Une enquête ouverte sur les camps nazis d’Aurigny, île anglo-normande
Les nazis ont conquis et occupé les îles Anglo-Britanniques à partir de l'été 1940 ; parmi les victimes de ces camps se trouvaient des Juifs français
Le gouvernement britannique vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête officielle au sujet des camps de concentration nazis qui se trouvaient dans les îles Anglo-Normandes pendant la Seconde Guerre mondiale, les seuls sur territoire britannique, a rapporté le journal The Observer.
Ces camps dirigés par les SS se trouvaient sur la petite île d’Aurigny, dans le bailliage de Guernesey, au large de la Normandie. L’armée nazie a conquis et occupé les îles Anglo-Britanniques à partir de l’été 1940, après que Churchill a décrété qu’elles ne pouvaient être défendues et a évacué la population britannique. L’île a été transformée en prison géante par les nazis, avec quatre camps de travail forcé qui devaient permettre la construction du mur de l’Atlantique. Ils l’ont surnommée « l’île Adolf », nom de code choisi par Hitler en personne.
Les historiens auront notamment pour tâche de déterminer le nombre de prisonniers qui y ont été assassinés par les nazis – selon les estimations, il pourrait atteindre plusieurs milliers.
Parmi eux, se trouvaient des Russes, des Ukrainiens, des Polonais, des Républicains espagnols et de nombreux Juifs français, dont certains venus du camp de Drancy.
Si certains universitaires estiment le nombre de victimes entre 700 et 1 000, d’autres avancent que l’exhumation de fausses communes pourrait révéler les traces de plusieurs milliers de morts.

Après la guerre, une enquête a été menée contre Maximilian List, le SS-hauptsturmführer à la tête des camps d’Aurigny, citant les atrocités commises lors de son passage sur l’île, avec un jugement en tribunal. List ne s’est néanmoins pas rendu à ce procès et n’a jamais été officiellement retrouvé. Il aurait vécu près de Hambourg où il serait mort dans les années 1980.
« Il y a encore beaucoup de questions sur ce qui s’est réellement passé à Aurigny, et qui savait quoi. Pendant trop longtemps, certains ont été trop disposés à détourner le regard dans l’espoir que tout cela disparaisse. J’espère que cet examen apportera enfin des réponses et un peu de justice pour les victimes », a déclaré le chercheur juif Marcus Roberts. Pendant longtemps, il a réclamé une enquête afin que l’ampleur de l’horreur à Aurigny soit révélée – un vœu enfin exaucé.