Une nouvelle série israélienne suit les vies des prisonniers sécuritaires palestiniens
Itzik Lerner, réalisateur de “Meggido”, a filmé des terroristes condamnés pendant plus d’un an

Pour la plupart des Israéliens, les histoires des suspects de terrorisme palestiniens arrêtés se limitent à ce qu’ils entendent aux informations, et ces histoires s’arrêtent généralement quand les suspects sont condamnés et entrent en prison pour y purger des peines souvent longues.
Mais pour ceux qui sont emprisonnés pour des mois, ou des années, quelle que soit la gravité de leurs actes, la vie continue. Et alors que la population préfère généralement ignorer l’existences des personnes qu’elle considère comme des monstres, elles existent pourtant.
Les vies et les perspectives des prisonniers sécuritaires détenus dans la prison israélienne de Meggido sont au cœur d’une nouvelle série qui va être diffusée par la télévision israélienne. Créée par le réalisateur Itzik Lerner, « Meggido », qui commencera sa diffusion sur Yes Docu le 22 mars, suit un millier de Palestiniens détenus dans la prison du nord d’Israël, ainsi que les 300 Israéliens qui les gardent.
Les prisonniers détenus sont des individus qui ont prévu des attentats, ceux qui ont aidé des attaquants, et certains ont été condamnés à plusieurs peines de prison à perpétuité pour leur implication dans le meurtre d’Israéliens. Tous ont parlé à Lerner, qui a obtenu un accès sans précédent aux prisonniers et a quasiment vécu avec eux pendant plus d’un an, documentant leur routine quotidienne.
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Posted by yes דוקו on Wednesday, March 15, 2017
« Je ne regarde par les [aspects] politique : ‘les Juifs sont gentils, les Arabes sont méchants’, ou le contraire », a déclaré Lerner à la Deuxième chaîne vendredi. « Je regarde les cœurs des personnes, et je commence à partir de cela. »
La série se concentre sur deux personnages : l’administrateur de la prison, Benny Tayar, et l’homme que les prisonniers ont élu pour les représenter auprès des autorités, Abed al-Basat, membre du Hamas.
Vivant ensemble dans une forte proximité, les prisonniers et leurs gardiens développent inévitablement une certaine relation, et le doivent, puisqu’ils négocient les sujets quotidiens portant sur le protocole et les conditions de détention.

« La vie en prison est comme une boîte d’allumettes. Nous vivons dans une boîte d’allumettes, nous, et la direction », a déclaré al-Basat à la Deuxième chaîne. « Si nous brûlons, nous brûlons ensemble […]. C’est dans l’intérêt des deux parties de maintenir la stabilité. »
Al-Basat a déclaré avoir accepté de coopérer avec Lerner dans l’espoir de montrer aux Israéliens « un autre visage des personnes qu’ils considèrent comme des assassins, des terroristes […]. Peut-être que cela permettra de changer légèrement leurs positions. »
Pourtant, beaucoup des prisonniers n’ont quasiment pas renoncé à leur animosité envers l’Etat juif. Les autorités perquisitionnent régulièrement les cellules, et trouvent parfois des messages de la direction terroriste extérieure à la prison. Et les responsables israéliens sont pleinement conscients du fait que placer des centaines de prisonniers en forte proximité, et avec beaucoup de temps devant eux, peut les mener à concocter de nouveaux complots terroristes.

Lerner a reconnu que vivre et parler avec des personnes qui ont activement cherché à nuire à ses concitoyens n’était pas chose facile. A un moment, l’on voit un prisonnier lui décrire avec un sourire penaud, comme s’il racontait une gaffe légèrement embarrassante, comment il avait accepté de mener un attentat suicide mais avait été arrêté avant de pouvoir parvenir à ses fins.
« C’est difficile à entendre, a raconté Lerner. Il était important pour moi de rencontrer des gens qui [ont mené des attaques] et de voir s’ils ressentaient un remord quelconque pour ce qu’ils ont fait. »
Lerner a expliqué qu’il avait lutté avec l’humanité de ses sujets, qui s’opposait à la réalité de leurs actes, et a finalement réalisé qu’il devait « placer ce dilemme » de côté afin de pouvoir faire son travail.
Il espère que les téléspectateurs aussi pourront « mettre ce dilemme de côté pour un moment » et verront son travail avec l’esprit ouvert.