Une guerre longue, dure et douloureuse
Israël étend son combat en territoire ennemi, les États-Unis nous soutiennent et les militants anti-israéliens du monde entier, enhardis, menacent les Juifs de Diaspora
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
La guerre contre le Hamas, avec tous les risques terribles qu’elle comporte, se déroule finalement dans les profondeurs du territoire ennemi.
Suite aux frappes aériennes que l’armée israélienne a menées pendant trois semaines contre le Hamas – à la suite de l’horrible massacre du 7 octobre, au cours duquel les terroristes du groupe ont tué 1 400 personnes dans le sud-ouest d’Israël – Tsahal a graduellement intensifié son offensive terrestre, avec l’objectif déclaré de détruire les capacités militaires et administratives du Hamas.
Mais cette mission est extraordinairement complexe. En effet, le Hamas, armée terroriste vouée au culte de la mort islamique, a pu endoctriner, former et armer des dizaines de milliers d’assassins sauvages pendant des années. Il a développé un vaste réseau d’opérations clandestines, dont une grande partie s’est avérée impénétrable aux frappes de l’armée de l’air, et à partir duquel ses hommes armés tentent à présent de repousser la progression de l’incursion de l’armée israélienne. Après les pertes insupportables du 7 octobre et le cauchemar de 240 otages, dont des bébés, des enfants en bas âge, des personnes âgées et des infirmes, Israël pleure aujourd’hui la perte de soldats tués dans ce piège mortel qu’est la bande de Gaza.
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L’offensive est, en outre, sérieusement entravée par l’utilisation cynique et prévisible de la population de Gaza comme bouclier humain par le Hamas. Il est impossible de savoir dans quelle mesure le Hamas bénéficie du soutien des Gazaouis, mais il est clair que le gouvernement terroriste empêche de nombreux non-combattants de quitter les zones de combat dans le nord de la bande de Gaza. Par conséquent, Tsahal, qui exhorte quotidiennement les non-combattants à évacuer, ne sait pas si elle a affaire à des terroristes ou à des civils à mesure qu’elle s’enfonce dans la zone de combat urbaine.
Comme l’ont souligné à maintes reprises les dirigeants politiques et militaires, cette guerre sera longue, difficile et douloureuse. Mais en dépit de la grande tristesse ressentie par la population et de la perte de confiance dans ces hiérarchies tant politiques que militaires, et en dépit des divisions persistantes en Israël sur la manière dont nous sommes parvenus à ce moment qui est le plus sombre de notre histoire moderne, Tsahal bénéficie d’un soutien quasi général, ses troupes sont non seulement extrêmement motivées mais aussi très dévouées, et ses commandants tout comme la coalition de l’état d’urgence national sont déterminés à mener à bien la mission, qui ne s’arrêtera pas tant que le Hamas n’aura pas été désarmé.
A nos côtés
Déchiré sur la scène domestique, dirigé par un gouvernement particulièrement intransigeant cherchant à neutraliser le pouvoir judiciaire, Israël s’est retrouvé plongé dans ce conflit alors qu’il se trouvait déjà dans une situation précaire.
Idem sur la scène internationale, où les positions anti-arabes, pro-annexion et suprémacistes des principaux ministres, qui ont donné le ton à la coalition, n’étaient guère propices à un soutien maximal au moment où Israël en avait le plus besoin.
En dépit de cela, un certain nombre d’alliés se sont montrés inébranlables, notamment les États-Unis, dont le président sioniste s’est montré prêt à passer outre les propos désobligeants des membres de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu à son égard et à l’égard de son administration.
Bien conscients que cette guerre entre Israël et le Hamas soit déjà un conflit sur plusieurs fronts et qu’elle risque d’entraîner une guerre totale dans la région et au-delà, le président Joe Biden et le secrétaire d’État Antony Blinken soutiennent Israël dans son combat, déployant toujours plus de ressources militaires dans la région, multipliant les déplacements et les appels téléphoniques, et participant même aux délibérations du cabinet de guerre d’Israël.
« Vous êtes peut-être assez fort pour vous défendre tout seul », déclarait Blinken à Tel Aviv dans les premiers jours de la guerre, « mais tant que l’Amérique existera, vous n’aurez jamais, jamais à le faire. Nous serons toujours à vos côtés ».
Il est clairement primordial pour Israël de maintenir ce partenariat militaire et diplomatique avec les États-Unis. En effet, ce sont les Etats-Unis, et eux seuls, qui ont la capacité de résister aux pressions internationales en faveur de l’arrêt de l’offensive contre le Hamas, et ce sont les Etats-Unis seuls qui ont la capacité de dissuader, et le cas échéant d’engager, l’Iran si celui-ci décidait d’élargir la guerre.
Netanyahu semble avoir compris, quoique avec un peu de retard, que les appels des États-Unis en faveur d’une augmentation de l’aide humanitaire pour les non-combattants de Gaza valaient la peine d’être écoutés. Dans ce qu’il définit comme une guerre entre le monde civilisé et les barbares, les forces de la civilisation doivent agir et être perçues comme agissant humainement.
Agitateurs pro-Hamas, craintes de la diaspora
Bien entendu, cette guerre s’est déjà propagée bien au-delà de la région en termes d’opinion publique et d’actions, ce qui a eu des répercussions considérables pour les Juifs de la diaspora – dont beaucoup se sentent de plus en plus menacés – mais aussi pour certains pays qui se voudraient éclairés et dont les agitateurs anti-israéliens et pro-Hamas ne cessent de s’enhardir.
Pour une partie toujours plus importante du monde qui nous regarde, les 1 400 personnes massacrées en Israël sont déjà « de vieilles nouvelles ». Pour certains, cette réaction est motivée par des haines ancestrales, tandis que d’autres sont tout simplement trop faibles pour faire preuve d’un minimum de rigueur et d’honnêteté intellectuelles.
Ces mêmes personnes considèrent comme marginaux les tirs incessants de roquettes, tirés à l’aveugle sur Israël, qui obligent une grande partie de la population à se mettre à l’abri plusieurs fois par jour, et qui empêchent toute scolarisation normale et détruisent l’économie.
En revanche, elles ont été promptes à occulter le fait que le Hamas opère sous et autour des hôpitaux, des mosquées, des églises et des écoles de la bande de Gaza, et à rejeter comme obsolète le fait qu’il utilise des civils gazaouis pour se couvrir et se protéger.
Et bien entendu, elles sont les premières à croire et à faire circuler les fausses accusations selon lesquelles Israël prend délibérément pour cible des civils ainsi qu’à rejeter systématiquement sur Israël la responsabilité d’incidents ayant fait des victimes civiles qui sont immédiatement considérés comme crédibles.
Les efforts de diplomatie publique d’Israël n’ont jamais été très probants. Et ce gouvernement fondamentalement dysfonctionnel est encore moins à même de la mener à bien.
La bataille de la diplomatie publique est menée par des Israéliens ordinaires, qui font de leur mieux sur les réseaux sociaux bien qu’ils soient en infériorité numérique et manquent de ressources. Ce sont également eux qui ont contribué à organiser le déplacement de centaines de milliers d’Israéliens, du sud et du nord, et ce dans presque tous les aspects de leur vie, qui se sont mobilisés pour les otages, qui essaient de sauver l’agriculture israélienne et bien d’autres choses encore.
Le gouvernement, quant à lui, s’est montré incapable d’exploiter les opportunités qui s’offraient à lui, même dans le cadre ordinaire de la diplomatie publique, comme lors des visites de dirigeants du monde entier venus les soutenir. Comme l’a souligné à plusieurs reprises ces dernières semaines l’ancien chef des opérations de Tsahal et ancien chef du Conseil national de sécurité, Giora Eiland, les visites de solidarité et les témoignages de soutien des dirigeants mondiaux sont insuffisants.
Ces dirigeants devraient être priés d’émettre des exigences au nom d’Israël qu’ils disent soutenir : exiger que la Croix-Rouge ait accès aux otages, exiger que l’hôpital Shifa soit évacué, soutenir l’appel d’Israël pour que les non-combattants du nord de Gaza se dirigent vers le sud et soient autorisés à le faire, exiger l’arrêt des tirs de roquettes aveugles.
Dans l’état actuel des choses, a déploré Eiland lors d’une interview accordée à la radio de l’armée ce mercredi matin, « des Juifs sont tués et le monde se lamente ». Et comme il l’a indiqué dans une autre interview, la semaine dernière, « les Juifs aussi ont le droit de vivre ».
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel