa mère, ainsi qu’en témoignent les nombreuses théières exposées sur les étagères de la maison d’Idit.

Pour cette mère, les théières représentent le rituel qui consiste à s’asseoir en famille pour boire du thé. Il s’agit d’une activité sociale qui permet à la famille de parler et de se retrouver, ce qu’elle souhaite également pour les siens.

Idit ne s’est pas assise derrière sa roue de poterie dans son atelier durant le mois qui a suivi l’enlèvement d’Alon.

Il était arrivé au Festival Supernova à 5h30 du matin, le 7 octobre, une heure avant le début de l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël.

Alon et ses amis avaient tenté de prendre la fuite en voiture, mais ils avaient dû faire demi-tour car les terroristes tiraient dans toutes les directions. Ils avaient couru jusqu’à un abri de campagne, d’où Alon avait envoyé son dernier message à sa famille – à 8h08.

C’est dans ce même abri situé en bord de route que Hersh Goldberg-Polin avait été pris en otage, ainsi que Or Levy et Eliya Cohen.

Le téléphone d’Alon était tombé et il avait été ramassé par l’un des survivants, qui l’avait ensuite apporté à l’hôpital Soroka.

Depuis lors, « se mettre à la roue », comme le dit Idit, est pour elle une sorte de méditation.

Alon Ohel, capturé par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 lors du festival du désert Supernova. (Crédit : Autorisation)

« Cela m’aide à faire face à la situation », indique-t-elle.

« Je suis capable de contrôler ce qui se passe, je suis capable d’avoir le contrôle sur quelque chose, alors que je ne peux pas contrôler ce qui est fait à Alon ni quand il rentrera à la maison. »

L’une des vidéos diffusées par le Hamas montrait Alon traîné par les cheveux sur le sol, à l’extérieur de l’abri, par un terroriste habillé en civil, avant d’être soulevé dans un pick-up Toyota blanc et frappé par un autre terroriste, tandis que des armes étaient pointées en sa direction, visant également trois autres otages.

La famille Ohel ignore si Alon a été détenu en captivité avec Hersh, Or et Eliya. Hersh avait été exécuté en même temps que cinq autres otages par des terroristes du Hamas fin août dans les tunnels de Gaza.

Au total, 251 personnes dans le sud d’Israël avaient été prises en otage par les terroristes lors du pogrom perpétré par le Hamas, le 7 octobre. Plus de
1 200 personnes avaient été brutalement massacrées, des civils en majorité.

Idit tente de ne pas penser aux aspects horribles de l’enlèvement de son fils et des quatorze mois qui viennent de s’écouler.

Elle lui parle tout au long de sa journée, lorsqu’elle dirige des méditations dans sa ville natale ou lorsqu’elle se rend à des manifestations. L’un des projets de la famille est celui des pianos « You Are Not Alone » (Vous n’êtes pas seul), un jeu de mots sur le nom d’Alon. Vingt-deux pianos sont actuellement placés dans différents lieux en Israël, chacun d’entre eux éclairé par un projecteur placé au-dessus d’un piano orné de jaune.

Alon est pianiste et il devait commencer ses études cette année à l’école de musique de Rimon.

Un piano jaune à l’extérieur du centre commercial BIG à Yehud en homage à l’otage Alon Ohel, 22 ans, qui a été capturé par le Hamas lors de l’assaut du 7 octobre 2023, 14 janvier 2024. (Crédit : Sharon Wrobel)

Lorsque d’autres jouent sur les pianos Alon, ils aident les gens à penser à lui et aux autres otages, souligne Idit, donnant quelque chose d’eux-mêmes par la même occasion.

Idit travaille également sur un nouveau projet de collecte de fonds, un pin’s jaune sur lequel on peut lire « You Are Not Alone » (Vous n’êtes pas seul), qui symbolise le fait de faire du bien aux autres, qu’ils soient grands ou petits, et qui rappelle à chacun le genre de personnes « que nous voulons être », explique Idit.

Elle est en relation avec d’autres parents d’otages. Elle vit non loin d’Eitan Gonen, le père de l’otage Romi Gonen. Idit avait enseigné l’art à la sœur aînée de Romi, Yarden Gonen, il y a de nombreuses années.

Lors de l’entretien via Zoom avec Idit, alors qu’elle montre ses peintures accrochées aux murs de la maison – beaucoup d’entre elles représentent Idit avec son époux, Ronen, ou leurs trois enfants – il y a de la musique en arrière-plan, quelqu’un prépare le repas dans la cuisine, un chien aboie à l’écart.

Idit Ohel, mère de l’otage Alon Ohel, devant l’une de ses peintures chez elle, à Lavon, le 25 décembre 2024. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Idit essaie de ne pas penser aux pourparlers actuels relatifs aux otages avec le Hamas et à la possibilité qu’ils aboutissent, ou à la possibilité que son fils fasse partie des otages libérés lors de la première phase d’un éventuel accord de « trêve contre libération d’otages ».

Il est clairement établi que le Hamas ne connaît pas le statut des 100 otages restants, et le premier groupe comprendrait vraisemblablement les femmes, les enfants, les personnes âgées et ceux qui ont le plus besoin d’une aide médicale.

« Je fais simplement ce que je fais depuis 446 jours, à savoir continuer à plaider cette cause, à donner des conférences sur ce qui se passe et sur Alon », a déclaré Idit.

« S’ils reviennent, nous devrons faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais », a-t-elle ajouté.

Idit Ohel, mère de l’otage Alon Ohel, tenant l’une des tasses qu’elle a fabriquées pour les amis de son fils durant ses quatorze mois de captivité par le Hamas à Gaza, le 25 décembre 2024. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

« Nous devons être là pour eux, nous devons toujours nous interroger, critiquer ce qui se passe autour de nous. Nous devrons demander aux otages ce que nous devons changer ici. »

Récemment, elle a passé plusieurs jours à fabriquer frénétiquement un bol pour une exposition de la Fondation Kamim, présidée par l’ancien président israélien Reuven Rivlin. Cette fondation a été créée pour aider et soutenir les otages et leurs familles à l’avenir.

Le bol d’Idit pour l’exposition comprend un oiseau qui cherche à s’échapper, un peu comme la fosse dans laquelle Joseph s’est retrouvé, jeté par ses frères.

« L’oiseau essaie de sortir. Il veut s’envoler mais quelque chose de lourd l’attire vers le bas », a dit Idit

Idit assistera au vernissage de l’exposition à Londres le 19 janvier et parlera de la façon dont l’art l’aide à faire face à la situation.

« J’espère qu’une fois sur place, on me dira qu’un accord a été conclu et qu’Alon est l’un des otages qui rentrera à la maison. »

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