Une militante d’un groupe de coexistence arabo-juive « humiliée » à Ben Gurion
Le citoyenne juive américaine a été longuement interrogée et fouillée ; on lui a également interdit de prendre ses affaires à bord de l'avion
Une militante américaine a été soumise à un contrôle de sécurité strict et « humiliant » à l’aéroport Ben Gurion de Tel Aviv. Elle a été empêchée de monter dans son avion pour quitter le pays avec ses affaires personnelles à cause de son activité dans un groupe de coexistence judéo-arabe, a déclaré l’organisation.
Laura Mandel, une Américaine juive, est membre de l’équipe des Abraham Initiatives , qui soutient l’intégration et l’égalité dans la société israélienne, a annoncé mardi le quotidien Haaretz.
Quand elle est arrivée au contrôle de sécurité pour prendre son vol à destination de San Francisco samedi, on lui a demandé ce qu’elle avait fait en Israël, elle a alors répondu avoir travaillé avec Abraham Initiatives . Cela donna lieu à un long interrogatoire sur elle, son travail et l’organisation. Entre autres questions, on a demandé à l’activiste pourquoi « une Américaine juive se soucierait des relations entre Juifs et Arabes ».
Mandel a ensuite subi une fouille poussée de ses affaires et de sa personne, et a été ensuite informée que ses affaires personnelles seraient envoyées en soute. Elle n’a ainsi pas été autorisée à prendre son pull, ses lunettes, son oreiller et ses produits d’hygiène personnelle. Quand elle a protesté parce qu’on ne l’autorisait pas à apporter à bord les médicaments qu’elle avait prévu de prendre, on lui a donné un verre d’eau et demandé de les prendre devant le personnel de sécurité.
Amnon Beeri-Sulitzeanu et Dr. Thabet Abu-Ras, les responsables des Initiatives Abraham, ont déclaré que « l’humiliation infligée à un membre de notre équipe montre le niveau de détérioration de l’attitude de l’État envers ses citoyens arabes. Quiconque se souciant de l’égalité et de la coexistence et quiconque ayant des relations avec les Arabes… est considéré comme une menace potentielle ».
Le groupe a promis de lancer des poursuites judiciaires après l’incident.
L’Autorité des aéroports d’Israël a déclaré « regretter » les sentiments de la passagère qui a eu l’impression d’être maltraitée. L’autorité a cependant précisé que les procédures de sécurité sont établies par le gouvernement et sont conformes à la loi.
Ces dernières années, les mesures de sécurité à l’aéroport ont été remises en question après des allégations selon lesquelles elles serviraient à intimider certains visiteurs à cause de leurs opinions politiques.
Plusieurs affaires où des personnalités juives ou non juives critiques d’Israël ont été retenues et interrogées à l’aéroport pour leurs points de vue ont attiré des condamnations.
Peter Beinart, un journaliste juif américain et voix critique du gouvernement israélien, a déclaré l’année dernière qu’il avait été interrogé à son arrivée dans le pays pour assister à la bat mitzvah de sa nièce. Un important auteur irano-américain a raconté avoir subi une expérience similaire. Il a déclaré que l’interrogatoire était similaire à celui des « États policiers ».
Parmi les autres personnalités retenues à l’aéroport, on trouve notamment Simone Zimmerman, une co-fondatrice du groupe juif progressiste IfNotNow ; Abby Kirschbaum, qui travaille pour une agence de voyage israélo-palestinienne ; et le romancier Moriel Rothman-Zecher.
Le bureau du procureur général a mené des enquêtes sur ces accusations, et a depuis reconnu que certains officiels du Shin Bet et de la police aux frontières ne s’étaient pas comportés de façon conforme aux règles et directives juridiques.
Une loi passée en 2017 permet au ministère de l’Intérieur d’interdire l’entrée à des militants du mouvement BDS, qui encouragent le boycott d’Israël. Selon la Loi fondamentale : Dignité et liberté humaines, on ne peut pas interdire aux citoyens israéliens d’entrer dans le pays.
En janvier, les autorités israéliennes ont rejeté les accusations qu’elles empiétaient sur la vie privée des touristes en leur demandant de remplir un formulaire avec des questions sur leur activité de loisir et leurs contacts dans le pays. L’Autorité des aéroports d’Israël a souligné que le formulaire est en circulation depuis 10 ans, en affirmant qu’il s’agissait d’une démarche volontaire et que cela visait à canaliser les mesures de sécurité pour ceux qui viennent en Israël dans le cadre d’un voyage organisé par certaines organisations.