Une journée portes ouvertes dans un kibboutz à la frontière de Gaza attire 20 familles désireuses de le rejoindre
Kerem Shalom, dont les membres ont combattu des terroristes lors de batailles meurtrières le 7 octobre, est un "microcosme de la société israélienne" où vivent ensemble religieux et laïcs
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Ce sont environ vingt familles qui ont fait preuve de leur intérêt à l’égard d’un kibboutz à la fois laïc et religieux, Kerem Shalom, une communauté située à proximité immédiate de la frontière avec Gaza et à quelques centaines de mètres de la frontière égyptienne, à côté de l’un des principaux postes-frontières permettant d’entrer au sein de l’enclave côtière placée sous le contrôle du Hamas.
Et même si un nombre légèrement supérieur de personnes religieuses ont pris part à cette journée portes ouvertes qui a eu lieu vendredi, le kibboutz s’attache à une répartition stricte de sa population – avec deux tiers d’habitants laïcs et un tiers de résidents pratiquants.
La communauté s’entretiendra avec les candidats pour décider de leur capacité à rejoindre le kibboutz.
« Ils sont venus de partout », a fait remarquer Geula Rabi, porte-parole du kibboutz. « Ils ont parlé de l’importance de la cohabitation entre religieux et laïcs, ainsi que de ce que peut signifier un déplacement vers la frontière de Gaza après le 7 octobre du point de vue sioniste ».
Parmi les candidats, des couples mixtes religieux-laïques, a-t-elle ajouté.
Au cours de l’attaque sanglante du 7 octobre 2023, des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient massacré plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande.
Les combats qui avaient déchiré Kerem Shalom avaient entraîné la mort de deux pères de famille qui appartenaient à l’équipe de sécurité civile du kibboutz – Amichai Witzen, 32 ans, et Yedidia Raziel (Rosenberg), 31 ans.
Ils avaient perdu la vie alors qu’ils tentaient d’abattre les hommes armés qui attaquaient alors le domicile d’un jeune travailleur social, Amichai Shindler, 33 ans.

Amichai Shindler avait été gravement mutilé lorsque les terroristes avaient fait irruption dans sa maison du kibboutz et qu’ils avaient essayé d’entrer, à l’aide d’un explosif, dans la pièce blindée où il avait trouvé refuge en compagnie de son épouse et de ses six enfants. Il est toujours en rééducation aujourd’hui.
Deux autres membres du kibboutz avaient été blessés plus légèrement ce jour-là.

Le kibboutz avait été privatisé il y a plusieurs années et il compte aujourd’hui 45 familles. Suite au massacre commis par le Hamas, la moitié d’entre elles se sont installées dans des logements temporaires à Ashalim, dans le Néguev, et les autres se sont dispersées dans tout le pays.
Elles ne sont pas encore autorisées à revenir s’installer définitivement pour des raisons de sécurité. Des travaux de rénovation sont également en cours. La maison des Shindler a été gravement endommagée. Les fenêtres d’autres habitations ont été brisées et elles ont essuyé des dégâts entraînés par des coups de feu et autres armements.
Les membres reviendront graduellement au cours de l’été.
Évoquant ceux qui pourraient décider de ne pas revenir, Rabi a dit que « nous donnerons à chaque famille la légitimité de décider ce qui est le mieux pour elle ».
La communauté – qui comprend quelques familles très pratiquantes – avait convenu, dès le début de la privatisation, que toutes les zones publiques avant ce changement de statut le resteraient. Par conséquent, le pub et la piscine restent ouverts le jour du Shabbat. Il y a également une synagogue.

Les décisions sont prises après des discussions.
« S’il y a des divergences d’opinion, nous prenons le temps de nous écouter les uns les autres et nous décidons ensemble », a expliqué Rabi. « Avec de la bonne volonté, nous parvenons généralement à trouver une solution. »
« Le kibboutz est un « microcosme de l’État », a-t-elle poursuivi, avec un large éventail d’opinions politiques et un mélange de membres ashkénazes et mizrahis/séfarades – des différences qui, selon elle, ne sont « tout simplement pas pertinentes ».
« Personne n’essaie de changer l’autre. Nous considérons la personne, pas une catégorie », a-t-elle noté.
Kerem Shalom a pu organiser certaines activités dans le kibboutz pour rassembler ses membres dispersés.
Mais pourquoi de nouvelles familles voudraient-t-elles s’installer dans un endroit si proche de Gaza et de l’Égypte ?… A cette question, Rabi a répondu : « Cela peut sembler surréaliste, mais c’est un jardin d’Éden où on peut vivre et élever des enfants. C’est une communauté unie. Nous nous occupons les uns des autres dans les bons comme dans les mauvais moments. Et c’est passionnant de savoir qu’on fait quelque chose d’important, qu’on vit avec des gens différents de soi et qu’on est un modèle pour la société israélienne. »