Washington défend le droit d’Israël à se défendre après le raid à Jénine
Ned Price a aussi exprimé son inquiétude face à la dernière attaque d’ultra-nationalistes israéliens à Huwara, mais n'a pas demandé à Israël de faire preuve de retenue
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Mardi, l’administration Biden a semblé soutenir la justification d’Israël pour le raid antiterroriste mené par Tsahal quelques heures plus tôt dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, ce qui constitue un changement frappant par rapport à sa réaction aux précédentes incursions.
Interrogé sur le raid lors d’une conférence de presse, le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a souligné que l’armée israélienne affirmait que ses troupes poursuivaient l’auteur d’une fusillade terroriste qui a coûté la vie à deux jeunes frères israéliens qui traversaient la ville palestinienne voisine de Huwara la semaine dernière.
Qualifiant cette attaque « d’horrible », Price a déclaré « qu’Israël a le droit légitime de défendre son peuple et son territoire contre toutes les formes d’agression, y compris celles émanant de groupes terroristes ».
Contrairement à sa réponse à deux autres raids récemment menés par Tsahal à Jénine et à Naplouse, Price n’a pas exhorté Israël à faire preuve de retenue.
Six Palestiniens ont été tués lors du raid de mardi, dont Abdel Fattah Hussein Kharousha, 49 ans, le membre du groupe terroriste palestinien du Hamas à l’origine de la fusillade terroriste de Huwara la semaine dernière. Les cinq autres étaient des membres des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, du Hamas et du Jihad islamique palestinien. Douze autres Palestiniens ont été blessés, dont trois grièvement, selon le ministère de l’Autorité palestinienne de la Santé. La police israélienne a déclaré que trois officiers de l’unité d’élite antiterroriste Yamam ont été blessés au cours du raid, l’un d’entre eux modérément et les deux autres légèrement.
« Nous avons vu beaucoup trop de démonstrations éclatantes de la menace terroriste à laquelle Israël est confronté ces derniers jours », a noté Price, réagissant à l’opération militaire.

Dans le même temps, le porte-parole du département d’État a précisé que les États-Unis « restent profondément préoccupés par la forte augmentation de la violence en Cisjordanie ». « Nous continuons d’exhorter les parties à prendre des mesures immédiates pour éviter de nouvelles pertes de vies humaines. »
Il a également fait part de « l’extrême préoccupation » de l’administration à propos de la dernière attaque des ultra-nationalistes israéliens à Huwara, qui a eu lieu lundi soir, un peu plus d’une semaine après un premier saccage dans la ville palestinienne.
Quatre Palestiniens ont été hospitalisés et plusieurs bâtiments et véhicules ont été vandalisés lors de l’attaque de lundi, qui, selon les résidents d’implantations, faisait suite au caillassage de plusieurs voitures israéliennes par des Palestiniens dans la région. Aucun Israélien n’a été arrêté, et des soldats de Tsahal ont été filmés en train de danser avec des Israéliens sur les lieux, une transgression sur laquelle l’armée a déclaré qu’elle enquêterait.
Price a appelé Israël à demander des comptes aux responsables des violences commises à l’encontre des Palestiniens, comme il le fait lorsque les rôles sont inversés. Bien que le raid de mardi n’ait pas déclenché une vague de condamnations internationales comme l’ont fait des opérations similaires, le ministère jordanien des Affaires étrangères s’est exprimé.

Amman a fustigé « les incursions israéliennes en cours dans les villes palestiniennes occupées et les attaques incessantes dont elles font l’objet ».
Surveillance camera footage shows the settlers attack on Palestinians in Huwara this evening.pic.twitter.com/tjZnh9p8ac
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) March 6, 2023
Le ministère des Affaires étrangères a averti que de telles opérations militaires conduiraient à une « nouvelle détérioration et prolongeraient le cycle de la violence » et a appelé Israël à cesser sa « campagne illégale et illicite », qui sape les perspectives d’une solution fondée sur la coexistence de deux États.
L’AP a condamné le raid et demandé aux États-Unis de faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à ces opérations.
« Le gouvernement israélien porte la responsabilité de cette dangereuse escalade, qui menace de faire exploser la situation et de réduire à néant tous les efforts visant à rétablir la stabilité », a estimé Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du dirigeant de l’AP, Mahmoud Abbas.
Ce raid risque de compromettre encore davantage les chances de voir les dirigeants israéliens et palestiniens se réunir à nouveau à Charm el-Cheikh, en Égypte, la semaine prochaine, pour une réunion de suivi avec des responsables américains, jordaniens et égyptiens, après celle qui s’est tenue à Aqaba le mois dernier et qui visait à désamorcer les tensions entre les deux parties avant le mois sacré du Ramadan.
Le ministre des Affaires civiles de l’AP, Hussein al-Cheikh, a déclaré samedi dernier au Times of Israel que Ramallah ne participerait à la réunion que si les États-Unis, l’Égypte et la Jordanie lui donnaient l’assurance qu’ils tiendront Israël responsable des engagements qu’il a pris à Aqaba d’éviter les « mesures unilatérales » qui nuisent aux perspectives d’une solution à deux États, y compris les raids de Tsahal dans la zone A de la Cisjordanie, qui est censée être sous le contrôle de l’AP.